« J’ai été humiliée en tant que journaliste, mais aussi en tant que femme »

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Après un mois et demi de détention, la journaliste marocaine condamnée à un an de prison pour « avortement illégal » a été libérée par grâce royale. Un dur retour à la vie quotidienne, entre soulagement et épuisement. Rencontre.

Par Publié aujourd’hui à 02h36

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La journaliste marocaine Hajar Raissouni est accueillie par ses proches, le jour de sa libération, à Rabat, le 16 octobre.
La journaliste marocaine Hajar Raissouni est accueillie par ses proches, le jour de sa libération, à Rabat, le 16 octobre. FADEL SENNA / AFP

Il est minuit quand Hajar Raissouni passe la porte de l’appartement casablancais de son oncle. Il fait chaud, en cette soirée du vendredi 18 octobre. La jeune femme de 28 ans, t-shirt blanc et jean, enlève son foulard avant de prendre ses proches dans les bras.

Elle a passé la journée à Rabat avec son fiancé Rifaat Al-Amine, entre l’Association marocaine de droits humains et l’ambassade du Soudan. Elle est épuisée. Mais enfin, ils vont pouvoir se marier. « On devrait même faire la fête avant la fin de l’année, pourquoi pas le 10 décembre », glisse Hajar Raissouni, évoquant dans un clin d’œil, la Journée internationale des droits de l’homme.

Prévue pour le 14 septembre, cette fête a dû être ajournée car deux semaines avant, la jeune femme et son fiancé soudanais ont été arrêtés pour « avortement illégal » et « relations sexuelles hors mariage ». Des accusations niées qui n’ont pas empêché leur condamnation à un an de prison ferme, deux pour le gynécologue.

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Après 47 jours de détention, ils ont été libérés sur grâce royale. « C’était inattendu car elles sont d’habitude prononcées à l’occasion de fêtes nationales ou religieuses », analyse la jeune journaliste. « Mais cela a permis de corriger des accusations injustes. La grâce royale a presque parlé de mon innocence, puisqu’elle évoque une relation officielle avec mon fiancé », continue-t-elle, avant de reprendre en souriant : « Dès que j’ai appris ma libération, j’ai ramassé mes livres et distribué mes pyjamas aux autres détenues.»

Grand isolement

Ce rire et ce sourire n’ont jamais quitté le visage de Hajar Raissouni, même lors des audiences au tribunal et malgré son épuisement. « Je me demandais bien comment elle allait passer un an en prison, tellement elle était faible », témoigne un de ses oncles, qui lui a rendu visite le matin de la grâce royale.

D’une voix calme, la jeune femme au visage rond, lunettes aux montures noires sur le nez, revient sur son emprisonnement. Un temps qu’elle a entièrement consacré « à la lecture et à suivre les informations », confie-t-elle, avant d’ajouter : « J’ai arrêté d’écrire et de travailler. »

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Dans sa cellule partagée avec neuf à quinze autres détenues, elle souffrait d’un grand isolement. « Les gardiennes m’ont dit avoir reçu l’ordre de ne pas communiquer avec moi. Elles demandaient aussi aux prisonnières d’échanger le moins possible avec moi », poursuit la jeune femme aux cheveux noirs et bouclés. Hajar Raissouni sortait très peu de sa cellule, hormis une à deux fois par semaine pour les visites de son avocat ou de ses proches. En détention, elle a perdu 17 kg. « Je ne mangeais pas la nourriture de la prison. Seulement des tomates, des concombres, des pommes, des bananes, du lait et des œufs. J’ai lu les rapports sur les établissements pénitentiaires et je sais que ce n’est pas propre. »

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