A San Francisco, les rochers anti-SDF de Clinton Park

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Confrontés à une hausse du nombre de sans-abri et de drogués, les habitants d’un quartier de la ville ont tenté de les chasser de leurs trottoirs. Avant de faire marche arrière, malgré l’impuissance des pouvoirs publics.

Par Publié aujourd’hui à 00h35

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LETTRE DE SAN FRANCISCO

Un sans-abris dans une rue de San francisco (Californie), le 6 janvier 2016.
Un sans-abris dans une rue de San francisco (Californie), le 6 janvier 2016. BECK DIEFENBACH / REUTERS

Les riverains croyaient avoir trouvé la solution : des rochers. D’énormes cailloux qu’ils placeraient sur les trottoirs. A coup sûr, les sans-abri (SDF) ne pourraient plus planter leur tente ou s’affaler devant les maisons pour la nuit.

Clinton Park est une allée tranquille de San Francisco, bien située : à l’entrée du quartier de Mission, l’un des hauts lieux de la nouvelle urbanité où les « techies » se mélangent aux familles latinos. Pas un endroit particulièrement bourgeois, encore moins anti-SDF. Plusieurs de ses résidents font même du bénévolat. Mais la rue n’en pouvait plus.

Il y a encore quelques années, les « voisins » cohabitaient bon gré mal gré : ceux des trottoirs et ceux des maisons de style edwardien. Mais depuis deux ans, la drogue avait envahi Clinton Park. Les dealers trouvaient l’endroit pratique. Pas loin du parking du Safeway, le supermarché où viennent se garer les clients potentiels.

Le long du mur, les soirées étaient de plus en plus agitées : fentanyl, meth, héroïne sous les tentes. Cris, bagarres et désespoir de certains sans-abri alors que les drogués avaient pris le pouvoir sur le camp. « C’était pas mal pour dormir. Les voisins étaient gentils, a expliqué DeDawn Ali, 71 ans, au San Francisco Chronicle. Jusqu’à ce que les junkies débarquent. Ils ne nettoient rien. Ils nous font du tort ; tout le monde nous met dans le même sac ».

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Les cailloux de l’impuissance

Appeler la police ? En 2018, les résidents avaient contacté les urgences et les services municipaux plus de 300 fois, deux fois plus qu’en 2017. Le temps que les autorités se déplacent, les revendeurs de drogue avaient généralement eu le temps de s’envoler…

Cette année, à la mi-septembre, les résidents de Clinton Park ont décidé de passer à l’action. Quelques dizaines d’entre eux se sont cotisés. Ils ont réuni 2 000 dollars (1 800 euros) et commandé des rochers. Vingt-quatre pierres d’environ 90 cm de haut et 1,20 m de large. Des blocs trapus, de plus de 100 kg, qu’ils ont fait déposer sur les trottoirs. Conscients que ça n’était qu’un pis-aller : les cailloux de l’impuissance. « Pas 100 % dissuasifs, a notamment reconnu un habitant interrogé par Mission local, le journal de quartier. Mais un vrai : allez-vous faire foutre ! »

Même à San Francisco, ce n’est pas la première fois que le mobilier urbain est utilisé pour tenter de faire disparaître un problème que personne n’arrive à régler. En 2017, la municipalité elle-même avait placé des rochers du même type sous un échangeur transformé en camping. Dans le vocabulaire des associations, la tactique porte un nom : l’« architecture hostile ». Une catégorie dans laquelle la responsable de la Coalition des sans-abri, Jennifer Friedenbach, place aussi les bancs anti-sieste, raccourcis pour éviter qu’un humain s’y allonge. Ou l’arrosage automatique des trottoirs.

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