Au sud de la Cisjordanie, une histoire d’eau tristement banale

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Sous la coupe de l’administration israélienne, des hameaux isolés de Cisjordanie occupée ont assisté impuissants à la destruction de canalisations d’eau, vitales pour leur quotidien et financées par la communauté internationale.

Par Piotr Smolar Publié aujourd’hui à 05h35

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LETTRE DE JERUSALEM

Quand le vent s’y met, cinglant et mauvais, la beauté des collines devient secondaire. A cette période de l’année, un magnifique duvet de verdure recouvre pourtant la caillasse à perte de vue, tout juste perturbé par les amandiers et les parcelles de fleurs de moutarde jaune, dont raffolent les moutons. On en vient à se demander comment peuvent vivre ici, dans des hameaux isolés, 1 500 Palestiniens. C’est oublier leurs racines, qui s’enfoncent sous les pierres et justifient leur résilience. Nous sommes au sud de la Cisjordanie, après avoir dépassé Hébron le long de la route 60, celles qu’empruntent en priorité les colons.

Lorsque les chemins de terre étroits s’élèvent et punissent les voitures citadines, on aperçoit ça et là des habitations. Elles se trouvent sous la coupe et la menace de l’administration civile, le Cogat. Ici, en zone C (60 % de la Cisjordanie), Israël gère tout, les questions administratives et sécuritaires.

Le 13 février, les villageois ne purent rien faire pour s’opposer aux camions et aux bulldozers, escortés par l’armée israélienne, qui sont venus exécuter une décision bureaucratique, sans prévenir. Ils ont coupé les canalisations, arraché des centaines de mètres de tuyaux qui approvisionnaient les douze hameaux depuis septembre 2018. La justification était classique : structures illégales, pas de permis préalable accordé. Forcément. Le gouvernement israélien a classé ces collines comme « zone de tir 918 », soit zone à usage militaire, sans aucune autorisation de construire pour les Palestiniens.

Crève-cœur

C’est l’un des moyens administratifs employés par Israël pour empêcher le développement des communautés non juives en zone C. Les habitants, dont les ancêtres vivaient déjà là au XIXe siècle, ne sont pas enregistrés comme des résidents. A l’origine, ils étaient nombreux à vivre dans des caves naturelles. Si les Palestiniens de Cisjordanie sont, en général, discriminés et privés de leurs droits élémentaires, ceux du sud du territoire, collé à la ligne verte de démarcation (1948), cumulent les handicaps.

Il est difficile d’imaginer ce qu’ont représenté pour eux l’installation des canalisations et la réhabilitation des réservoirs d’eau, grâce à 300 000 dollars de fonds onusiens et l’implication de l’ONG Action contre la Faim (ACF). Jusqu’à lors, l’eau non potable retenue dans les vieilles citernes était sale et sentait la rouille. Elle favorisait les maladies chez les enfants. En raison des chutes d’eau insuffisantes, il n’était pas possible d’en utiliser pour nettoyer les réservoirs au préalable. Surtout, ne pas gâcher. L’eau manquait cruellement, au point que les éleveurs devaient emprunter des camions-citernes, les conduire sur les routes presque impraticables et ramener des mètres cubes d’eau. « On était en déficit d’eau chaque année, explique Nidal Younès, 42 ans, chef du conseil des 12 villages palestiniens. Un mètre cube coûte plus de 40 shekels [près de 10 euros], plus même pendant l’été. La canalisation devait servir à faire tomber ce prix à environ sept shekels. »

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