un accord entre Londres et Bruxelles est encore possible, mais la voie est très étroite

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Le premier ministre britannique, Boris Johnson, doit rencontrer le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, à Luxembourg.

Par Publié aujourd’hui à 09h42, mis à jour à 09h57

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Des manifestants pro-européens devant le Parlement, à Londres, le 9 septembre.
Des manifestants pro-européens devant le Parlement, à Londres, le 9 septembre. Frank Augstein / AP

Il y a un mois, Boris Johnson jurait qu’il n’était pas question de discuter avec les Européens tant que ces derniers n’auraient pas accepté de renoncer à ce fameux « backstop », cette assurance contre le retour d’une frontière en Irlande, jugée « antidémocratique » par le premier ministre britannique. Lundi 16 septembre, M. Johnson a finalement accepté de rencontrer Jean-Claude Juncker, le président de la Commission, lors d’un déjeuner de travail à Luxembourg.

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Les 27 n’ont pourtant pas cédé d’un pouce sur le principe d’un « backstop ». Le dirigeant britannique est aux abois : sa stratégie d’un Brexit « do or die » (« marche ou crève »), prévu le 31 octobre, a en grande partie déraillé, le Parlement britannique ayant voté une loi lui imposant de quémander à Bruxelles un décalage du Brexit de trois mois, au 31 janvier 2020, s’il échoue à trouver un accord avant le 19 octobre.

Johnson dans l’impasse

Boris Johnson, qui continue à répéter qu’il veut un divorce pour Halloween, n’a plus vraiment le choix. S’il veut tenir sa promesse sans violer la loi britannique, il doit trouver un accord avec Bruxelles. Theresa May y était parvenue, fin 2018, mais son « deal » a été repoussé trois fois par les députés britanniques. Entre autres parce que le « backstop » en annexe du traité du divorce était jugé inacceptable. Cet accord supposait qu’en l’absence de solutions alternatives pour éviter une frontière entre la République d’Irlande et l’Irlande du Nord (partie du Royaume-Uni) fin 2020, cette dernière devrait continuer à respecter les règles du marché intérieur. Et l’ensemble du Royaume-Uni resterait au sein de l’union douanière européenne. Un moyen de limiter les contrôles douaniers, sanitaires et phytosanitaires en Irlande.

M. Johnson sait que cet accord de divorce n’a quasiment plus aucune chance de passer à la Chambre des communes. Les Européens refusant de l’amender, il est a priori dans l’impasse. Il existe pourtant une voie, très étroite pour un accord d’ici fin octobre. Et il semble bien que c’est sur elle que M. Johnson mise depuis quelques jours.

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Fin 2017, les Européens avaient en effet proposé une première version du « backstop » à Londres, un filet de sécurité minimal, qui ne prévoyait que l’alignement réglementaire de l’Irlande du Nord sur l’UE une fois le Brexit effectif. Le reste du Royaume-Uni pourrait diverger des règles européennes comme il l’entend.

M. Johnson a commencé à évoquer une « zone sanitaire et phytosanitaire » étendue à toute l’Irlande

Les contrôles aux frontières nécessaires entre le pays et l’UE à 27 auraient lieu en mer d’Irlande, entre les ports britanniques et les ports de l’île. Cette solution, plutôt simple, avait cependant failli coûter à Mme May sa majorité. La dizaine d’élus du DUP, un parti unioniste nord irlandais, avaient fait barrage à cette solution, et ont depuis catégoriquement refusé que l’Irlande du Nord puisse être traitée différemment du reste du Royaume-Uni.

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Les 27 refusent d’amender l’accord conclu avec Mme May fin 2018, mais ils seraient tout à fait prêts à revenir à la première version du « backstop ». Il y a une semaine, M. Johnson a commencé à évoquer une « zone sanitaire et phytosanitaire » étendue à toute l’Irlande, qui éviterait les contrôles des animaux et produits alimentaires et phytosanitaires transitant entre Irlande du Nord et République d’Irlande.

La proposition n’est pas suffisante pour les Européens, mais elle va dans la bonne direction. M. Johnson a par ailleurs rencontré ces derniers jours Arlene Foster, la chef de file du DUP. Si celle-ci a nié publiquement que son parti était prêt au compromis, des sources internes ont confié au Times que la formation envisageait de revoir ses lignes rouges, à condition que le gouvernement irlandais ait son mot à dire. Le DUP a peur de perdre du terrain lors de futures élections générales et n’a aucun intérêt à un « no deal ».

Les « Brexiters » inquiets

Ce changement de pied esquissé par M. Johnson commence à inquiéter les Brexiters durs de son parti conservateur, partis pour un « no deal », qui refusent désormais toute espèce d’accord avec les Européens. Une partie d’entre eux ont défilé ce week-end à Chequers, la résidence du premier ministre hors de Londres. Après s’être en partie aliéné l’aile modérée de son parti en décidant la suspension du Parlement, M. Johnson risque t-il d’être lâché par son aile droite, qui rendrait toute validation d’un nouvel accord par son Parlement illusoire ?

Mais M. Johnson est-il seulement sérieux ? « D’énormes progrès ont été réalisés » dans les discussions avec l’UE, a t-il affirmé ce week-end au Mail on Sunday, contre toute évidence, les Européens continuant à dire qu’on est loin d’un accord. Quoi qu’il arrive, le Royaume-Uni quittera l’UE car il est « comme Hulk [le monstre vert], plus il est en colère, plus il est fort », a-t-il ajouté. Comparaison « infantile », a répliqué le député européen Guy Verhofstadt, chef du groupe de suivi du Brexit au Parlement européen…

Le premier ministre est-il toujours dans le registre du bluff, dans la seule intention de faire porter le chapeau aux Européens d’une absence d’accord fin octobre ? On risque de devoir attendre la fin du mois d’octobre pour être fixé.

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