« Nous devons repartir de zéro »

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Dans le quartier de Malvern, à Johannesburg, les commerçants victimes de destructions et de pillages constatent l’étendue des dégâts.

Le Monde avec AFP Publié aujourd’hui à 09h35

Temps de Lecture 2 min.

Paul Dihi, un immigré ivoirien, devant son bâtiment incendié dans le quartier de Malvern, à Johannesburg, le 4 septembre 2019.
Paul Dihi, un immigré ivoirien, devant son bâtiment incendié dans le quartier de Malvern, à Johannesburg, le 4 septembre 2019. MICHELE SPATARI / AFP

Paul Dihi avance avec précaution près de la façade noircie, pour éviter de tomber dans les débris. De son immeuble de deux étages à Johannesburg, il ne reste qu’une carcasse carbonisée après l’attaque d’émeutiers contre des commerces, dimanche 1er septembre au soir, dans le quartier de Malvern. Cet Ivoirien de 51 ans, arrivé en Afrique du Sud en 1996, fait partie des nombreux étrangers victimes des violences xénophobes qui ont enflammé Johannesburg pendant trois jours.

Dans la nuit de dimanche à lundi, « vers 2 heures du matin, un des locataires m’a appelé pour me dire que le bâtiment était en flammes », se rappelle-t-il, se plaignant du manque de réactivité des pompiers : « Ils se sont pointés ici à 7 heures. Mon bâtiment était déjà réduit en cendres. » Le bâtiment, que Paul Dihi louait à des commerçants nigérians, sud-africains ou zimbabwéens, était sa principale source de revenus. Il n’avait jamais connu un tel niveau de destruction. « Je veux réparer le bâtiment, le vendre et rentrer dans mon pays », dit-il. De l’autre côté de la rue, une famille se retrouve du jour au lendemain sans ressources.

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L’Afrique du Sud, première puissance industrielle du continent, attire de nombreux Africains en quête d’une nouvelle vie, notamment du Zimbabwe et du Mozambique voisins. Mais dans ce pays à l’économie fragile et au fort taux de chômage (29 %), les étrangers sont devenus les boucs émissaires et les cibles des dernières violences.

289 personnes arrêtées

Dans le garage automobile Salbro Auto, seuls deux véhicules sur 35 ont survécu. Les autres ont été brûlés ou volés ; dans Jules Street, les pillards ont pris le dessus sur la police. « Ça représente beaucoup d’argent », explique Abdallah Salajee, qui a repris récemment le garage de son père : « Nous n’avions pas d’assurance. Nous devons repartir de zéro. » Venus d’Inde, les Salajee vivent dans le pays depuis les années 1980. « Nous sommes des Sud-Africains, assure le garagiste. Qu’ont-ils gagné à faire cela ? »

Mercredi, un calme tendu était revenu à Johannesburg. La police a dispersé les manifestants et renforcé ses patrouilles dans la zone, tandis que 289 personnes ont été arrêtées depuis dimanche. Dans Malvern, des hommes en haillons se sont rassemblés autour des restes de voitures incendiées pour tenter de récupérer des morceaux de métal, dans le but de les revendre. A 5 km des luxueux centres commerciaux de Sandton, l’un des quartiers les plus riches de Johannesburg, des femmes fouillent encore dans un tas de salades abandonnées par les pillards.

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Des commerces du township d’Alexandra ont aussi été pillés et la plupart des boutiques sont restées fermées mercredi, de crainte de nouvelles violences. Enver Lombard, un commerçant sud-africain, a été l’un des seuls à rouvrir après avoir caché son stock pendant la nuit. « Nous sommes venus à 4 heures du matin et avons rapporté la marchandise de nos dépôts parce que nous devons travailler », explique l’homme, âgé de 80 ans, au milieu d’un stock éclectique de marchandises : appareils DVD, CD et baskets…

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