En conflit avec la Serbie, le Kosovo élit ses députés sous l’œil de la communauté internationale

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Les relations exécrables entre le Kosovo et la Serbie constituent un obstacle majeur à son rapprochement avec l’Union européenne avec laquelle Belgrade négocie son adhésion.

Le Monde avec AFP Publié aujourd’hui à 12h32

Temps de Lecture 3 min.

Une membre de la commission électorale au Kosovo attend les premiers votants lors des élections du dimanche 6 octobre.
Une membre de la commission électorale au Kosovo attend les premiers votants lors des élections du dimanche 6 octobre. Darko Vojinovic / AP

Les futurs dirigeants du Kosovo, qui désigne dimanche 6 octobre ses députés, seront soumis à une forte pression internationale pour régler avec la Serbie leur conflit, une des principales sources d’instabilité en Europe. Entamé à 7 heures, le scrutin sera clos à 19 heures.

Vingt ans après la dernière des guerres ayant conduit à la désintégration de la Yougoslavie — 13 000 morts entre 1998 et 1999 —, la Serbie ne reconnaît pas l’indépendance du Kosovo, proclamée en 2008 par son ancienne province majoritairement peuplée d’Albanais. Le veto de la Russie et de la Chine lui barre toute perspective de devenir membre de l’ONU.

Ponctuées de poussées de fièvre, les relations exécrables entre Belgrade et Pristina sont un obstacle majeur à son rapprochement avec l’Union européenne, avec laquelle la Serbie négocie son adhésion.

Possible coalition droite-gauche

Pour une grande partie du 1,8 million de Kosovars, la priorité n’est pourtant plus là : « J’en ai ras-le-bol de cette histoire de dialogue », lâche Salih Mehana, un commerçant de 39 ans, résumant l’état d’esprit d’une population usée par la pauvreté, la corruption, le clientélisme, des infrastructures et des services publics désastreux.

Ce mécontentement pourrait être fatal aux « partis de la guerre », dirigés par les anciens commandants de la guérilla indépendantiste, aux commandes du Kosovo depuis la déclaration d’indépendance. En 2018, ils avaient tu leurs divergences pour garder de justesse le pouvoir. Cette fois, le PDK (Parti démocratique du Kosovo) du président Hashim Thaçi et l’AAK (Alliance pour l’avenir du Kosovo) du premier ministre sortant Ramush Haradinaj, sont divisés.

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Si aucun sondage fiable n’est publié, une coalition du centre droit (LDK, Ligue démocratique du Kosovo) et de la gauche nationaliste (Vetevendosje, Autodétermination) pourrait être en mesure de les chasser du pouvoir, estiment les analystes. Leurs chefs de file, Vjosa Osmani, qui veut devenir la première femme à diriger le Kosovo, et Albin Kurti, l’ancien leader étudiant emprisonné par les Serbes, ont pour principal point commun leur hostilité aux « commandants ». Cela pourrait suffire à les convaincre de s’unir.

Quelles que soient la prochaine équipe dirigeante et les priorités des Kosovars, « la question du dialogue sera déterminante dans la formation du prochain gouvernement », car « la communauté internationale ne donnera pas son aval à un gouvernement qui n’en ferait pas une priorité », dit le professeur de sciences politiques Nexhmedin Spahiu.

Des lambeaux d’affiches du président serbe Aleksandar Vucic dans la ville de Mitrovica, dominée par les Serbes, dimanche 6 octobre 2019.
Des lambeaux d’affiches du président serbe Aleksandar Vucic dans la ville de Mitrovica, dominée par les Serbes, dimanche 6 octobre 2019. Darko Vojinovic / AP

Les droits de douane de la discorde

Dans un communiqué commun, Américains et Européens ont livré leur feuille de route : « reprendre de manière urgente les discussions avec la Serbie ».

Les Occidentaux avaient condamné la décision de Ramush Haradinaj d’imposer des droits de douane de 100 % sur les importations de Serbie. Leur levée est une condition de Belgrade à la reprise de pourparlers à l’arrêt depuis près de deux ans.

A l’exception de Ramush Haradinaj, qui espère récolter les fruits de son intransigeance, les principaux candidats semblent prêts à renoncer à cette barrière douanière qui relève de « l’amateurisme émotionnel », selon le chef de file de la liste PDK, Kadri Veseli. Il calquera sa position sur « celle des Etats-Unis », qui viennent de désigner un envoyé spécial, Richard Garrell.

Vjosa Osmani comme Albin Kurti disent aussi vouloir reprendre le dialogue, le second s’employant à gommer son image d’intransigeance.

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Un des sujets les plus sensibles sera celui de l’organisation institutionnelle des secteurs où vivent les Serbes du Kosovo. Ils seraient 40 000 dans le Nord et 80 000 dans une dizaine d’enclaves et vont désigner dix députés. Pristina leur a imposé pour la première fois la présentation de documents kosovars. L’entrée du territoire a également été interdite aux responsables de Serbie pour la campagne.

Le président Aleksandar Vucic a appelé à voter Srpska Lista, force politique dominante chez les Serbes du Kosovo et émanation de son parti. Les opposants à la Srpska Lista dénoncent une atmosphère d’intimidation.

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