« Macron veut changer l’UE parce que le monde change. Ça passe ou ça casse. Et avec lui, ça casse souvent »

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Le président français s’est converti à la concertation en politique intérieure, mais à l’extérieur, il ne jure que par l’audace et l’initiative personnelles, estime l’éditorialiste au « Monde » Sylvie Kauffmann. Au risque de tendre les relations en Europe.

Publié aujourd’hui à 06h04, mis à jour à 06h10 Temps de Lecture 4 min.

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Emmanuel Macron lors d’un Conseil européen, à Bruxelles, le 18 octobre.
Emmanuel Macron lors d’un Conseil européen, à Bruxelles, le 18 octobre. FRANK AUGSTEIN / AP

Bruxelles à l’ère Macron, ce n’est plus le plat pays, c’est les montagnes russes. Lorsqu’il a fait irruption, auréolé de sa victoire électorale, dans la chorégraphie à la fois codifiée et confuse des sommets européens en 2017, le président français a surpris et séduit. Deux ans et demi plus tard, il surprend toujours, mais la séduction a fait place à l’irritation, voire à la franche acrimonie. Le jeune premier s’est transformé en leader autoproclamé de l’Europe. Ses initiatives inattendues et ses attaques antisystème déroutent, dérangent, choquent.

Leadership et Europe sont presque un oxymore. L’Union européenne (UE) compte deux présidents, celui de la Commission et celui du Conseil, ce n’est déjà pas simple. L’affaire se complique encore lorsque des dirigeants nationaux se posent en leader européen, parce que leur personnalité, leur poids politique ou la taille de leur pays les y incite. Ou, plus simplement, parce que l’Europe, comme la nature, a horreur du vide.

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Angela Merkel, de fait, a longtemps rempli ce rôle officieux. Barack Obama la considérait ostensiblement comme la leader de l’Europe. Il fut même une époque – 2011, dans le sillage de la crise de la dette – où le chef de la diplomatie polonaise, Radoslaw Sikorski, la suppliait publiquement de prendre davantage les rênes : « Je crains moins la puissance de l’Allemagne que son inaction », écrivit-il. Intrinsèquement conservatrice, la chancelière allemande exerçait un leadership parfaitement aligné sur son pays, plus grosse économie de l’UE et plus grand bénéficiaire du marché unique. Ce qui était bon pour l’Allemagne était bon pour l’Europe, et réciproquement : c’était le leadership du statu quo.

Emmanuel Macron, lui, fait très exactement l’inverse. A la fois leader par nature et par défaut – Angela Merkel, affaiblie sur la scène politique allemande, tente de passer la main, les Britanniques ont disparu dans le gouffre du Brexit, le gouvernement italien est occupé à survivre –, il pratique, lui, le leadership de la disruption et du mouvement permanent. Ses ennemis sont l’immobilisme et la paralysie. Il veut changer l’UE parce que le monde change. Ça passe ou ça casse. Et avec lui, ça casse souvent.

Retour de bâton

Deux exemples illustrent sa méthode, et ses risques. Aux Conseils européens de juin, consacrés aux nominations aux postes exécutifs de l’UE, il démolit le système des spitzenkandidaten (chefs de file des partis), après avoir dûment prévenu de son offensive, puis manœuvre et parvient à imposer des candidats de compromis. « Il casse les règles du jeu puis les reparamètre en tenant compte des intérêts des autres », décrypte-t-on à l’Elysée. Bluffés par ce coup mené de main de maître, les partenaires de la France encaissent sans trop broncher : beaucoup y trouvent, après tout, leur compte.

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