L’été meurtrier de la politique italienne

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Publié aujourd’hui à 06h31

Quand il se présente sous les ors du Palazzo Madama, mardi 10 septembre, le premier ministre italien, Giuseppe Conte, est plus impeccable que jamais. Costume bleu sombre et pochette à quatre pointes – ce détail un rien précieux sera abondamment commenté –, il donne l’impression que les quinze mois du gouvernement le plus décoiffant de l’histoire n’ont eu aucun effet sur lui. Depuis la veille, le centre de Rome est agité par des manifestations sporadiques de l’opposition. Peu importe : une fois à l’intérieur du Sénat, on n’entend plus les bruits du dehors.

Vers 16 heures, Giuseppe Conte monte en tribune, et lit avec application un discours assez sobre – d’aucuns diront ennuyeux. Mais aurait-il pu faire autrement ? Quand on se lance dans des acrobaties inédites, il vaut mieux éviter les pas de côté. A 19 heures, il obtient une majorité un peu plus confortable que prévu (169 voix, huit de plus que le nombre requis). Le gouvernement Conte II, 66e de l’histoire de la République italienne, peut prendre son envol.

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Difficile à ce moment de ne pas ressentir une sorte de vertige d’incrédulité. Comment, en effet, un avocat plutôt terne, unanimement considéré comme la marionnette de la Ligue (extrême droite) et du Mouvement 5 étoiles (M5S, antisystème), a-t-il réussi à se parer des habits de l’homme d’Etat ? Comment celui qui se revendiquait « populiste » il y a quelques semaines encore peut-il être désormais plébiscité par Bruxelles et les marchés ? Par quel miracle, Matteo Salvini, ministre de l’intérieur et homme fort de la Ligue, a-t-il perdu pied, ouvrant la porte au retour de la gauche ? Comment expliquer, enfin, que Luigi Di Maio (M5S), qui, en février, venait saluer des représentants des « gilets jaunes » près de Paris, soit devenu ministre des affaires étrangères d’un gouvernement qui entend se réconcilier avec la France, et s’apprête à recevoir Emmanuel Macron, mercredi 18 septembre, à Rome ?

Au Sénat, le 20 août, Matteo Salvini, alors vice-président du conseil et ministre de l’intérieur, écoute le discours du président du conseil Giuseppe Conte.
Au Sénat, le 20 août, Matteo Salvini, alors vice-président du conseil et ministre de l’intérieur, écoute le discours du président du conseil Giuseppe Conte. ANDREAS SOLARO / AFP

La démocratie italienne a beau être un monde où les certitudes ne durent pas, jamais l’art des fausses pistes et des retournements d’alliance n’a été poussé aussi loin qu’au cours de ces quelques semaines d’été.

Au Papeete, l’été en pente douce

Tout commence avec une vidéo d’une minute trente apparue sur les réseaux sociaux au soir du 3 août. L’image est tremblante, mais cela n’empêche pas les journalistes, sur les plateaux télévisés, de la commenter avec une sidération palpable : c’est donc ça, le futur de la démocratie italienne ? Nous sommes à l’heure de l’apéritif, sur la scène du Papeete, un club situé sur une plage privée de la station balnéaire de Milano Marittima, sur la côte Adriatique. Trois jeunes femmes en maillot léopard se déhanchent sur les notes de l’hymne national, Frères d’Italie, sous les yeux d’une foule d’estivants chauffés à blanc. Sur l’estrade du DJ, torse nu, Matteo Salvini est aux platines, et plaisante avec des amis en sirotant un mojito.

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