En Allemagne, le difficile équilibre entre liberté d’expression et violence politique

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Un tribunal de Berlin a débouté une élue écologiste de sa plainte contre Facebook, qualifiant les injures proférées sur le réseau social « d’opinions admissibles » dans le cadre du débat politique.

Par Publié aujourd’hui à 04h20

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Aux funérailles du préfet Walter Lübcke, assassiné après avoir été harcelé en ligne en raison de ses convictions politiques, ici à Kassel (Hesse), le 13 juin.
Aux funérailles du préfet Walter Lübcke, assassiné après avoir été harcelé en ligne en raison de ses convictions politiques, ici à Kassel (Hesse), le 13 juin. SWEN PFOERTNER / REUTERS

LETTRE DE BERLIN

Jusqu’où la liberté d’expression peut-elle s’exercer sans risquer de saper les fondements de la démocratie ? Cette question philosophique est au cœur d’un débat qui agite l’Allemagne depuis quelques jours, après que la justice a débouté une élue écologiste de sa plainte contre Facebook à la suite d’injures dont elle était l’objet sur le réseau social.

« Bâton merdeux », « malade mentale », « salope perverse », « amputée du cerveau », « vieille truie verte »… Voilà quelques-uns des élégants sobriquets dont Renate Künast s’est vu affubler sur Facebook ces cinq derniers mois.

Ancienne présidente des Verts (2000-2001), ancienne ministre fédérale de l’agriculture (2001-2005) et membre du Bundestag depuis 2002, cette élue berlinoise souhaitait contraindre le réseau social américain à divulguer les noms des auteurs de ces insultes afin qu’elle puisse les poursuivre en justice. Le tribunal de Berlin l’a déboutée, le 9 septembre, estimant que les propos incriminés devaient être considérés comme des « opinions admissibles » dans la mesure où ils étaient exprimés dans le cadre d’un débat de nature politique.

Pour comprendre l’affaire, il faut préciser le contexte. Les insultes en question font partie d’une liste de commentaires publiés sous un message posté sur Facebook par un blogueur d’extrême droite, le 27 mars, dans lequel celui-ci accusait l’élue écologiste d’avoir tenu des propos ambigus sur la pédophilie il y a plus de trente ans.

« Propos polémiques et sexistes »

L’affaire remonte à 1986. Cette année-là, lors d’un débat organisé au Parlement régional de Berlin en 1986, Mme Künast avait coupé la parole à un député conservateur qui s’indignait d’une récente résolution adoptée par Les Verts du Land de Rhénanie-du-Nord-Westaphie s’opposant aux poursuites judiciaires visant des adultes ayant des relations sexuelles avec des mineurs. « Virgule, quand il n’y a pas de violence en jeu… », l’avait alors interrompu Mme Künast, selon le compte rendu de la séance cité par le quotidien conservateur Die Welt en 2015. Dans le message posté sur Facebook, la position de l’élue était résumée ainsi : « S’il n’y a pas de violence en jeu, le sexe avec des enfants est tout à fait ok. »

Pour les juges de Berlin, les commentaires publiés sous ce message sont certes « des propos très polémiques, exagérés et parfois même sexistes ». Mais « on ne peut pas parler d’injures quand des opinions sont exprimées dans le contexte d’un débat ». La plainte n’est donc pas recevable. En raison du « caractère potentiellement très choquant » de ses déclarations de 1986, l’élue doit « accepter de s’exposer encore à des critiques », a estimé le tribunal.

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