BIM, l’orchestre béninois qui mêle vaudou et musique populaire

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Depuis sa formation fin 2017, les succès s’enchaînent pour ce collectif d’artistes natifs de Cotonou qui se sont produits à Limoges, en ouverture du festival des Francophonies.

Par Publié aujourd’hui à 18h00

Temps de Lecture 2 min.

Le groupe Benin International Musical aux Francophonies de Limoges, mercredi 25 septembre 2019.
Le groupe Benin International Musical aux Francophonies de Limoges, mercredi 25 septembre 2019. CHRISTOPHE-PEAN-PHOTOGRAPHIE

Peut-on jouer des rythmes et des instruments du vaudou sans y donner un sens religieux ? Les chants sacrés des rites initiatiques peuvent-ils se transformer en tubes de musiques urbaines sans provoquer le courroux des divinités ? Le pari est osé pour BIM (Benin International Musical), un collectif d’artistes natifs de Cotonou, qui veut « dédiaboliser » ce culte des esprits, de la nature et de l’invisible. Né vers le XVIIe siècle au royaume du Dahomey, actuels Bénin et Togo, cette religion réunit aujourd’hui quelque 50 millions d’adeptes à travers le monde.

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« Le vaudou est souvent mal perçu, assimilé à tort à de la sorcellerie. Or, il est à la base des rythmes traditionnels béninois et omniprésent dans la vie quotidienne chez nous », souligne Yewhe Yeten, le visage en sueur, après le concert que lui et ses six camarades – dont deux femmes – ont donné en ouverture du festival des Francophonies, qui se déroule à Limoges, jusqu’au 5 octobre. Les jeunes trentenaires ont surpris le public limougeaud avec leurs percussions, sonorités hip-hop et beats électro mêlés à des chants ancestraux polyphoniques et envoûtants.

« Sur scène, nous utilisons des tambours, cloches et hochets, tous conçus et fabriqués dans des couvents vaudous », décrit Yewhe Yeten, un ancien rappeur. Une démarche artistique rehaussée d’une légère dimension mystique. Le groupe a tout de même besoin de l’autorisation de prêtres pour utiliser ces instruments sacrés, et aucun des musiciens vocalistes n’a jamais vraiment été initié aux secrets du vaudou. Qu’importe ! Ce syncrétisme est applaudi partout où l’orchestre se produit, y compris à Limoges.

Un concert au Carnegie Hall de New York

Depuis sa formation fin 2017, à la suite d’un programme de recherche initié par Radio France et l’Union européenne de radio-télévision (UER), les succès s’enchaînent pour le Benin International Musical. Après quelques concerts à Cotonou, Porto-Novo et au Maroc, où ils se sont produits au festival des musiques gnaoua d’Essaouira, puis un album éponyme en 2018, BIM #1, le groupe s’est lancé depuis mai dans une tournée européenne et américaine à travers dix-sept pays. Celle-ci va se clore le 19 octobre avec un spectacle dans la prestigieuse salle new-yorkaise du Carnegie Hall. Presque une consécration, tant sont rares les artistes subsahariens qui s’y sont produits. Les seuls ayant eu ce privilège sont la Béninoise Angélique Kidjo, à plusieurs reprises, le Sénégalais Youssou Ndour, en 2005, et longtemps avant la Sud-Africaine Miriam Makeba.

Le rendez-vous se prépare avec « anxiété et détermination », fait savoir Nayel Xoxo, l’une des vocalistes, qui ne s’explique pas cette ascension fulgurante. « C’est probablement parce que le vaudou est la source principale des courants musicaux majeurs du XXe siècle, le noyau des musiques actuelles. Nous racontons cet héritage », consent tout de même la jeune chanteuse, en évoquant le jazz, le rock, le blues, le gospel, l’afrobeat et même le rap.

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Curieusement, si BIM engrange de la notoriété en Europe, au Canada et aux Etats-Unis, il ne s’est que très peu produit en Afrique, où il demeure quasi inconnu. D’où la tournée continentale programmée en 2020, où « nous espérons pouvoir ouvrir la voie à d’autres jeunes », comme l’imagine déjà Emile Totin, le tambourinaire du groupe, dont le père fut un grand prêtre, représentant de Sakpata, dieu de la Terre, l’une des principales divinités du panthéon vaudou. Avec, comme arguments, l’originalité de leur musique aux multiples influences, mais aussi les thèmes développés dans leurs chansons. Ainsi, les onze titres de l’album BIM #1 louent une Afrique positive, loin des sempiternels clichés liés à la pauvreté, aux guerres et aux maladies. Car, fait remarquer Emile Totin, « l’art du vaudou, c’est aussi cela. Une manière de vivre, un esprit positif ».

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