« Ecouter les autochtones du Canada et réparer l’Histoire »

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Dans un entretien au « Monde », l’essayiste réagit aux conclusions d’un rapport sur l’enquête nationale concernant les femmes et les filles autochtones, disparues et assassinées au Canada depuis les années 1980.

Propos recueillis par Publié aujourd’hui à 15h44

Temps de Lecture 7 min.

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Essayiste et romancier canadien, John Ralston Saul a été président du prestigieux PEN Club International de 2009 à 2015. Il est notamment l’auteur du Grand Retour (Boréal, 2015), qui dresse le portrait sans fard ni misérabilisme des peuples autochtones du Canada. Il réagit aux conclusions du rapport final de l’enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones, disparues et assassinées au Canada depuis les années 1980.

Quelles sont les conclusions les plus importantes de ce rapport ?

Je suis impressionné par la profondeur de l’enquête réalisée. Les recommandations très nombreuses et détaillées de ce rapport tracent avec précision une voie montrant ce qui doit changer radicalement dans toutes les sphères relatives aux autochtones : l’attitude et le travail des policiers, fonctionnaires, juristes, éducateurs, services sociaux… Des actions sont identifiées pour chacune d’entre elles, afin de rendre justice aux autochtones et de « réparer » nos relations avec eux, à l’intérieur des communautés elles-mêmes et dans les villes où vivent la moitié d’entre eux. Cet exercice était essentiel. Maintenant, il faut accepter la vérité et que chacun prenne ses responsabilités. Je cite souvent cette phrase qui n’est pas de moi : « On n’est pas tous coupables, mais on est tous responsables ! »

Quelles sont les actions les plus urgentes à entreprendre ?

Elles concernent la police – au premier chef, la gendarmerie royale du Canada, notre police nationale – et le ministère des affaires autochtones, qui doivent radicalement modifier leurs façons de faire. Ils ont une lourde part de responsabilité dans les tragédies qu’ont vécues les autochtones au cours des cent cinquante dernières années.

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S’agissant de la police, dont les enquêtes concernant plus d’un millier de femmes disparues ou assassinées ont souvent été bâclées, il est urgent qu’elle soit mieux formée aux réalités des autochtones et qu’elle intègre dans ses rangs davantage de représentants des Premières Nations. Ensuite, il faut en finir avec le ministère des affaires autochtones, qui régente la totalité des programmes, dont l’éducation, le logement, destinés aux peuples autochtones (Premières Nations, Nation métisse et Inuits). Il faudrait en confier la gestion à des structures indépendantes, et surtout aux autochtones eux-mêmes qui le réclament à juste titre.

Par ailleurs, même si elle a depuis été modifiée à plusieurs reprises, la loi sur les Indiens datant de 1876 reste inacceptable. [Le premier ministre] Justin Trudeau a promis de la changer en profondeur. C’est une réforme de fond, complexe, qui se prépare en concertation avec les autochtones, mais qui prend du temps. Or, il y a urgence à réviser complètement cette loi.

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