« Le psychodrame du Brexit est aujourd’hui le produit de deux pathologies dont on pensait le Royaume-Uni indemne : populisme et dogmatisme »

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Pour Alain Frachon, éditorialiste au « Monde », si les Communes débattent vainement des voies et des moyens de sortir de l’UE, la faute en revient aux dogmatiques du parti tory. Ils ont imposé un Brexit dur, alors que rien n’imposait d’interpréter ainsi le résultat du référendum, analyse-t-il dans sa chronique.

Publié aujourd’hui à 06h00 Temps de Lecture 4 min.

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Chronique. On les disait élevés à l’empirisme. Le pragmatisme faisait partie de leur patrimoine national – comme la démocratie représentative, Wimbledon et le fish and chips. Chez les cousins britanniques, on admirait volontiers ce qui formait un peu l’inverse de nos passions françaises – les délires de l’idéologie entretenus dans un climat de guerre civile permanente. Il faut croire que l’on se trompait.

Le psychodrame du Brexit est aujourd’hui le produit de deux pathologies dont on pensait le Royaume-Uni largement indemne : populisme et dogmatisme. Ce cocktail détonant est le carburant qui alimente la crise politique que vivent les Britanniques. Le conservateur Boris Johnson, premier ministre minoritaire, a mis le Parlement en vacances forcées. Brexiter opportuniste, plus que de conviction, Johnson n’en défend pas moins une ligne pure et dure : le pays doit quitter l’Union européenne (UE) d’ici au 31 octobre, même sans accord de divorce avec Bruxelles – ce qu’on appelle la sortie « no deal ».

Pour les intégristes du Brexit, sortir de l’UE n’est pas une position discutable, plutôt un credo de nature religieuse

Mais il n’y a pas de majorité aux Communes pour cette formule. La plupart des élus de l’opposition travailliste et une forte minorité de conservateurs jugent que le « no deal » porterait un coup trop sévère à l’économie britannique. La guerre est frontale avec l’équipe de Johnson, formée d’intégristes du Brexit. Pour eux, l’UE est la source de tous les maux du pays et il faut en sortir, même au prix d’un « no deal ». Ce n’est pas une position discutable, plutôt un credo de nature religieuse. D’une manière ou d’une autre, dans quelques semaines ou quelques mois, on retournera aux urnes, seule manière de sortir du conflit.

Le « peuple » contre les « élites »

Côté Johnson, on a déjà fixé le ton et l’enjeu du débat. La campagne sera menée non par un élu, mais par un homme de l’ombre, de cabinet, David Cummings, l’un de ces princes des ténèbres de la politique contemporaine. Il était l’animateur de la campagne référendaire en faveur du « Leave » – « on part » – de juin 2016, qui vit 52 % des Britanniques se prononcer pour le Brexit. La presse londonienne lui impute certains des plus gros bobards de l’époque destinés à faire croire que le Brexit sauverait le système de santé du pays et ferait barrage à l’immigration de millions de travailleurs turcs (parce que, bien sûr, la Turquie allait adhérer, dès demain, à l’UE…).

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