la honte et la guerre

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Editorial. Les Etats-Unis, en ordonnant le retrait des forces spéciales américaines, ont livré, de fait, à l’armée turque les miliciens kurdes des YPG. Cet abandon est une forfaiture aux lourdes conséquences.

Publié aujourd’hui à 11h46 Temps de Lecture 2 min.

A Akcakale, du côté turc de la frontière avec la Syrie, le 9 octobre 2019.
A Akcakale, du côté turc de la frontière avec la Syrie, le 9 octobre 2019. Lefteris Pitarakis / AP

Editorial du « Monde ». En diplomatie, le cynisme peut conduire non seulement à la trahison, mais à la tragédie. La Turquie de Recep Tayyip Erdogan, en bombardant le nord-est de la Syrie et en y prenant position, depuis mercredi 9 octobre, n’agresse pas seulement un pays voisin, elle se lance à l’assaut des Kurdes à qui les pays occidentaux doivent d’être débarrassés de la menace de l’organisation Etat islamique (EI).

Les Etats-Unis de Donald Trump, pivots de l’alliance anti-EI, en ordonnant le retrait des forces spéciales américaines, livrent, de fait, à l’armée turque les miliciens kurdes des YPG (Unités de protection du peuple) qui ont joué un rôle décisif dans la lutte contre les islamistes. Cet abandon est une forfaiture aux lourdes conséquences, commise de la pire manière : en s’en lavant les mains.

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Donald Trump, après avoir donné implicitement son feu vert au président turc, a hypocritement qualifié de « mauvaise idée » l’offensive contre la zone frontalière contrôlée par les forces kurdes. Les cinq membres européens du Conseil de sécurité ont eu raison de la condamner, jeudi 10 octobre, et de demander à « la Turquie d’arrêter [son] action militaire unilatérale ».

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Ce n’est pas la première fois que les Kurdes, le plus grand peuple de la planète à être privé d’un Etat, sont lâchés par Washington, pas la première fois qu’ils sont abandonnés après avoir été utilisés. Les Occidentaux, qui n’ont jamais voulu affronter directement le dictateur syrien Bachar Al-Assad, bourreau de son peuple, ont été bien aises de faire appel à eux lorsque, en 2013, la guerre contre les islamistes a commencé à dominer le multiforme conflit syrien.

Excluant d’envoyer une force d’interposition au sol, constatant la capacité des miliciens kurdes à tenir seuls le territoire libéré des islamistes, ils ont alors fermé les yeux sur la proximité des combattants des YPG avec les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), ennemi juré d’Ankara qualifié de « terroriste » tant par l’Union européenne que par Washington.

Le champ libre à la Russie

Mais le lâchage des alliés kurdes par Donald Trump n’est pas seulement un outrage, d’autant plus grave qu’il est commis par un membre de l’OTAN. C’est une absurdité potentiellement lourde de conséquences. L’onde de choc provoquée par ce nouvel accès d’isolationnisme américain déstabilise une région déjà ravagée par huit années de conflit. Fuyant les bombardements turcs, des dizaines de milliers de civils vont se retrouver sur les routes, faisant peser la menace d’une crise humanitaire.

Fragile, la victoire sur l’EI, acquise voici seulement quelques mois, pourrait être remise en cause. Les quelque 10 000 prisonniers – dont 400 à 500 Français – ex-combattants terroristes gardés par les combattants kurdes, pourraient profiter du chaos provoqué par l’offensive turque, pour disparaître dans la nature, voire repartir à l’attaque.

En se retirant, Donald Trump laisse de fait le champ libre à la Russie, trop heureuse de renforcer son influence dans la région. L’intervention turque, elle, en armant et utilisant des supplétifs syriens anti-Assad avides de revanche contre leurs rivaux kurdes, relance la guerre et pourrait jeterces derniers dans le giron du régime syrien.

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La violence et le chaos ne peuvent qu’éloigner la seule perspective porteuse de paix : la négociation d’un statut d’autonomie pour les Kurdes au sein de la Syrie. Le retrait américain, en permettant l’agression turque, est l’une de ces honteuses lâchetés dont les Européens savent qu’elles sont porteuses de guerres futures.

Le Monde

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