Seelavarn Ganeshan: «Nous avons plus d’une centaine de planteurs “bio” sur plus de 100 hectares»

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Seelavarn Ganeshan, CEO du Food and Agricultural Research and Extension Institute (FAREI).

Seelavarn Ganeshan, CEO du Food and Agricultural Research and Extension Institute (FAREI).

Tuta Absoluta est une chenille qui affecte les plantations de tomates. Toutefois, la situation reste sous contrôle. Le FAREI explique que ses recherches sont axées sur la lutte contre les ravageurs et maladies et que certaines méthodes sont déjà utilisées par les agriculteurs.

La tomate et le piment sont affectés par des maladies. Quel constat faitesvous de la situation ?
Nous avons détecté, il y a une dizaine de jours, la présence de la chenille mineuse de la tomate, la Tuta absoluta, dans des pièges installés par le service d’entomologie du ministère de l’Agro-industrie. Ces pièges avaient été installés justement pour la détection rapide de ce ravageur. Cette chenille a été détectée à Mayotte en 2015 et, ensuite, à Saint-Joseph dans le Sud de La Réunion, en janvier 2018. Ces chenilles creusent des galeries dans les feuilles mais elles peuvent aussi attaquer d’autres parties de la plante : fruits et tiges. Jusqu’à présent, nous avons capturé des adultes dans les pièges et nous n’avons pas observé de dégâts dans les champs. 

Dans le cas du piment, la maladie, connue comme l’anthracnose, est présente à Maurice depuis plusieurs années. L’infection est plus importante en hiver et cette année, en juillet et août, nous avons reçu une pluviométrie plus élevée que la moyenne qui a favorisé le développement de la maladie. Pour la combattre, il faut que les agriculteurs traitent les semences à l’eau chaude. Service offert gratuitement par le Food and Agricultural Research and Extension Institute (FAREI). Toute plante présentant les symptômes de la maladie doit être arrachée et détruite. Le FAREI est en train d’évaluer les variétés résistantes à la maladie.

Les planteurs utiliseraient moins de pesticides, conformément aux règlements du ministère. Est-ce que cela rend nos plantations plus exposées aux maladies ?
C’est un fait que les planteurs utilisent moins de pesticides chimiques, mais des produits biologiques sont disponibles et peuvent être utilisés pour lutter contre les maladies. Il y a aussi d’autres moyens pour diminuer l’impact des maladies, par exemple, une application judicieuse des fertilisants, une irrigation adéquate et l’assainissement. Évidemment, nous ne pouvons pas contrôler chaque plantation mais des échantillons sont prélevés régulièrement pour analyse des résidus de pesticides, selon les dispositions de la Use of Pesticides Act 2018.

Ce combat contre l’utilisation abusive de pesticides, l’a-t-on remporté ?
Je ne peux pas dire si nous avons remporté ce combat. Mais nous savons que les planteurs sont plus conscients des méfaits d’une utilisation abusive des pesticides. Nous avons formé plus de 5 000 agriculteurs à ce jour sur leur utilisation. Et les consommateurs sont aussi plus exigeants.

Les travaux du FAREI incluentils la recherche de solutions pour lutter contre ces maladies ?
Les travaux de recherches entrepris par le FAREI sont axés sur des méthodes de lutte contre les maladies et les ravageurs. Nous avons ainsi un programme de sélection pour trouver des variétés résistantes aux bio-agresseurs. Nous entreprenons aussi des essais avec des produits biologiques et des moyens naturels de lutte. La lutte biologique contre les ravageurs demeure une priorité de notre programme de recherches. Ainsi, plusieurs espèces d’ennemis naturels ont été identifiées et multipliées en masse en laboratoire pour être relâchées dans les champs infestés. Nous encourageons également les planteurs à cultiver dans leurs parcelles des plantes que nous appelons «des plantes de service». Elles attirent les insectes bénéfiques tels que les abeilles, les prédateurs et les parasitoïdes dans les champs.

