Avec Bolsonaro, un Brésil de plus en plus étranger

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Un tiers des Brésiliens soutiennent leur président en dépit de ses piètres résultats et de ses provocations. A l’heure de quitter le pays, notre correspondante revient sur les raisons qui ont mené le dirigeant d’extrême droite au pouvoir.

Par Publié aujourd’hui à 05h25, mis à jour à 07h26

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Jair Bolsonaro à Brasilia, le 29 août.
Jair Bolsonaro à Brasilia, le 29 août. EVARISTO SA / AFP

LETTRE DE SAO PAULO

La municipalité était à plus d’une heure de route des plages de Copacabana mais se targuait d’appartenir encore à Rio de Janeiro. De l’ancienne capitale brésilienne, Seropedica n’avait pourtant conservé que la chaleur écrasante et cette violence absurde qui meurtrit chaque nuit une jeunesse misérable et sans destin, laissant de côté l’insouciance et le charme fané de Rio.

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C’était ici qu’Andinho, gérant d’une boutique d’équipement automobile, nous avait lâché en 2018 qu’il voterait sans hésiter pour « le plus fou » des candidats à l’élection présidentielle. Le quadragénaire n’aimait guère Jair Bolsonaro, militaire de réserve, nostalgique de la dictature (1964-1985) mais, harcelé par les milices, racketté et humilié par les gros bras semant la terreur à Seropedica, il avait perdu confiance dans les institutions. « Il faut quelqu’un comme lui, quelqu’un qui fait peur », soutenait-il.

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Gauche diabolisée

Quelques mois plus tard, Jair Bolsonaro a été porté au pouvoir, élu à une large majorité face au candidat de la gauche, Fernando Haddad. Andinho l’humilié l’avait emporté et avec lui une kyrielle de Brésiliens, honteux ou hypocrites assurant que le militaire, parlementaire depuis près de trente ans, allait incarner « le changement » face à une gauche diabolisée, accusée d’avoir ruiné le pays en fabriquant une génération d’assistés et suspectée de vouloir faire du Brésil un ersatz de Venezuela.

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En parlant avec le petit commerçant de Seropedica, j’ai su que Jair Bolsonaro, ce candidat que peu prenaient encore réellement au sérieux arguant que « les Brésiliens n’aiment pas l’agressivité », avait toutes ses chances. Arrivée en 2015 dans le pays, j’avais perçu la colère des Brésiliens, cette exaspération qui mène à toutes les outrances. La nation du « futebol », de la gentillesse, du métissage et de l’exubérance avait pris pour moi des allures bien différentes de celles que j’imaginais.

Les inégalités, le racisme, la dureté du quotidien pour une majorité de non-privilégiés le disputaient à cette douceur de vivre alimentée par la lumière d’un soleil permanent. Lula, président auréolé sur la scène internationale lors de ses deux mandats (de 2003 à 2010), était en réalité haï par une partie significative du pays. On reprochait à l’ancien métallo les affaires de corruption le visant lui et son parti – le Parti des travailleurs (PT) –, mais aussi, plus profondément, sa politique envers les oubliés de l’Etat, les domestiques et les gens de peu auxquels il avait permis de redresser la tête.

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