Le retour à Beyrouth du « boucher de Khiam » rouvre les plaies

0
184

[ad_1]

L’occupation du Liban sud par Israël jusqu’en 2000 est encore vive dans les mémoires et la prescription des crimes commis par des supplétifs libanais est mal acceptée.

Par Publié aujourd’hui à 02h25

Temps de Lecture 5 min.

Article réservé aux abonnés

LETTRE DE BEYROUTH

Des membres du mouvement Amal manifestent devant l’ancienne prison de Khiyam, pour exiger le procès d’Amer al-Fakhoury, le 15 septembre.
Des membres du mouvement Amal manifestent devant l’ancienne prison de Khiyam, pour exiger le procès d’Amer al-Fakhoury, le 15 septembre. JOSEPH EID / AFP

Lorsque l’on demande à la Palestinienne Kiffah Afifi, petit concentré d’énergie et de bonne humeur, comment elle a réagi au retour au Liban d’Amer Fakhoury, l’homme qui l’a torturée à la fin des années 1980 et vivait en exil depuis près de vingt ans, la réponse claque. « C’est comme un tremblement de terre, comme si toutes mes cicatrices se rouvraient d’un coup. »

Mi-septembre, l’ancien officier de l’Armée du Liban sud (ALS), la milice supplétive des troupes israéliennes, du temps où celles-ci occupaient le sud du pays du cèdre (1978-2000), a atterri à Beyrouth. Et à la stupéfaction générale, l’ancien collaborateur de « l’ennemi sioniste », qui officiait comme chef militaire de la prison de Khiam, taule de sinistre mémoire, où des milliers de Palestiniens et de Libanais ont croupi, a pu franchir les contrôles de sécurité de l’aéroport sans encombre.

Cet exploit, signe d’un dysfonctionnement grave ou de complicités internes, n’a pas seulement déclenché l’une ces polémiques pleines de fiel dont les politiciens libanais ont le secret. Il a également rouvert les plaies mal refermées de l’occupation israélienne, deux décennies de plomb, qui ont causé des milliers de morts et de déracinés dans la frange méridionale du pays.

« Amer supervisait les tortures »

Comme la plupart des combattants de l’ALS, Amer Fakhoury s’était réfugié en Israël après le retrait de Tsahal du Liban sud. Une opération conduite en catastrophe, le 25 mai 2000, sous les coups de boutoir du Hezbollah, la guérilla chiite proiranienne. Sur les 6 500 Libanais, dont des femmes et des enfants, qui s’étaient alors rués vers la porte de Fatima, à cheval sur la frontière, un tiers environ réside toujours dans l’Etat hébreu, qui a régularisé leur situation.

Une partie a émigré en Europe et en Amérique du Nord, à la manière d’Amer Fakhoury, devenu citoyen des Etats-Unis. Et une autre partie, entre 1 000 et 2 000, a réussi à négocier son retour au Liban, moyennant parfois une petite peine de prison. Mais jamais un cadre à la réputation aussi sulfureuse que Fakhoury n’avait osé remettre les pieds dans son pays natal.

Amer Fakhoury, propriétaire du restaurant Little Lebanon To Go, à Douvres, le 5 juillet 2016.
Amer Fakhoury, propriétaire du restaurant Little Lebanon To Go, à Douvres, le 5 juillet 2016. JOHN HUFF / AP

« Amer supervisait les tortures, il donnait les ordres et parfois il assistait aux séances, se remémore Kiffah Afifi, une ex-combattante du Fatah, le parti de Yasser Arafat, emprisonnée à Khiam en 1988, à l’âge de 17 ans, après avoir été capturée, armes à la main, dans le nord d’Israël. On nous fouettait la plante des pieds. J’ai été aussi traînée par les cheveux dans une cheminée en feu. Mais leur truc préféré avec les femmes, c’était de nous tabasser le jour de nos règles. On n’avait pas de tampon bien sûr. Ça les faisait marrer de voir le sol maculé de sang. Et après ils nous forçaient à nettoyer. »

[ad_2]

Source link

Have something to say? Leave a comment: