La Tunisie face au risque de la fragmentation politique

0
168

[ad_1]

La campagne en vue du scrutin présidentiel du 15 septembre démarre sur fond de désenchantement à l’égard de la classe politique qu’exploitent des candidats populistes.

Par Publié aujourd’hui à 05h41, mis à jour à 06h39

Temps de Lecture 5 min.

Article réservé aux abonnés

Une militante colle l’affiche de campagne du candidat d’Ennahda, Abdelfattah Mourou, à Tunis, le 2 septembre.
Une militante colle l’affiche de campagne du candidat d’Ennahda, Abdelfattah Mourou, à Tunis, le 2 septembre. ZOUBEIR SOUISSI / REUTERS

Une nouvelle fois, la Tunisie va attirer l’attention sur son chantier démocratique, cette singularité dans le monde arabo-musulman. La campagne en vue du scrutin présidentiel du 15 septembre, qui s’ouvre officiellement lundi 2 septembre, va permettre aux Tunisiens d’élire au suffrage direct leur chef d’Etat pour la seconde fois depuis la révolution de 2011.

La tenue d’une telle consultation, qui confirme en elle-même l’inscription du pays dans une trajectoire démocratique, survient toutefois dans une atmosphère lourde et brouillée où l’incertitude, voire l’inquiétude, tempère aux yeux de nombreux Tunisiens la fierté d’avoir ouvert une voie originale à l’échelle régionale. « Cette séquence électorale comporte un risque, celui de l’ingouvernabilité », résume Hatem M’rad, professeur de science politique à Tunis.

La principale hypothèque concerne la stabilité d’un paysage politique en pleine reconfiguration. Le scrutin présidentiel du 15 septembre, qui sera suivi le 6 octobre d’élections législatives, va-t-il résorber ou au contraire aggraver la fragmentation de la scène partisane observée ces deux dernières années ? Parmi les vingt-six candidats à la présidence, la percée dans les sondages d’opinion de figures dites « populistes » ou « antisystème » sur fond de défiance à l’égard des deux partis établis – Nidaa Tounès (« moderniste ») et Ennahda (« islamiste ») – consacre la fin d’une période, celle où le clivage autour de l’islam politique structurait le champ politique tunisien.

Lire aussi En Tunisie, début d’une élection présidentielle cruciale pour l’enracinement de la démocratie

La donne préélectorale bouleversée

La résurgence de la question sociale, notamment celle de la pauvreté, combinée au vent de fronde anti-élite, explique notamment l’essor de Nabil Karoui, flamboyant et controversé patron de la chaîne de télévision Nessma, qui a engrangé un capital de sympathie à travers ses activités caritatives après des villages pauvres de la Tunisie intérieure. L’arrestation le 23 août de M. Karoui, soupçonné de « blanchiment d’argent » et d’« évasion fiscale », a bouleversé la donne préélectorale. De sa prison de la Mornaguia, près de Tunis, le magnat de la télévision, souvent présenté comme le « Berlusconi tunisien », ne peut personnellement mener campagne mais il reste toujours formellement en lice, selon l’Instance supérieure indépendante des élections (ISIE).

Lire aussi En Tunisie, l’arrestation du candidat Nabil Karoui bouleverse la campagne présidentielle

Son arrestation, dénoncée par ses partisans comme une « manœuvre politique » digne des « pratiques de l’ancien régime », a paradoxalement assis sa popularité, si l’on en croit les sondages, en confortant son statut de « victime de l’establishment ». L’irruption d’autres figures, tels l’universitaire Kaïs Saïed, tribun à la rhétorique ultra-conservatrice, ou l’avocate Abir Moussi, qui cultive la nostalgie de l’ère Ben Ali – renversé en janvier 2011 par la révolution –, illustre également la quête d’alternatives aux formations qui ont dominé la scène depuis huit ans. « Quand on voit ces linéaments de régime autoritaire et cette fragmentation de la scène politique, on ne peut pas vraiment parler de consolidation de la démocratie en Tunisie », s’inquiète le politiste Hamadi Redissi.

[ad_2]

Source link

Have something to say? Leave a comment: