Trafic de drogue: des papys et mamies qui «crack»

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Photo d'illustration.

Photo d’illustration.

«J’avais presque la cinquantaine à ma dernière arrestation. J’ai fait au moins cinq allers-retours en prison pour trafic de drogue», confie Surren, 67 ans. Accro à l’opium, il ne lui fallait que Rs 5 à 10 pour s’en procurer dans les années 1980. Mais lorsque Maurice a été «envahi par le brown sugar», il a plongé dans le trafic. «J’achetais un gramme que je divisais en 25 doses. Mon prix était de Rs 200 l’unité. Je vendais une grosse partie et gardais quelques doses pour moi». Ce trafic le conduit à une première incarcération de quatre ans.

À sa sortie, Surren, ancien électricien, désormais au chômage et vivant dans un «quartier chaud», récidive. Ce qui lui vaut cinq incarcérations de plus : «Quand on est sous emprise, on doit trafiquer pour avoir sa drogue». Et ce, indépendamment de l’âge. À l’exemple de l’arrestation de Jude José Victor, 61 ans et d’Aissa Baccus, 71 ans pour importation d’héroïne en avril dernier. «Principalement, c’est l’argent qui pousse les personnes âgées au trafic ou transport de drogue. Mais à leur âge, elles vont se ruiner la vie en tombant dans ce piège. Ce n’est pas facile la prison, encore moins quand on est vieux. On n’a même pas de caution», ajoute notre interlocuteur.

Pour Saoud Muthy, psychothérapeute et Programme Executive de l’association Kinouété, cette tendance des aïeux à sombrer dans le trafic de drogue est internationale : «Avant, les barons ciblaient les gens pauvres et des enfants mules. Maintenant, les retraités de 60-70 ans sont dans le viseur». Chez les vieux trafiquants, cette pratique date de plusieurs années, estime-t-il : «Ils ont dû commencer avec le cannabis puis évoluer avec les autres drogues. Mais on voit plus de mules âgées actuellement».

Combien cette pratique rapporte-t-elle ? Pour des «ti cargo» de 2 à 3 grammes de drogue, le transport revient à Rs 2 000. Pour les cargaisons plus importantes, les mules peuvent empocher 500 dollars américains. La tentation est grande, estime-t-il. «Avec leur pension de vieillesse, les dettes et le délaissement des enfants, les aînés n’arrivent pas à survivre. Gagner Rs 10 000 pour un simple transfert est alléchant». De plus, souligne-t-il, avec l’avancée en âge et la maladie, les papys et mamies deviennent plus vulnérables et incarnent des mules parfaites.

«Les trafiquants vont toujours innover. Par exemple, s’ils voient une personne malade, ils vont essayer de l’attirer vers la drogue. En termes d’âge, on trouve plus fréquemment les trentenaires et quadragénaires. Quelques fois, on tombe sur des retraités», constate un officier de l’Anti-Drug and Smuggling Unit. Selon lui, les catégories les plus ciblées demeurent toujours celles au seuil de la pauvreté.

En chiffres

4 592 prisonniers étaient âgés de plus 50 ans. Ces statistiques de la prison comprennent les hommes incarcérés de 1995 à 2017 pour tous délits confondus. Si vers 1989, ce taux n’était que de 39, il s’est vite multiplié, passant à 230 en 1999. Et en 2003, 1 522 hommes de plus de 50 ans étaient incarcérés. Durant les années suivantes, le taux dépassait la centaine. En 2016, cela dit, la population carcérale plus âgée était de 219 prisonniers. Chez les femmes, en 2015 comme en 2016, 8 détenues avaient plus de 50 ans respectivement. Pour 2017, ce taux était de 6.


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Lexpress

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