Bianca Andreescu, vainqueure de l’US Open et star dans son pays

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Bianca Andreescu, après sa victoire contre Serena Williams en finale de l’US Open, samedi 7 septembre.
Bianca Andreescu, après sa victoire contre Serena Williams en finale de l’US Open, samedi 7 septembre. Geoff Burke / USA TODAY Sports

Les Toronto Raptors seront restés la gloire du sport canadien durant deux mois. Et puis l’ouragan Andreescu est passé, à la fin de l’été, se faisant une place aux côtés des imposants champions NBA, du haut de son mètre soixante et onze.

Dans l’après-midi du samedi 7 septembre, dans les rues de Toronto et les clubs-house de tennis, on a vu une jeune femme de 19 ans démolir Serena Williams à coups de parpaings accompagnés d’un grand cri (6-3, 7-5), rester sourde au bruit de Flushing Meadows et à l’enjeu du moment pour remporter l’US Open. Bianca Andreescu disputait le tournoi pour la première fois, face à l’icône américaine, dont la première victoire à New York date de 1999 ; soit à peu près au moment de la conception de la Canadienne par ses parents immigrés de Roumanie.

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Andreescu s’est excusée auprès du public américain d’avoir empêché Williams d’égaler le record de 24 victoires en grand chelem toujours détenu par Margaret Court. « Tellement canadien », s’est amusé le compte Twitter « Cause We’re Canadian ».

Williams est « fan » d’elle, de la sororité – vertu pas si courante sur le circuit WTA – dont elle avait fait preuve en finale à Toronto en août, quand l’Américaine avait été poussée à l’abandon par une blessure.

Alors, le Canada avait découvert son visage rond et affirmé, sa peau de fin d’adolescence et son style décontracté, sorti de la fac, sans être trop apprêtée. L’anti-Eugenie Bouchard en somme, sa compatriote dont la finale à Wimbledon à 19 ans, en 2014, avait précédé une glissade jusqu’ici ininterrompue.

« She the North »

Le goût de Bianca Andreescu pour le marketing est moins affirmé que sa prédécesseure montréalaise, au point que la WTA lui suggère, après sa victoire en mars à Indian Wells, d’être davantage présente sur Instagram. La jeune femme a ainsi partagé sur le réseau social la coupe de champagne avec famille et staff dans la soirée à New York, au son du tube du rappeur canadien Drake, « Started from the bottom ».

Approprié pour une joueuse encore classée au-delà de la 150e place mondiale en début de saison, désormais numéro 5, une percée fulgurante et sans doute inégalée depuis Jennifer Capriati dans les années 1990. Elle n’a été battue que quatre fois cette année. Et qu’en serait-il si une épaule endolorie ne l’avait pas écartée des courts entre avril et août (un seul match terminé à Roland-Garros) ?

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« On pourrait en débattre durant des heures et des heures, mais l’exploit qu’a réussi Bianca Andreescu samedi après-midi à Flushing Meadows est peut-être le plus grand de toute l’histoire du sport canadien », juge le chroniqueur de Radio Canada Martin Leclerc. Dans le pays, les participants aux microtrottoirs louent sa ténacité sur le court et son jeu offensif.

Geoff Burke / USA TODAY Sports

« Je parle à des gens qui ne suivent normalement pas vraiment le tennis, ils sont très intéressés en ce moment. Tout le monde me parle d’elle », assure Russ Sluchinski, entraîneur de tennis à l’université d’Alberta, cité par le journal de Toronto The Star. Dans le capitale économique, on a affublé Andreescu d’un premier slogan, « She the North » (« Elle, c’est le Nord »), pastiche du « We the North » revendiqué par les Toronto Raptors, premiers champions NBA de l’histoire du pays en juin.

« La célébrité, je ne m’en plains pas »

« Bibi » Andreescu vient de Mississauga, dans la banlieue de Toronto, fille d’immigrés roumains ayant quitté leur pays avec leurs diplômes à la fin des années 1990. Elle aime le beurre de cacahuètes et son caniche Coco, accrédité à l’US Open, souvent assis sur les genoux maternels.

Les conférences de presse sont pour elles un endroit comme un autre, où elle s’interroge à haute voix sur la possibilité de dire « fuck », se prend la tête entre les mains et laisse sortir ses émotions. Samedi soir, dans l’auditorium bondé à l’issue de l’US Open, elle a fondu en larmes au milieu d’une réponse et a avoué candidement que son objectif avait toujours été de gagner « un maximum de tournois du grand chelem et devenir numéro un mondiale ». « L’idée de la célébrité ne m’a jamais traversé l’esprit, mais je ne me plains pas. Je peux tout à fait m’y habituer », admet Andreescu.

« Je l’ai souvent dit et je le répète, c’est l’un de mes objectifs d’inspirer les gens et en particulier les athlètes canadiens. Tant d’athlètes canadiens m’ont montré la voie quand j’étais jeune. [L’ancienne joueuse canadienne Carling] Bassett, [le basketteur] Steve Nash, je peux en citer tellement. C’est vraiment important de bénéficier de ces exemples lorsqu’on est très jeune. »

« Jamais eu le moindre problème en étant fille d’immigrés »

Si son idole du moment est Simona Halep, la numéro un mondiale avec qui elle échange fréquemment en roumain, sa langue natale, Bianca Andreescu n’a pas hésité une seconde à représenter le Canada, où elle est née après l’arrivée de ses parents. Interrogée samedi sur d’éventuelles difficultés qu’elle aurait connues dans son enfance, du fait de ses origines étrangères, elle a répondu très sûre d’elle :

« Le Canada est un pays formidable, multiculturel, je n’ai jamais eu le moindre problème en étant fille d’immigrés. C’est pour cela que j’aime tant mon pays. C’est la même chose avec “Tennis Canada”, ils m’accompagnent depuis que j’ai dix ans. Leurs programmes de développement m’ont beaucoup aidé et sans leur aide, je ne serais pas là. »

Le succès du tennis canadien incarne la diversité de l’immigration au pays de la feuille d’érable : aux origines roumaines d’Andreescu, il faut ajouter le père togolais de Félix Augier-Aliassime (19e mondial), les origines russo-israéliennes de Denis Shapovalov (33e mondial) et celles monténégrines de Milos Raonic (redescendu au 22e rang).

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Les similitudes avec la popularité des Toronto Raptors sautent aux yeux, tandis que le hockey sur glace, sport traditionnellement blanc, suscite moins d’intérêt chez la nouvelle génération canadienne. Les Raptors, l’une des franchises les plus ouvertes sur l’étranger en NBA – elle a fait confiance à un manager général nigérian, Masai Ujiri, qui l’a menée au titre -, a rassemblé les minorités de Toronto, soulignait en juin l’écrivain torontois d’origine pakistanaise Omer Aziz.

« Quand nous chantions “We the North,” nous signifiions que, pour la première fois, cette ville, ce pays, cette équipe, appartenait à tous, écrivait-il dans le New York Times. Nous étions débarrassés de la gueule de bois coloniale, et saisissions enfin la part de “swag” qu’il y avait dans le fait d’être l’étranger, l’intrus. »

Un statut dont s’est parfaitement accommodé, avec le « swag » qui la caractérise, Bianca Andreescu en finale de l’US Open.



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