Les réactions au prix Nobel de la paix décerné à Abiy Ahmed, entre fierté et prudence

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Des messages de félicitations en provenance des quatre coins de la planète ont été envoyés au premier ministre éthiopien. Même si certains observateurs ont émis des réserves.

Par Publié aujourd’hui à 20h13

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Une photo du premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, lauréat du prix Nobel de la paix 2019, est exposée au centre Nobel de la paix, à Oslo, le 11 octobre.
Une photo du premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, lauréat du prix Nobel de la paix 2019, est exposée au centre Nobel de la paix, à Oslo, le 11 octobre. STIAN LYSBERG SOLUM / AFP

Le Prix Nobel de la paix est Africain. Le premier ministre éthiopien Abiy Ahmed s’est vu attribuer cette prestigieuse récompense, vendredi 11 octobre, provoquant une pluie de réactions sur les réseaux sociaux. Témoignant de sa fierté, le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, a félicité le centième récipiendaire du prix sur Twitter « pour ses efforts historiques de consolidation de la paix qui ont donné au monde l’espoir à un moment où il a plus que jamais besoin de dirigeants à son service ».

Ce prix a été décerné au dirigeant de 43 ans pour son action en faveur de la réconciliation de son pays avec l’Erythrée. En 2018, les deux frères ennemis mettaient un terme à deux décennies de conflit larvé. Présent en septembre 2018 lors de la signature de l’accord de paix à Jeddah (Arabie saoudite) qui cimentait une réconciliation engagée en juillet, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, s’est dit « honoré » d’avoir assisté à cet événement, ajoutant que la « vision [du premier ministre] a aidé l’Ethiopie et l’Erythrée à réussir un rapprochement historique, et son leadership donne un formidable exemple en Afrique et au-delà ».

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« Une bonne nouvelle pour le pays et pour le peuple »

Des messages de félicitations en provenance des quatre coins de la planète ont été envoyés au chef du gouvernement, et de nombreux Ethiopiens ont exprimé leur fierté. « L’Ethiopie a toujours été dépeinte négativement : famine, pauvreté, dictature, lois brutales, arrestations arbitraires. Cette récompense est une excellente nouvelle, non seulement pour lui, mais aussi pour le pays et pour le peuple », observe Obang Metho, défenseur des droits humains et fondateur de l’ONG Mouvement de solidarité pour une nouvelle Ethiopie.

Certains observateurs ont toutefois émis des réserves sur le processus de paix qui a valu les honneurs du comité Nobel norvégien. « La paix a dégelé les relations diplomatiques, ouvert les lignes téléphoniques, permis certains déplacements entre les deux pays. Mais les principaux conflits frontaliers ne sont pas résolus et l’Erythrée n’a toujours pas de gouvernement constitutionnel », déplore William Davison, analyste pour l’International Crisis Group. Il regrette que les citoyens de ce pays ne bénéficient pas encore des dividendes de la paix.

Le comité a, de son côté, salué le rôle d’Isaias Afwerki, indéboulonnable président érythréen, au pouvoir depuis l’indépendance, en 1993, et dirigeant de l’un des Etats les plus répressifs au monde, qui a « aidé à formaliser le processus de paix ».

A Addis-Abeba, le 11 octobre, les Ethiopiens ont pu suivre, à la télévision, les informations sur l’attribution du prix Nobel de la paix 2019 et l’annonce du prix Nobel de la pays attribuée au premier ministre éthiopien Abiy Ahmed.
A Addis-Abeba, le 11 octobre, les Ethiopiens ont pu suivre, à la télévision, les informations sur l’attribution du prix Nobel de la paix 2019 et l’annonce du prix Nobel de la pays attribuée au premier ministre éthiopien Abiy Ahmed. MAHEDER HAILESELASSIE / REUTERS

Le danger de violences est toujours présent

Outre la réconciliation avec l’Erythrée, Abiy Ahmed a également été salué pour la série de réformes qu’il a engagées depuis son arrivée au pouvoir, en avril 2018, à commencer par la libération de prisonniers de conscience, la main tendue vers les partis d’opposition et la dénonciation des exactions et abus de ses prédécesseurs. « Mais beaucoup de ces mesures positives ont été menacées par des conflits ethniques et par un effondrement de la loi et de l’ordre dans la plus grande partie du pays. Le gouvernement Abiy aurait dû et aurait pu faire plus pour prévenir certains de ces conflits », estime Laetitia Bader, chercheuse pour l’ONG Human Rights Watch.

Les violences interethniques dans le pays, en 2018, ont fait officiellement plus d’un millier de morts, selon le procureur général, et déplacé 2,9 millions de personnes, selon le Internal Displacement Monitoring Centre. La quasi-totalité d’entre elles sont, depuis, rentrées chez elles, mais les méthodes coercitives des autorités ont été critiquées, tandis que le danger est toujours présent dans certaines zones.

Pour certains observateurs, ce prix Nobel est aussi une façon de pointer la responsabilité du premier ministre dans les défis actuels. « Il doit lutter contre l’instabilité, l’insécurité et veiller au respect de la légalité, mais il doit également mener de toute urgence des réformes constitutionnelles et institutionnelles », estime Obang Metho. « Ce pays vit dans des conditions terribles depuis vingt-sept ans à cause de la Constitution qui a instauré un Etat basé sur des critères ethniques. Les régions et les partis sont également établis sur des bases ethniques, les gens sont obsédés par ça, et les ethnonationalistes sont en hausse. Les déplacements internes sont le résultat de la politique fondée sur l’ethnie. Il semble que le premier ministre ne s’attaque pas correctement au problème », regrette le défenseur des droits humains.

En anticipant les critiques sur une récompense prématurée, le comité du Nobel a déclaré qu’il croyait que c’était « maintenant que les efforts d’Abiy Ahmed [méritaient] d’être reconnus et qu’ils [avaient] besoin d’être encouragés ».

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