La ville d’Anvers en lutte contre « l’oubli collectif » de son sombre passé

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Un récent ouvrage démontre la collaboration d’Anvers avec les nazis. Un passé que la première ville de Flandres, foyer du nationalisme flamand, a longtemps occulté.

Par Jean-Pierre Stroobants Publié aujourd’hui à 05h38, mis à jour à 06h26

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LETTRE DE BRUXELLES

Le baron Leo Delwaide Jr., fils de Leo Delwaide, président du port d’Anvers (Belgique) lors d’une conférence de presse le 8 octobre 2000.
Le baron Leo Delwaide Jr., fils de Leo Delwaide, président du port d’Anvers (Belgique) lors d’une conférence de presse le 8 octobre 2000. HERWIG VERGULT / AFP

Anvers, la première ville de Flandre, et la Belgique dans son ensemble, préparent les commémorations du 75e anniversaire de leur libération. C’est cette occasion qu’un historien de renom, Herman Van Goethem, recteur de l’Université d’Anvers, a saisie pour présenter récemment un livre troublant sur le rôle, non moins troublant, d’une grande figure de la politique nationale, Leo Delwaide.

Dans 1942, l’année du silence (Editions Polis, non traduit), M. Van Goethem montre que ce dirigeant catholique, bourgmestre (maire) d’Anvers durant la guerre, député en 1949, puis, jusqu’à son décès, en 1978, échevin (adjoint au maire) du port d’Anvers – une fonction aussi convoitée qu’éminente – ne se contenta pas d’assister à la déportation, par l’occupant allemand, d’une partie – la moitié, sans doute – de l’importante communauté juive de sa ville.

Académie policière nazifiée

Sa passivité avait déjà été mise en avant par d’autres historiens, et contestée par son fils, Leo Delwaide Jr., qui lui succéda à la tête du port. Reprenant et amplifiant trois études précédentes, M. Saerens trace le portrait d’une ville qui, dit-il, apparaissait comme le microcosme d’une Europe occupée. Et dont le principal dirigeant, aidé de son commissaire en chef et du procureur de la ville, prit, en réalité, une part active aux déportations. Relayant les appels de l’occupant nazi, il concentra notamment les « policiers noirs » – les partisans de la collaboration – dans le quartier de la Gare centrale, proche du quartier juif et de la zone des diamantaires. Ces agents, qui représentaient 15 % du corps policier de la ville, s’y livrèrent à des viols et à des actes de violence. Et si, par hasard, un de leurs collègues les dénonçait ou refusait de participer aux rafles, il était sanctionné par la mairie.

Convaincu que l’instauration de « l’ordre nouveau » était irréversible et que la démocratie avait vécu, M. Delwaide lança même une expérience : une académie policière, militarisée et nazifiée, où les recrues se voyaient enseigner la règle d’une obéissance « sans jugement et sans compassion ». A la fin de 1942, en revanche, quand l’armée allemande connut ses premières défaites et que le Reich songea surtout à recruter de la main-d’œuvre dans le cadre du Service du travail obligatoire, la mairie changea de cap, organisant une résistance passive qui lui permit, pendant des décennies, de faire oublier son attitude antérieure. Et à M. Delwaide, qui démissionna en 1944, d’échapper à toute poursuite.

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