Ces recherches sortent-elles des laboratoires, à un moment, pour du concret ?
Après nos essais en laboratoire et sur nos stations de recherches, nous faisons des essais sur les parcelles des planteurs, que nous appelons des on-farm trials. Ces essais sont entrepris avec la participation des planteurs et ils peuvent ainsi nous donner leur avis. Avec cette approche participative, les agriculteurs adoptent les nouvelles technologies rapidement. Nous avons, au fil des années, développé plusieurs variétés de légumes qui ont été adoptées par les planteurs. Il y a une dizaine de jours, nous avons sorti une nouvelle variété de haricot et trois nouvelles variétés de tomate.

Quid de l’agriculture abritée ou «sheltered farming» ?
Le sheltered farming ou agriculture abritée est en grande demande. À ce jour, nous avons plus de 890 serres hydroponiques et plus d’une centaine d’unités insect-proof. Elles produisent plus de 12 000 tonnes de légumes par an. Le gouvernement a aussi érigé de telles unités à Plaine-Magnien et à Ville-Bague. Elles ont été allouées à de jeunes chômeurs pour la production de légumes. Ces jeunes ont été formés et seront encadrés par le FAREI dans le choix des légumes à cultiver et les pratiques culturales à adopter.

Comment produire en utilisant moins de pesticides, garantir la qualité et prévenir les maladies tout en gardant nos légumes à un prix raisonnable ?
Produire avec moins ou sans pesticides chimiques est possible. Les moyens de lutte avec des produits biologiques sont disponibles et utilisés par beaucoup de planteurs. D’ailleurs à ce jour, nous avons plus d’une centaine de planteurs «biologiques » sur plus de 100 hectares. Avec la demande grandissante pour les légumes et fruits bio, l’agriculture bio est appelée à se développer.

Le prix des légumes reste élevé ces jours-ci malgré le beau temps. Pourquoi ?
Généralement, en hiver, certains légumes ne peuvent pas être cultivés et ils sont plus chers. Comme mentionné plus haut, nous avons aussi eu un hiver assez humide qui a favorisé les maladies. Mais avec l’arrivée de l’été, la situation devrait s’améliorer.

La production locale de legumes est-elle suffisante pour toute la population ?
La production locale de légumes est suffisante pour notre consommation. Toutefois, nous avons recours à l’importation de certains légumes pendant la période cyclonique ou dans le cas d’autres calamités. Il y a certains légumes tels que la pomme de terre et l’oignon que nous ne pouvons pas produire tout au long de l’année et nous devons donc en importer. 

Nous importons beaucoup de grains secs. Certains, à l’instar des gros pois et des haricots, peuvent être produits localement. Certains planteurs sont déjà en train d’en produire. Pour réduire l’importation même en période cyclonique, nous encourageons la production domestique en arrière-cour ou sur les toits (roof gardening). Produire chez soi des légumes et des condiments est tout à fait possible. Le FAREI organise des sessions de formation en home gardening pour le grand public les samedis dans la matinée. Les détails sont disponibles sur le site Web du FAREI. Nous avons aussi lancé des organic household garden villages. Ce projet a été initié à Union-Park et étendu ensuite aux villages de Panchavati et Saint-Julien.

Comment convaincre ceux qui ont abandonné leurs plantations de revenir ?
Il faut être réaliste. Nous avons un gros problème de manque de main-d’oeuvre et c’est la raison principale de l’abandon des champs. Mais il faut attirer les jeunes vers l’agriculture. Nous avons vu ces derniers temps beaucoup de jeunes qui veulent se lancer dans l’agriculture avec l’utilisation des nouvelles technologies.

Le marché de gros, qui ouvre bientôt ses portes, sera-t-il un avantage ?
Avec le marché de gros, de meilleures infrastructures avec plus d’hygiène et de sécurité seront apportées à la vente en gros des légumes. Les consommateurs auront des produits de meilleure qualité.


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Lexpress

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