« Faiblesse des salaires, recul des gains de productivité… Pourquoi l’économie américaine est déséquilibrée »

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La faiblesse des salaires accompagnée du recul de la productivité du travail conduisent à l’émergence d’entreprises dominantes, analyse l’économiste Patrick Artus.

Publié aujourd’hui à 06h00 Temps de Lecture 4 min.

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Chronique. Depuis vingt ans, le fonctionnement de l’économie américaine est un sujet d’étonnement. On y observe une forte déformation du partage des revenus en faveur des profits et au détriment des salariés. De 1998 à 2018, les salaires réels ont progressé de 28 % de moins que la productivité du travail ; les 30 % d’Américains en bas de l’échelle des revenus ont aujourd’hui le même pouvoir d’achat qu’au début des années 1990 ; la part des salaires dans le PIB a reculé de 58 % à 52 %.

Cette déformation du partage des revenus implique une forte hausse des marges bénéficiaires des entreprises et un freinage des hausses de salaire par tête de 4 % par an à la fin des années 1990, à 3 % aujourd’hui, mais en passant par une longue période (2009-2015) où les hausses du salaire par tête sont inférieures à 2 % par an.

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Dans le même temps, la productivité du travail a considérablement fléchi ; elle augmente en tendance de 3 % par an à la fin des années 1990, seulement de 1 % par an aujourd’hui. Quels sont les mécanismes économiques qui peuvent expliquer aux Etats-Unis la hausse des marges bénéficiaires des entreprises, le freinage des salaires et la baisse du poids des salaires dans le revenu national, et le ralentissement de la productivité, ce qui est a priori contradictoire ? Le freinage de la productivité montre des entreprises moins efficaces, qui ne devraient pas avoir des marges bénéficiaires plus fortes.

Des taux d’intérêt bas

Une première explication repose sur le maintien de taux d’intérêt bas qui ont conduit à la concentration des entreprises et à l’apparition de positions dominantes (E. Liu, M. Mian, A. Sufi, « Low Interest Rates, Market Power, and Productivity Growth », NBER Working Paper n° 25505, janvier 2019). D’une part, les taux d’intérêt bas permettent aux entreprises plus importantes d’accroître plus facilement leur capital, donc de devenir encore plus compétitives, et d’éliminer leurs concurrents. D’autre part, ils conduisent à une valeur plus forte des profits actualisés futurs des entreprises les plus efficaces.

Cela explique la très forte hausse de la concentration des entreprises depuis la fin des années 1990 aux Etats-Unis ; la concentration se mesure à la part de production, dans chaque secteur d’activité, qui est réalisée par les entreprises plus grandes (usuellement les quatre entreprises les plus grandes du secteur). Cette hausse révèle l’apparition de positions dominantes (monopole ou oligopole). Le point très important est que cette apparition a lieu dans tous les secteurs d’activité, et pas seulement dans les nouvelles technologies et Internet. Certes, il y a les GAFA, mais il y a des positions dominantes partout.

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