« Les femmes afghanes en première ligne en cas d’accord entre les Etats-Unis et les talibans »

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L’accord en cours de négociation entre les Etats-Unis et les talibans risque d’ouvrir les portes du pouvoir au mouvement fondamentaliste, explique, dans sa chronique, Alain Frachon, éditorialiste au « Monde ».

Publié aujourd’hui à 11h58 Temps de Lecture 4 min.

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L’envoyé américain pour la paix Afghanistan, Zalmay Khalilzad, à Washington, le 8 février.
L’envoyé américain pour la paix Afghanistan, Zalmay Khalilzad, à Washington, le 8 février. Jacquelyn Martin / AP

Chronique. Les Afghanes payeront-elles le prix de la paix ? L’esquisse de liberté qu’elles ont chèrement acquise sera-t-elle sacrifiée sur l’autel d’une ambition supérieure : la fin de quarante années de guerre dans l’un des plus misérables pays du monde ? La question peut sembler incongrue, mais elle va se poser très vite.

D’ici à l’été, un accord devrait être conclu entre les Etats-Unis – dont les 14 000 hommes forment l’essentiel de la force de l’OTAN encore déployée en Afghanistan – et l’insurrection armée des talibans – qui veulent faire tomber le gouvernement de Kaboul. Américains et talibans s’affrontent depuis plus de quinze ans. Aujourd’hui, ils négocient, dans la capitale du Qatar, à Doha. Le chef de la délégation américaine, l’ambassadeur Zalmay Khalilzad, a annoncé courant février les grandes lignes d’un possible accord de principe.

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C’est un donnant-donnant assez simple. Les soldats américains rentrent au pays si les talibans garantissent que le territoire afghan ne servira plus jamais de base à des groupes terroristes occupés à monter des attentats contre les Etats-Unis. Au mieux, cela veut dire que les talibans vont revenir à Kaboul et négocier leur retour en politique avec le président Ashraf Ghani – élu en 2014 et qui remet son mandat en jeu en juillet. Au pire, le retrait des Etats-Unis ouvre grandes les portes du pouvoir à ce mouvement fondamentaliste islamiste. Personne n’imagine que l’armée afghane tiendra longtemps sans l’appui des Américains : en un sens, la guerre maintient l’économie et le régime.

Une guerre ingagnable

Dans cette affaire, les femmes sont en première ligne. Tenant d’une version réactionnaire et barbare de l’islam sunnite, le mouvement des talibans se distingue par cette étrange obsession : maintenir les femmes dans l’analphabétisme. Les spécialistes de l’Afghanistan chicaneront. Ils dénonceront dans cette observation une manière de caricature ou d’arrogance politiquement correcte occidentale, un résumé simpliste pour évoquer la grande ethnie pachtoune, majoritaire chez les talibans et en Afghanistan. Mais aucun vieux turban ne viendra démentir cette vérité historique : au pouvoir du milieu des années 1990 à 2001, les talibans – les « étudiants en religion » – ont interdit l’école aux filles, entre autres infamies infligées au pays.

Partis du Pakistan, qui les a inventés pour assurer sa tutelle sur l’Afghanistan, les talibans prennent Kaboul en 1996. Ramenant l’ordre dans un pays ravagé par les seigneurs de la guerre, ils y hébergeront vite les djihadistes arabes d’Oussama Ben Laden, le créateur d’Al- Qaida. Au lendemain des attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis, Washington assemble une coalition internationale qui chasse les talibans de Kaboul. Les « étudiants en religion » retournent dans leurs bases arrière pakistanaises. Mais chaque printemps les voit redescendre des vallées de l’Hindou Koush pour aller guerroyer contre les forces occidentales et afghanes au service du nouveau gouvernement de Kaboul. On sait ce qu’il en est : attentats atroces perpétrés par les talibans et milliers de bombes déversées par les autres.

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