le dialogue selon Paul Biya

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Près de trois ans après l’irruption de la crise, le chef de l’Etat a convoqué un « grand dialogue national » où les leaders des groupes armés ne seront pas représentés.

Par Publié aujourd’hui à 09h00

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Une affiche du président camerounais, Paul Biya, à Buea, dans la région anglophone du Sud-Ouest, le 3 octobre 2018.
Une affiche du président camerounais, Paul Biya, à Buea, dans la région anglophone du Sud-Ouest, le 3 octobre 2018. MARCO LONGARI / AFP

Ses bientôt trente-sept années au pouvoir l’ont suffisamment démontré, Paul Biya agit toujours selon son propre calendrier. Près de trois ans après l’irruption de la crise, devenue guerre sécessionniste, dans les provinces anglophones du Cameroun, le chef de l’Etat a convoqué un « grand dialogue national » dans lequel il s’agira d’« examiner les voies et moyens de répondre aux aspirations profondes des populations du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, mais aussi de toutes les autres composantes de notre nation ». « Mieux vaut tard que jamais ! », répètent nombre d’interlocuteurs sur place, tant la dérive de ces deux régions menace les soubassements du pays.

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Les débats doivent se tenir sous la conduite du premier ministre, Joseph Dion Ngute, du lundi 30 septembre au vendredi 4 octobre à Yaoundé. Un choix de dates pas innocent, puisque c’est le 1er octobre 1961 que le Cameroun anglophone a fusionné avec la partie francophone et le 1er octobre 2017 que les séparatistes ont proclamé l’indépendance de l’Ambazonie, la république qu’ils espèrent faire reconnaître sur le territoire de l’ex-colonie britannique situé à la frontière avec le Nigeria. Une chimère en l’état, même si une enquête de l’Eglise catholique en zone anglophone révèle que 69 % des personnes interrogées seraient en faveur d’une séparation.

Pression internationale

Lors de son allocution télévisée surprise, le 10 septembre, Paul Biya s’est livré, sans employer un mot d’anglais dans un pays censé être bilingue, à une longue séance d’autosatisfecit – « les mesures qui ont été prises par le gouvernement […] sont allées bien au-delà des revendications de départ » – et a décoché quelques flèches contre « la propagande sécessionniste », accusée de se faire l’écho de « la prétendue marginalisation des anglophones, de la persécution de la minorité anglophone par la majorité francophone, du refus du dialogue par notre gouvernement au bénéfice d’une solution militaire à la crise ou encore des accusations ridicules de génocide ».

Certes, aucun génocide n’a été perpétré, mais les crimes commis par les forces armées camerounaises et les multiples groupes rebelles sont exposés quotidiennement sur les réseaux sociaux et répertoriés par les organisations de défense des droits humains. En mai, International Crisis Group (ICG) estimait qu’après vingt mois d’affrontements, le conflit avait fait 1 850 morts, 530 000 déplacés et des dizaines de milliers de réfugiés. Le bilan s’est depuis encore aggravé et, ces derniers mois, la pression internationale s’est accentuée sur les autorités camerounaises. L’offre de Paul Biya, formulée à quelques jours de l’ouverture de l’Assemblée générale des Nations unies, est donc aussi à destination de l’étranger.

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