Face aux Kurdes, la Turquie délègue les combats au sol à des supplétifs syriens mus par un désir de revanche

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Ankara a imposé aux rebelles non djihadistes, qu’elle finance et arme, de s’unir pour combattre les forces kurdes. Dans certaines zones conquises par les YPG en 2015, des représailles sont à craindre.

Par Publié aujourd’hui à 05h34

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Des convois de l’« Armée nationale syrienne » de retour de la frontière avec la Syrie à Akcakale (Turquie), le 9 octobre.
Des convois de l’« Armée nationale syrienne » de retour de la frontière avec la Syrie à Akcakale (Turquie), le 9 octobre. LEFTERIS PITARAKIS / AP

L’histoire de la guerre civile syrienne retiendra que la première fois que les groupes armés anti-Assad ont formé un front uni, ce n’était pas pour combattre les forces pro-gouvernementales, mais la milice kurde des YPG (Unités de protection du peuple). En prélude au lancement de son opération militaire dans le nord-est de la Syrie, la Turquie a imposé aux factions rebelles syriennes non djihadistes de se rassembler dans une organisation unique, labellisée « Armée nationale syrienne ».

Début octobre, le Front de libération nationale, installé dans la poche d’Idlib, qui regroupe d’anciennes brigades de l’Armée syrienne libre (ASL) et des formations islamistes modérées, a ainsi rejoint cette structure, placée sous la tutelle, toute théorique, du gouvernement de l’opposition syrienne, implanté à Gaziantep, dans le sud de la Turquie.

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« Des mercenaires, dépendants à 100 % des Turcs »

Dans les faits, c’est Ankara qui arme, finance et commande cette armée de supplétifs, entrée en action contre les positions des YPG, à l’est de l’Euphrate, notamment dans la région de Tal Abyad et Ras Al-Aïn, deux localités de la zone frontalière. Comme lors des deux précédentes offensives turques en Syrie – l’offensive d’Al-Bab, contre l’organisation Etat islamique (EI) en 2016 et la reconquête du canton kurde d’Afrin en 2018 – le gros des combats au sol devrait être assuré par les ex-rebelles.

« Le but de l’Armée nationale est de libérer notre terre des organisations terroristes », clame le colonel Fateh Hassoun, l’un de ses responsables, qui use, pour désigner la milice kurde, du même vocable que les autorités turques. « Etablir une zone de sécurité à l’est de l’Euphrate facilitera le retour volontaire de près de deux millions de citoyens syriens, actuellement réfugiés en Turquie, en Europe et dans d’autres pays », prétend Mustafa Seijari, un autre cadre de l’Armée nationale, qui récite lui aussi les éléments de langage d’Ankara.

« Les groupes armés rebelles sont devenus des mercenaires, dépendants à 100 % des Turcs, déplore un opposant syrien, qui vit à Istanbul et préfère rester anonyme. L’opération dans le nord-est de la Syrie leur donne l’opportunité de se rendre utiles, de justifier leurs salaires et de consolider leur petit pouvoir. La révolution est la dernière chose à laquelle ils pensent. »

Besoin de revanche

L’empressement des anciens insurgés syriens à se mettre au service de l’armée turque est aussi alimenté par un besoin de revanche sur leurs rivaux kurdes. Dans le courant de l’année 2015, à mesure que les miliciens des YPG reprenaient le contrôle de la frontière syro-kurde aux fanatiques de l’EI, des exactions à caractère ethnique ont été commises. Dans le district de Kamechliyé, aux confins nord-est de la Syrie, comme dans celui de Tal Abyad, plus à l’ouest, qui est à majorité arabe, les combattants kurdes ont déplacé de force des milliers d’habitants et rasé plusieurs villages, soupçonnés de sympathies djihadistes.

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