A Hongkong, des heurts devenus quotidiens

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Dans le quartier de Tung Chung, le 7 septembre à Hongkong.
Dans le quartier de Tung Chung, le 7 septembre à Hongkong. VIVEK PRAKASH / AFP

Le retrait du projet de loi controversé permettant l’extradition de suspects vers la Chine continentale, annoncé solennellement mercredi 4 septembre par la chef de l’exécutif, Carrie Lam, et qui sera acté lors de la rentrée parlementaire, en octobre, a manqué de ramener l’ordre à Hongkong, où le chaos est devenu familier. L’annonce semble avoir contribué à démobiliser une partie des manifestants, mais elle a aussi fait redoubler la détermination des plus radicaux, qui maintiennent leurs « cinq demandes, pas une de moins », dont une enquête sur les violences policières et des réformes démocratiques.

Les heurts entre police et manifestants sont quotidiens depuis l’annonce du retrait du projet de loi, en particulier le soir, autour du commissariat du quartier populaire de Mongkok. Le quatorzième week-end depuis une grande manifestation, le 9 juin, qui avait marqué le coup d’envoi de cette crise historique, s’est terminé dans la violence dans au moins trois quartiers distincts dimanche. Le projet de bloquer à nouveau l’aéroport dans la journée de vendredi a toutefois échoué, du fait des mesures préventives prises par les autorités et du plus faible nombre de manifestants mobilisés.

Le quatorzième week-end de manifestations s’est terminé dans la violence dans au moins trois quartiers dimanche

Lundi matin, deuxième semaine depuis la rentrée des classes, des milliers d’élèves du secondaire ont formé une chaîne sur plusieurs kilomètres pour dénoncer l’intimidation et la brutalité de la police à leur égard. Une porte-parole de l’opération a évoqué en particulier l’attaque samedi, à la station de métro Tai Po Market, d’un élève d’un lycée des Nouveaux Territoires, zone proche de la frontière, matraqué à la tête au point de perdre connaissance, et blessé à la main et à l’épaule.

Dimanche après-midi, plusieurs milliers de personnes ont défilé jusqu’au consulat général des Etats-Unis, situé à proximité immédiate de la résidence officielle de la chef de l’exécutif, demandant l’aide et le soutien des Etats-Unis et suggérant au Congrès américain d’adopter le projet de loi Hong Kong Human Rights and Democracy Act. Ce texte, s’il était adopté, contraindrait le gouvernement américain à statuer une fois par an sur l’autonomie de Hongkong vis-à-vis de la Chine, au risque de remettre en cause le statut commercial préférentiel dont jouit Hongkong dans ses échanges avec les Etats-Unis et qui place l’ancienne colonie britannique en dehors de la guerre commerciale actuelle entre les deux premières puissances économiques mondiales.

Le gouvernement local, qui semble sourd aux plaintes des citoyens contre les violences policières, a vivement réagi à cette initiative. Avec des mots ressemblant aux communiqués habituellement émis par Pékin, le gouvernement de Hongkong a mis en garde « les parlementaires étrangers contre toute interférence dans les affaires internes de Hongkong ». Le premier ministre chinois, Li Keqiang, avait de son côté commenté la situation à Hongkong pour la première fois, vendredi, en déclarant : « La Chine soutient Hongkong pour mettre un terme à la violence et au chaos, dans le respect des lois, et pour ramener l’ordre, garant de la stabilité et de la prospérité à long terme de Hongkong. »

Stations de métro vandalisées

A l’issue de la marche de dimanche, des manifestants radicaux ont allumé un grand feu près de l’une des bouches de métro du quartier des affaires de Central. Quatre stations, deux sur l’île et deux du côté continental de la région administrative spéciale, ont été partiellement vandalisées. Les manifestants se sont ensuite dispersés pour réapparaître à Causeway Bay, à trois stations de métro de Central. L’ambiance décontractée de shopping du dimanche soir a tourné court avec l’arrivée des jeunes protestataires, toujours suivis de près par une horde de journalistes et de photographes. La police a de nouveau tiré de nombreuses grenades de gaz lacrymogènes.

Par ailleurs, le jeune leader politique Joshua Wong, secrétaire général du parti Demosisto, qui avait été arrêté dimanche à l’aéroport, a été relâché lundi matin, à la suite d’une interpellation qualifiée d’« erreur administrative ». L’activiste de 22 ans avait été arrêté le 30 août et inculpé pour « organisation, incitation à participer et participation à un rassemblement illégal », lors du siège, par des dizaines de milliers d’étudiants, du commissariat central de Wan Chai, le 21 juin, puis relâché sous certaines conditions, notamment pour ses déplacements. Mais la cour l’avait autorisé à se rendre en Allemagne et aux Etats-Unis pour des voyages déjà organisés.

Autre signe de la suspicion que suscitent désormais la police et les autorités étatiques, des rumeurs sinistres circulent sur les réseaux sociaux selon lesquelles trois personnes seraient mortes aux mains des forces de l’ordre après une descente brutale dans la station de métro Prince Edward dans la nuit du samedi 31 août. Et ce, malgré les démentis formels, ces derniers jours, des policiers, des pompiers, du gouvernement local ou encore de la société de transports publics.

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