Une victime de violences et ses multiples « personnalités » ont témoigné devant la justice australienne

0
139

[ad_1]

Pour survivre à d’innombrables sévices, Jeni Haynes s’est créé 2 500 personnalités. Victime de trouble dissociatif de l’identité, elle a pu faire témoigner ses alter ego et obtenir justice.

Par Publié aujourd’hui à 16h23, mis à jour à 16h36

Temps de Lecture 3 min.

Aujourd’hui âgée de 49 ans, Jeni Haynes a des lésions irréparables à la vue, à la mâchoire, aux intestins, à l’anus et au coccyx. Son père l’a violée, battue et torturée, physiquement comme psychologiquement, de l’âge de 4 ans à celui de 11 ans. Pour se défendre face à cette horreur indicible, Jeni Haynes s’est créé une myriade de personnalités. Deux mille cinq cents exactement d’après la BCC, qui l’a rencontrée.

Cette effroyable histoire, que la police australienne décrit comme l’un des pires cas de maltraitance que le pays ait connu, s’est produite à Sydney entre 1974 et 1981. Les violences ont commencé quand la famille de Jeni Haynes a quitté Londres pour l’Australie.

« Les maltraitances de mon père étaient calculées et planifiées. C’était voulu et il en appréciait chaque minute, a-t-elle raconté lors du procès, en mai dernier. Il m’entendait le supplier d’arrêter, il m’entendait pleurer, il voyait la douleur et la terreur qu’il m’infligeait, le sang et les blessures qui en résultaient. Et le jour suivant, il choisissait de recommencer. » Son père l’avait aussi convaincue qu’il pouvait lire dans ses pensées et que si elle venait à penser aux maltraitances, même seule, il tuerait sa mère, sa sœur, son frère et même son chat, Blackie, a aussi décrit Jeni Haynes.

Des personnalités multiples, une « stratégie de survie »

Jeni… mais aussi Symphony, Muscles ou Linda. Car face à la répétition des abus, la personnalité de Jeni Haynes s’est multipliée, et elle a développé un trouble dissociatif de l’identité. Il s’agit d’une « stratégie de survie » peu fréquente, en réponse « aux abus extrêmes et aux traumatismes que l’enfant a subis », a expliqué la psychologue Pam Stavropoulos. Incapable de gérer la violence des maltraitances, la petite fille qu’elle était passait le relais à un alter ego pour fragmenter ses douleurs. La première personnalité que Jeni a créée est Symphony. « Elle a enduré chaque minute des mauvais traitements de papa et quand il a abusé de moi, sa fille Jeni, il abusait en fait de Symphony », a expliqué la victime à la BBC.

Au fil du temps, Symphony a elle-même créé d’autres personnalités pour survivre, chacune d’entre elles devant gérer un élément des maltraitances, qu’il s’agisse d’une violence physique ou d’une odeur rappelant un traumatisme. Alors que la BBC interviewe Jeni, Symphony prend le relais. Sa voix devient plus aiguë, plus féminine et rapide. « Les mauvais traitements infligés par papa étaient extrêmes, violents, sadiques, inévitables, constants et potentiellement fatals », affirme-t-elle.

A part Symphony, qui a 4 ans, de multiples personnalités coexistent dans la tête de Jeni : Muscles est un grand adolescent, calme et protecteur ; Volcano, un rockeur habillé en cuir noir ; Ricky, un petit garçon de 8 ans vêtu d’un costume ; Judas, un petit roux, toujours sur le point de parler ; Linda, une jeune femme élégante… Des milliers de personnes contre des milliers de sévices.

Une première historique et judiciaire

Ce procès, au cours duquel une personne avec un trouble dissociatif de l’identité a pu faire témoigner ses alter ego, est une première en Australie, et peut-être même dans le monde. La cour de Sydney a en effet autorisé Jeni à convoquer une trentaine de ses personnalités pour qu’elles témoignent des violences que chacune a subies. « Nous n’avions pas peur. Nous avons attendu tellement longtemps pour dire au monde exactement ce qu’il nous a fait subir et maintenant, il ne peut plus nous faire taire », a lancé Jeni pendant le procès.

« La nature de l’affection est telle qu’elle engendre le scepticisme, l’incrédulité et le malaise quant à ses causes – en partie parce que les gens ont du mal à croire que les enfants peuvent être soumis à des abus aussi extrêmes », a estimé la psychologue Pam Stavropoulos. D’après elle, « le cas de Jeni est important parce qu’il permet une prise de conscience plus large de cet état de santé très difficile (…) qui n’est pas encore suffisamment connu ».

Confronté à sa fille, Richard Haynes a plaidé coupable au bout d’une dizaine d’heures d’une trentaine de charges, notamment pour des viols, des sodomies et des attouchements. Le 6 septembre, la cour de Sydney a rendu son verdict. L’homme de 74 ans a été condamné à quarante-cinq ans de prison, la plus lourde peine pour des abus sur enfant dans l’histoire du pays.



[ad_2]

Source link

Have something to say? Leave a comment: