le droit ou le chaos

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Editorial. En jugeant illégale la décision de Boris Johnson d’interrompre les travaux du Parlement, la Cour suprême du Royaume-Uni a démontré la résilience des institutions britanniques, mais aucune issue à la crise du Brexit n’est toujours en vue.

Publié aujourd’hui à 11h48 Temps de Lecture 2 min.

Editorial du « Monde ». Dans l’interminable mais palpitant feuilleton du Brexit, l’arrêt rendu, mardi 24 septembre, par la Cour suprême du Royaume-Uni n’est pas une simple péripétie supplémentaire. En jugeant illégale, nulle et non avenue la décision du premier ministre, Boris Johnson, d’interrompre les travaux du Parlement, la plus haute juridiction du pays a rappelé deux principes façonnés par l’histoire séculaire de la démocratie britannique : la prééminence du Parlement, dont la souveraineté ne saurait être affaiblie par l’exécutif ; le pouvoir des députés de contrôler en toutes circonstances les actes dudit exécutif.

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Dans un pays dont la Constitution, non écrite, résulte largement de l’usage et d’une jurisprudence enracinés dans l’histoire, la règle selon laquelle le roi ou la reine « n’a aucun droit en dehors de celui que lui donne la loi du pays » a été posée par des juges dès 1611. Quatre siècles plus tard, M. Johnson ne peut se placer au-dessus de l’Etat de droit, ce rule of law si révéré des Britanniques.

Terrible dilemme en vue pour l’UE

Le rappel à l’ordre par les onze membres unanimes de la Cour suprême sonne comme le pire camouflet qu’un premier ministre britannique puisse essuyer. En temps normal, il aurait dû démissionner. Arrivé au pouvoir à la fin du mois de juillet sans être élu, Boris Johnson a non seulement bafoué la souveraineté de Westminster, qu’il promettait, comme tous les partisans du Brexit, de restaurer, contre les empiétements de « Bruxelles », mais il a compromis la reine en lui conseillant d’avaliser une décision illégale, ce qu’elle ne pouvait refuser. En deux mois, le leader nationaliste a cessé de faire rire : il a abîmé la plus vieille démocratie du monde, déjà secouée depuis trois ans par le Brexit. Cela vaut avertissement pour toutes les démocraties.

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Une fois de plus, les institutions britanniques démontrent leur capacité de résistance et leur résilience dans la tempête. La sérénité avec laquelle Brenda Hale, la présidente de la haute juridiction, a énoncé un arrêt d’une précision clinique, rédigé de façon compréhensible par tous, tranche avec les allures de chien fou et les borborygmes de M. Johnson. Hommage doit être rendu aux deux héroïnes de ce coup de théâtre judiciaire : Lady Hale, une septuagénaire qui personnifie la force du droit, et Gina Miller, la courageuse femme d’affaires anti-Brexit qui, dans le silence coupable de l’opposition travailliste, a saisi la justice.

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Si les institutions tiennent bon, le chaos politique s’intensifie et aucune issue à la crise du Brexit n’est en vue. Boris Johnson est loin d’être à terre. La colère de la population contre un Parlement incapable de parvenir à un compromis sur le Brexit est si forte dans le pays que la stratégie visant à jouer « le peuple » contre les députés et les juges « saboteurs » et « capitulards », en vue de prochaines élections, porte ses fruits, comme en attestent des sondages favorables au premier ministre.

Revenus en session, les députés vont chercher tous les moyens pour contraindre Boris Johnson à faire ce qu’il a exclu mille fois : solliciter un report de la date butoir du Brexit, fixée par l’UE au 31 octobre. Devant le refus du Labour d’aller aux élections avant que la menace d’un Brexit sans accord soit écartée, M. Johnson, lui, n’a plus guère d’autre issue que de démissionner ou de conclure un accord avec l’UE. Des hypothèses si improbables que les Vingt-Sept risquent de se trouver devant un terrible dilemme : accorder un nouveau délai sans aucune garantie de résultat, ou expulser le Royaume-Uni, alors que le pays affronte sa pire crise depuis la seconde guerre mondiale.

Le Monde

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