« Pour éviter le désastre, le Soudan doit repartir de zéro »

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Après neuf mois d’une révolution qui a mis fin au régime d’Omar Al-Bachir, le pays, bien que divisé et exsangue, est entré dans une phase de transition qui laisse déjà percevoir « des signes encourageants », estime, dans une tribune au « Monde » l’écrivain anglo-soudanais.

Publié aujourd’hui à 06h00 Temps de Lecture 8 min.

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Pour tous ceux qui ont suivi les événements survenus au Soudan ces neuf derniers mois, une question, cruciale, demeure : y a-t-il une chance que la révolution se conclue par l’instauration d’une démocratie stable et durable ? Dans toute la région, les soulèvements populaires se sont heurtés à des répressions sanglantes qui ont conduit à la restauration de régimes autoritaires et anéanti tout espoir de réforme. Nous avons tous été témoins de l’enlisement tragique des conflits en Libye, au Yémen et en Syrie. Tandis qu’en Egypte la junte militaire, plus cruelle que l’ancienne, a réduit à néant tous espoirs de voir s’imposer dans un avenir proche un gouvernement véritablement représentatif.

Lire aussi : Au Soudan, l’accord entre l’armée et la contestation ouvre la voie à une sortie de crise.

Il est aisé de généraliser, toutefois, il faut replacer chaque situation dans son contexte. Le Soudan, par exemple, n’est pas l’Egypte, son plus proche voisin dont il fut autrefois le vassal. Rappelons d’abord que nous sortons tout juste de trente ans de régime militaro-islamique. Politiquement, du moins, l’islam ne représente pas tant une menace qu’une force du passé qui a échoué à unifier le pays lors de cette période. Source de divisions, ayant à la fois supprimé la diversité et entravé l’égalité, elle est à l’origine du conflit armé qui a embrasé le Darfour, à l’ouest, et les régions du Nil Bleu et du Kordofan, à l’est et au centre du pays. Quant au sud, l’islamisme a transformé la guerre civile en un djihad qui rendait inévitable la sécession en 2011.

Yann Legendre

Au temps du régime d’Omar Al-Bachir [président de 1989 à 2019], l’opposition fut sévèrement réprimée : des politiques et des journalistes, parmi lesquels mon père, ont été contraints à l’exil ou jetés en prison. Ceux qui ont survécu à cette purge violente se sont installés dans une relation pragmatique avec la junte militaire. Le parti au pouvoir récompensant la loyauté par des contrats qui, notamment lors du boom pétrolier, ont été particulièrement lucratifs pour un petit groupe de privilégiés. La paralysie qui a frappé toute l’économie (à l’exception du domaine militaire, qui a absorbé 70 % des dépenses du gouvernement) a également touché le développement politique du pays.

« Après trente ans de stagnation et d’inertie, le pays semble marcher tel un zombie vers le désastre »

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