Aux confins de la Thaïlande, pas d’illusions sur le retour à la démocratie

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Les électeurs doutent que la junte leur rende la parole lors du scrutin du 24 mars.

Par Bruno Philip Publié aujourd’hui à 11h57

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Prière à la pagode Shwedagon, à Rangoun, le 20 février.
Prière à la pagode Shwedagon, à Rangoun, le 20 février. JEWEL SAMAD / AFP

Au terme de cinq années passées sous la férule d’une junte militaire qui a récemment consenti à laisser les Thaïlandais se rendre aux urnes le 24 mars, quasiment tous les électeurs potentiels rencontrés à Mae Hong Son, une lointaine province de l’ouest du royaume, sont unanimes : « Il est temps que soit enfin restaurée la démocratie ! » Un seul chiffre donne la mesure d’un certain enthousiasme : la province dispose d’un seul siège, sur les 500 de la Chambre des représentants à Bangkok, mais trente candidats vont se présenter au nom de trente partis distincts.

Si la plupart des Thaïlandais éduqués se montrent désireux de retrouver la jouissance de libertés confisquées depuis le dernier coup d’Etat, le 22 mai 2014, le sentiment général quant à la portée réelle du scrutin – et la marge de manœuvre politique dont disposera le futur gouvernement – est des plus mitigés : mélange d’espoir mesuré et d’attente sans illusions.

« Le retour à la démocratie, c’est très bien. Mais il ne faut pas que cela se limite à un rituel électoral. L’important, c’est aussi la suite : ici, on n’a jamais vraiment eu un seul politicien local qui parle au nom du peuple. Le résultat, c’est que rien n’a jamais changé pour les plus pauvres d’entre les pauvres », regrette Yupa Pusahas, une retraitée qui dirige la branche locale d’une ONG dont la mission sera de veiller au bon déroulement du scrutin.

Des airs de déjà-vu

« La nouvelle constitution [approuvée par référendum en 2016] est la moins démocratique jamais promulguée », renchérit le militant écologiste Boonyeung Kongphetsak, aux allures de hippie avec ses cheveux gris noués en catogan. « Par exemple, les 250 membres du Sénat [dont la moitié était précédemment élue] ont été nommés par la junte militaire, explique-t-il. Le message est clair : l’armée veut garder le contrôle après le scrutin ! »

En cette matinée ensoleillée qui fait miroiter sous le ciel de l’hiver les flèches dorées des wats  temples-monastères ») de la ville de Mae Hong Son, chef-lieu de la province du même nom, la perspective des élections et la promesse d’un gouvernement élu ont comme des airs de déjà-vu : depuis le passage à la monarchie constitutionnelle en 1932, à l’issue d’un putsch fomenté par des rebelles éduqués en France, l’ancien royaume de Siam a connu douze coups d’Etat.

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