La grande peur des Saoudiens en exil

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Publié le 03 octobre 2019 à 00h27

Dans le monde arabe, dans les cercles hostiles au pouvoir saoudien, Mohammed Ben Salman a hérité d’un nouveau surnom. Fini l’acronyme « MBS », trop plat, trop neutre. Pour désigner le prince héritier du royaume, ce colosse de 34 ans à l’épaisse barbe noire dont l’ombre plane sur l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi, le 2 octobre 2018, et sur la famine au Yémen, on dit désormais : « Al-dab al-dasher ». Une expression de la rue, pleine d’irrévérence, qui signifie littéralement « L’ours lâché en liberté ».

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La formule est de Ghanem Al-Dossari, un opposant saoudien de 39 ans, exilé à Londres, producteur et présentateur sur YouTube d’une émission politico-satirique, immodestement dénommée Ghanem Show. Ses sketchs brocardent la couronne saoudienne, qualifiée de « Salmanco », un mot-valise composé à partir de Salman, le prénom de l’actuel souverain, père de MBS, et d’Aramco, la compagnie nationale pétrolière, vache à lait du pays.

Dans ces vidéos, le numéro deux saoudien, qui est aussi à l’origine de plusieurs réformes sociales, comme l’autorisation faite aux femmes de conduire, est présenté comme un dirigeant balourd et brutal, multipliant les gaffes. Un « dab al-dasher », donc.

Ghanem Al-Dossari ne s’embarrasse pas de subtilités, mais son humour, gouailleur et survolté, fait souvent mouche. Ses émissions cumulent des dizaines de millions de vues sur Internet, ce qui fait de lui le dissident le plus écouté. Et l’un des plus détestés aussi. Le 31 août 2018, à la sortie du grand magasin Harrods, à Londres, le zébulon saoudien a été molesté par trois de ses compatriotes. Des agents en mission commandée, comme il l’a assuré aux médias britanniques ? Ou bien de simples sujets de Sa Majesté Salman, pressés de défendre l’honneur de la famille régnante ? La police londonienne, saisie de l’enquête, n’a pas encore d’éléments pour trancher.

L’épisode n’en reste pas moins révélateur. Il témoigne du poids croissant pris par l’opposition saoudienne à l’étranger, une communauté en plein essor, et, en même temps, des risques très réels que ses membres encourent, à l’ère du très autoritaire Mohammed Ben Salman. Un double phénomène auquel la mise à mort de Jamal Khashoggi, il y a un an, dans le consulat saoudien d’Istanbul, en Turquie, a donné un écho planétaire.

Accélération des départs

Le journaliste de 59 ans, en exil aux Etats-Unis, connu pour ses textes au vitriol sur MBS dans les pages du Washington Post, était venu remplir des formalités administratives en vue d’un remariage avec une jeune femme turque. Il a été éliminé par un commando de barbouzes, dépêchés de Riyad. Ceux-ci lui ont administré une injection létale avant de démembrer son corps. En plus de pétrifier une grande partie de la population saoudienne, cette équipée sauvage avait déclenché un scandale international.

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