A Singapour, une « brown face » met à mal le modèle multiculturel

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L’émotion suscitée par les images d’un Chinois grimé en Indien pour les besoins d’une publicité interroge sur la force de l’idéal inclusif de la cité-Etat.

Par Publié aujourd’hui à 04h29

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LETTRE DE SINGAPOUR

Capture du site E-Pay, qui met en scène un acteur d’origine chinoise déguisé en Indien.
Capture du site E-Pay, qui met en scène un acteur d’origine chinoise déguisé en Indien. THEDRUM.COM

Singapour, multiculturelle et fière de l’être, présente néanmoins quelques failles dans le récit national officiellement célébré : « Fait de beaucoup, nous sommes un. Une nation qui accueille une large gamme de cultures, d’ethnies et de religions. La diversité est notre force », affirme le site Internet de la très prospère cité-Etat de l’Asie du Sud-Est.

En dépit d’une réputation justifiée d’harmonie intercommunautaire et de sécurité depuis les émeutes « interraciales » de 1964, au temps où la ville faisait encore partie de la Malaisie, la réalité de ce modèle ethnique remarquablement inclusif est sans doute un peu plus problématique qu’il n’y parait.

C’est ce que vient de prouver la récente diffusion d’une publicité dont l’humour a été diversement apprécié : fin juillet, des photos vantant les mérites d’une nouvelle application pour le site d’achat en ligne E-Pay représentaient un acteur d’origine chinoise grimé en Indien. Pour se faire, Dennis Chew s’était passé la figure au cirage. Suscitant aussitôt l’émotion chez des représentants de la minorité indienne.

Rappel le « black face »

Les réactions indignées on fait penser aux récentes répercussions d’incidents de « black face » aux Etats-Unis, pratique hérité de la culture esclavagiste consistant pour des Blancs à se faire passer pour des Noirs, de manière caricaturale. Résultat, à Singapour, c’est désormais le terme de « brown face » (figure brunie), qui est utilisé.

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Les équilibres ethniques de la ville-pays sont aussi complexes que délicats : plus de 73 % de Chinois composent la majorité d’une population de 5,6 millions d’habitants, dont 13 % sont par ailleurs Malais et 9 % Indiens. A cette mosaïque ethnique fait pendant une pluralité de croyances qui vient renforcer le caractère multiple de l’« unicité dans la diversité » prônée par le système : 33 % de bouddhistes, 19 % de chrétiens, 14 % de musulmans, 11 % de taoïstes et 5 % d’hindous.

« Je ne vois pas ce qu’il y a de drôle dans l’image d’un Chinois imitant un Indien de cette façon », a réagi la journaliste singapourienne indienne Ruby Thiagarajan dans un long article publié sur New Naratif, un site d’informations dédiée à la « promotion de la démocratie et de la liberté d’expression en Asie du Sud-Est ». « J’imagine, s’est-elle demandé, que, peut-être, quand des gens voient un Chinois au visage peint en brun, ils voient aussitôt la caricature d’un Indien avec son drôle d’accent. » Sous-entendu, ça les fait rigoler.

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