Justin Trudeau, de l’icône progressiste aux accusations d’opportunisme

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Les contradictions du premier ministre canadien ont déçu ses partisans, qui voyaient en lui l’incarnation des valeurs de tolérance et d’ouverture.

Par Publié aujourd’hui à 11h07

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Une affiche de campagne de Justin Trudeau, dégradée par des inscriptions l’accusant d’hypocrisie sur la question climatique, le 18 octobre à Montréal.
Une affiche de campagne de Justin Trudeau, dégradée par des inscriptions l’accusant d’hypocrisie sur la question climatique, le 18 octobre à Montréal. LOUIS BAUDOIN / AFP

La dernière fois que les Canadiens s’étaient exprimés dans les urnes, nombre d’entre eux estimaient qu’il s’agissait là d’une bataille existentielle pour l’âme du pays. A l’époque, en 2015, le jeune Justin Trudeau, fils prodige du flamboyant Pierre Elliott Trudeau, premier ministre pendant près de quinze ans (1968-1979 puis 1980-1984), remporta haut la main les élections fédérales, renvoyant dans les cordes le très austère Stephen Harper, indéboulonnable chef de file d’un parti conservateur usé par dix ans de pouvoir.

Au terme d’une folle campagne, il sut s’imposer dans un pays que l’on disait trop grand, trop compliqué à gérer pour ce quadra qui n’avait jamais présenté un seul projet de loi durant ses quatre ans passés au Parlement. Justin Trudeau fit souffler un vent nouveau sur ce Canada engourdi après des années marquées par l’austérité et le repli sur soi. Pour ses partisans, la victoire marquait le retour des valeurs canadiennes – tolérance, ouverture et progressisme – que les gouvernements précédents avaient abandonnées.

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Le scrutin du lundi 21 octobre a été tout autre. Maladresses et scandales ont terni l’étoile du premier ministre. Reparti en campagne le 11 septembre, avec un slogan sans consistance – « Choisir d’avancer » –, Justin Trudeau a renvoyé l’image d’un candidat enjoignant aux électeurs de simplement tourner la page de ses erreurs.

« Le fait est qu’il porte toujours un masque »

Bien sûr, le charme n’est pas tout à fait brisé. A Montréal, comme à Ottawa et Vancouver, où le premier ministre a gagné de justesse devant ses adversaires, les militants du Parti libéral se sont réjouis fiévreusement. Mais un peu partout ailleurs, après l’excitation haletante de naguère, c’est le temps des interrogations et des doutes, du souci de voir à travers et au-delà de M. Trudeau.

Longtemps icône des progressistes, il a déçu une partie de son électorat et plongé son propre camp dans une crise d’identité. Le trouble suscité par la publication, en septembre, de plusieurs photos où on le voit costumé, grimé en Noir (« blackface »), a été assez préjudiciable. Ces révélations sont venues s’ajouter à une critique récurrente à l’égard de son caractère, formulée par ses détracteurs : le progressisme dont il se prévaut ne serait qu’un vernis de politicien opportuniste. Grand défenseur, en parole, de l’environnement, ne s’est-il pas résigné à nationaliser un pipeline pour écouler le pétrole albertain vers le Pacifique ? Sa taxe hautement médiatisée imposant les 1 % les plus riches du pays n’a-t-elle pas masqué les ristournes accordées aux 10 % suivants ? Et quid des pressions exercées sur sa ministre de la justice pour la dissuader de poursuivre une firme d’ingénierie québécoise, SNC-Lavalin, accusée de fraude et de corruption en Libye ?

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Ses principaux adversaires ne se sont pas privés de mettre en cause sa sincérité. Lors d’un récent débat télévisé, Andrew Scheer a même ironisé d’une formule rappelant les photos de « blackface » : « Le fait est qu’il porte toujours un masque. » Plus énigmatique, Jagmeet Singh, leader du Nouveau Parti démocratique et probable partenaire du Parti libéral dans un gouvernement minoritaire, a pris le public à témoin : « Qui est le vrai M. Trudeau ? » La question n’a pas fini de lui être posée.

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