Don Franco et les fantômes de la dictature argentine

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Par Raphaëlle Rérolle

Franco Reverberi, un vieux prêtre italo-argentin installé près de Parme, conteste depuis des années les accusations portées contre lui par quatre victimes de la junte au pouvoir à Buenos Aires entre 1976 et 1983.

L’homme autour duquel se nouent les fils de cette histoire s’appelle Franco Reverberi. Les rares photos de lui, toujours un peu floues, montrent un individu trapu, menton carré, cheveux gris-blanc, lunettes métalliques. A Sorbolo, la commune de 10 000 âmes où il réside, près de Parme, les paroissiens le connaissent sous le nom de Don Franco et ses initiales figurent sur l’interphone de la cure, derrière la petite église Santi Faustino e Giovita.

Franco Reverberi est prêtre. Né à Enzano, une autre bourgade d’Emilie-Romagne, il est parti en Argentine avec sa famille dès l’enfance, avant de revenir s’installer dans le nord de l’Italie en 2011. Aujourd’hui âgé de 81 ans, il continue d’exercer son ministère, mais sans jamais sortir, ou presque. Quand il ne célèbre pas des messes de mezz’ora (les offices de semaine, plus courts que ceux du dimanche) ou quand il ne confesse pas des fidèles, il passe le plus clair de son temps dans sa cure, un bâtiment crème à l’allure proprette. A part cela, il fait aussi peu de vagues que possible et refuse de rencontrer les journalistes.

Il est vrai que ceux-ci ne manqueraient pas de poser des questions désagréables à l’octogénaire, qui jouit de la double nationalité. Car Don Franco n’est pas un curé ordinaire. C’est un homme poursuivi par un passé féroce, un passé qu’il conteste mais qui se rappelle à lui de façon périodique, porté par l’indignation d’une poignée d’accusateurs. Pour le curé en titre de la paroisse, Don Aldino, ce collègue italo-argentin est un compagnon de route très particulier, qu’il s’efforce de défendre en sortant d’une armoire un dossier plein de lettres et de coupures de presse, sur la couverture duquel est écrit « Don Franco ».

Centres de détention clandestins

Les faits dont il est question remontent aux temps de la dictature militaire en Argentine, sept années qui, entre 1976 et 1983, firent quelque 30 000 disparus, des centaines de bébés enlevés à leurs familles et au moins 1,5 million d’exilés, selon les organisations de défense des droits de l’homme. C’était il y a plus de quarante ans donc, mais les dictatures sont comme des pieuvres, capables d’étendre des tentacules loin dans le temps et dans l’espace, surtout quand le travail de mémoire a été lent, difficile et partiellement empêché. Aussi n’est-il pas surprenant qu’un bras de cette hydre bouge encore aujourd’hui, non seulement en Argentine, mais aussi à des milliers de kilomètres de là, dans une paisible localité comme Sorbolo.

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