Katheline Da Costa-Toussaint: «Les incendies en Amazonie sont provoqués par des agriculteurs»

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Katheline Da Costa-Toussaint, membre de Fridays for Future, dont la mère est Brésilienne.

Katheline Da Costa-Toussaint, membre de Fridays for Future, dont la mère est Brésilienne.

Réagissant aux incendies qui déciment actuellement l’Amazonie sur Facebook, Katheline Da Costa-Toussaint, étudiante, met le feu aux poudres. Ayant séjourné au Brésil, elle allume ces pratiques criminelles, l’inaction face au réchauffement climatique et l’abattage des arbres à Maurice.

Les forêts ne cessent de partir en fumée en Amazonie. Pourquoi selon vous ?
Déjà, ce ne sont pas que des incendies naturels. Ils sont davantage provoqués par des agriculteurs…

À quelles fins ?
Ben pour exploiter les terres. Les étrangers déclenchent des incendies en Amazonie pour y faire des cultures. C’est pour leur propre avantage. Ils achètent les tribus d’Indiens pour qu’ils troquent leurs terres contre de grosses voitures et autres objets de luxe. Ils font cela pour planter du soja. Ces cultures s’étendent à perte de vue. Les agriculteurs utilisent plein de pesticides. Après la récolte, ces produits sont donnés aux animaux sujets à des exportations et que nous consommons finalement à notre tour.

Comment réagissez-vous face à ces incendies ?
Je suis révoltée. Comme ma maman est Brésilienne, nous y allons pour les vacances. Quand j’entends parler de ces incendies, j’ai peur pour mon avenir, pour celui de mes enfants. Dans quel monde vont-ils vivre ? Verront-ils du feu partout ? Je suis en colère. C’est l’air que nous respirons tous.

Du coup, cette forêt, le «poumon de la planète», s’étouffe de plus en plus…
Absolument. Faisons quelque chose. Regardez : pas plus tard que jeudi dernier, deux frères ont volontairement provoqué un incendie au Brésil. Ils le font au vu et au su de tous. Toutes les unités policières et le gouvernement sont à leur recherche. D’ailleurs, en Amazonie, il y a beaucoup de terre à exploiter. En dépit des protections de l’environnement, et de par la superficie, il est difficile d’avoir un contrôle et une sécurité 24 heures sur 24.

L’Amazonie affiche quand même 6 500 incendies et le Brésil 80 000, depuis janvier 2019. Cela vous inquiète ?
D’après ma maman, qui a vécu là-bas, il n’y avait pas autant d’incendies auparavant. On en voit plus fréquemment aujourd’hui. Actuellement, c’est le Sud qui en est affecté. Mais si ça continue, cela touchera les autres États de l’Amazonie. Aux incendies criminels, se rajoutent ceux causés par le réchauffement climatique. Les mois d’août et de septembre sont les plus chauds au Brésil. La chaleur est telle que la forêt prend feu. C’est également le cas en Suisse, en Afrique et dans d’autres pays. Il faut prendre ce problème en considération. Le monde va mal. Quand on regarde une photo satellite de la planète, on voit du bleu et du vert. Dans quelques années, on n’y verra que du gris fort, de la construction, pollution, etc.

Quels sont les risques pour les habitants ?
Les gens ont surtout peur de perdre la forêt. C’est le «poumon de la planète». Puis, la fumée les affecte. Les enfants et les femmes enceintes sont les plus vulnérables à la toxicité. D’autant qu’en Amazonie, il y a beaucoup de naissances prématurées. Je pense que ce serait lié à la fumée.

Cela vous fait donc peur d’y retourner ?
Au contraire, j’ai vraiment envie d’y repartir pour me battre et montrer ma voix. Cela ne me freine pas. La majorité des incendies n’est pas naturelle mais provoquée par intervention humaine. Toute seule, je ne pourrais sensibiliser tout le monde. J’ai besoin de gens qui se rallient à la cause : c’est-à-dire que la population réalise ce qu’on fait à la Terre.

Que va-t-il se passer si la forêt continue à flamber ?
En Inde, c’est très pollué. L’air y est très lourd. Imaginez qu’il n’y ait plus de forêt, plus de poumon de la planète. On finira comme en Inde. On sera privé de cet air pur. Même si on voulait tout replanter, cela prend des siècles pour retrouver la biodiversité. À la base, il ne faut pas détruire les forêts.

Quant au réchauffement, si chaque personne faisait un petit geste, par exemple une famille sur dix qui se met à recycler, ce serait déjà ça. C’est énorme. Il y a aussi Ebony Forest, qui rétablit la biodiversité. Il faut qu’on agisse rapidement contre le réchauffement climatique. Bien sûr, certains disent que c’est un mythe. Regardez dans quelques années ce qui arrivera. On voit déjà l’impact avec les inondations, qui n’épargnent pas Maurice non plus.

Justement, quel est votre constat sur la situation locale ?
D’abord, il y a beaucoup de déforestation. Si ça continue, on ne sera plus une île paradisiaque. On se fondra dans le gris. Maurice se transformera en Inde. Déjà, on a détruit plein de flamboyants : je ne comprends vraiment pas. Je ne vois pas l’intérêt d’un métro à Maurice. Des gens vont brandir la modernité etc. Mais Maurice est petit, un point sur la mappemonde. Je prends un ou deux autobus et je suis déjà arrivée dans le Sud. C’est du gaspillage pour rien, en sachant qu’on a détruit énormément d’arbres.

Pourtant, la garantie a été donnée pour la transplantation et le reboisement…
Ben, là encore, cela prendra des années pour la repousse. Pourquoi avoir détruit en premier lieu ? Les résultats prendront des siècles. De toute manière, ils vont replanter des arbres pour les abattre pour faire d’autres projets après. Donc c’est bête. Au lieu de mettre des millions dans le métro, qui est inutile à mon sens, on pourrait injecter cet argent-là dans des hôpitaux. Pour moi, Maurice en a besoin. D’ailleurs, ce n’est même pas tout le monde qui pourra voyager à bord. On pourrait améliorer des écoles. Plusieurs sont pitoyables à regarder. Il faut investir davantage dans ces infrastructures et dans des universités publiques.

Quelles sont les solutions ?
Même si on est une petite île, on peut agir contre le changement climatique. On peut faire la différence. De plus, l’impact de la pollution est considérable. Nous avons des plages de plastique. Les Mauriciens ne s’en rendent pas compte. Lors d’un nettoyage à Tamarin, le 8 juin, on a collecté une tonne de déchets en une journée. Maurice produit 1 500 tonnes de déchets par jour. C’est énorme. Tant de gens balancent banalement leurs déchets de leur voiture. Il faut changer cette habitude-là. Je ne comprends pas. Quand je marche dans les rues d’Ébène ou de Port-Louis, j’ai envie de pleurer, tellement c’est pollué. Maurice est notre maison pourtant.

Bio express

Âgée de 19 ans, Katheline Da Costa-Toussaint est étudiante. Membre du mouvement Fridays For Future, elle s’apprête à lancer la fondation «Blue Soul» en novembre. Celle-ci vise à procéder à des activités de nettoyage, entre autres actions. Elle collectera des fonds à partir de la vente de bracelets brésiliens qu’elle fabrique elle-même.


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Lexpress

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