« Le tourisme et la culture à la place de l’or noir ? En Arabie saoudite, on en est encore loin »

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La volonté du prince héritier Mohammed Ben Salman de sortir le pays de son isolement et de ne plus dépendre de la rente pétrolière rencontre de multiples obstacles, note, dans sa chronique, Jean-Michel Bezat, journaliste au « Monde ».

Publié aujourd’hui à 09h32 Temps de Lecture 4 min.

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Publicité pour le plan Vision 2030 à l’aéroport de Riyadh, le 20 septembre 2019.
Publicité pour le plan Vision 2030 à l’aéroport de Riyadh, le 20 septembre 2019. HAMAD I MOHAMMED / REUTERS

Chronique. Le carton envoyé aux heureux élus conviés à l’Institut du monde arabe pour l’inauguration de l’exposition « Al-Ula, merveille d’Arabie », lundi 7 octobre, à Paris, est une irrésistible invitation au voyage. Comment ne pas succomber à la beauté de ces luxuriantes oasis et de ces massifs de grès sculptés par le vent où les royaumes pré-islamiques édifièrent cités, temples et tombes sur la route de la myrrhe et de l’encens qui reliait l’Arabie Heureuse du sud de la péninsule à la Méditerranée ?

La tension est vive dans le Golfe, mais les hôtes saoudiens, dont le prince Badr Al-Saoud, premier ministre de la culture à part entière du royaume wahhabite, semblaient dire : « Songez que du haut de ces pitons, soixante-dix siècles vous contemplent. » L’Arabie saoudite veut faire de cette province de 22 000 km2 la vitrine d’un pays résolu à développer le tourisme non religieux, longtemps proscrit par les oulémas. Plus que cela même, l’illustration spectaculaire de sa volonté de sortir de son isolement et d’une économie dépendant de la rente pétrolière.

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Cette ambition a un nom, le plan « Vision 2030 » lancé en avril 2016 ; et un maître d’œuvre, le prince héritier Mohammed Ben Salman, dit « MBS ». C’est peu dire que le message de l’homme fort du régime a été parasité, sinon annihilé, par sa guerre sanglante au Yémen et sa traque sans merci des opposants, qui a culminé avec l’assassinat barbare du journaliste Jamal Khashoggi en octobre 2018. Tout cela a refroidi l’appétit des investisseurs étrangers – pas celui de ses fournisseurs d’armes et d’infrastructures –, qui ont découvert l’autocrate sous les habits du modernisateur.

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L’habile promotion d’Al-Ula, notamment sur les réseaux sociaux, prouve que Ryad sait aussi, si nécessaire, recourir aux ressources du soft power. Il faut pourtant lever toute équivoque : même si la publicité qui l’entoure tombe à point nommé pour ripoliner une image salement entachée, le projet a été lancé avant l’assassinat du chroniqueur du Washington Post. Et le pays gardien des lieux saints de l’Islam a bel et bien engagé une révolution sans précédent pour s’arrimer au monde moderne.

Un brevet de respectabilité

« Avec Al-Ula, nous sommes au cœur du dialogue des civilisations, plaide Gérard Mestrallet, ex-PDG d’Engie, aujourd’hui patron de l’Agence française pour le développement d’Al-Ula (Afal-ula). La culture et le tourisme sont de puissants vecteurs de progrès et de changement d’un pays, plus puissants et plus profonds que les autres. Et ils s’inscrivent dans le temps long. » Une manière, pour l’envoyé spécial d’Emmanuel Macron, de balayer les critiques sur la duplicité de la France : côté pile, ses ventes d’armes utilisées de façon plus ou moins directe au Yémen ; côté face, sa coopération culturelle délivrant un brevet de respectabilité au régime.

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