« La suspension du Parlement est l’attaque la plus flagrante contre la démocratie que la Grande-Bretagne ait jamais connue »

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Boris Johnson joue la souveraineté du peuple contre les institutions démocratiques, analyse le politiste américain Yascha Mounk dans une tribune au « Monde » : une attitude typique des populistes selon lui.

Publié aujourd’hui à 07h00 Temps de Lecture 5 min.

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Tribune. Depuis quelques mois, j’entends les gens se demander si l’on peut dire du nouveau premier ministre du Royaume-Uni, Boris Johnson, qu’il est un populiste autoritaire du même acabit qu’un Donald Trump ou qu’un Matteo Salvini. Comme ces derniers, M. Johnson multiplie les promesses simplistes, encourage le culte de sa personnalité et adore fustiger les élites (alors même qu’il en fait partie). Néanmoins, contrairement à MM. Trump et Salvini, il cultive une image plutôt libérale sur les questions sociales, ne cesse de répéter qu’il aime apprendre et pense que la Grande-Bretagne peut tirer avantage de certaines formes de diversité et d’immigration. Les tenants de ces deux points de vue peuvent citer des exemples à l’appui de leurs thèses. En vérité, si la réponse paraît aussi difficile, c’est parce que la discussion part d’une mauvaise compréhension du populisme.

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M. Johnson se considère comme un porte-parole plus légitime de la volonté de ses concitoyens que l’institution qui, depuis trois siècles, est chargée de l’exprimer

Les populistes peuvent prendre toutes sortes de colorations idéologiques. Beaucoup, notamment en Europe, appartiennent à l’extrême droite. D’autres, en particulier en Amérique latine, sont d’extrême gauche. Quelques-uns, comme ceux du Mouvement 5 étoiles italien, prétendent échapper aux catégories politiques traditionnelles. Mais tous ont en commun leur opposition au pluralisme inhérent à toute démocratie représentative : en affirmant haut et fort qu’eux, et eux seuls, représentent le peuple, les dirigeants populistes du monde entier ôtent toute légitimité aux institutions qui seraient en mesure de contrebalancer leur pouvoir. C’est la raison pour laquelle les populistes se retournent si fréquemment contre les plus anciennes traditions démocratiques.

En ce sens, la décision de Boris Johnson de suspendre le Parlement britannique permet de cerner le personnage. En empêchant la Chambre des communes de délibérer sur le Brexit – ou de fournir au nombre croissant de ses adversaires parlementaires l’occasion de le faire tomber –, M. Johnson montre qu’il se considère comme un porte-parole plus légitime de la volonté de ses concitoyens que l’institution qui, depuis trois siècles, est chargée de l’exprimer. De mémoire d’homme, c’est l’attaque la plus flagrante contre la démocratie que la Grande-Bretagne ait jamais connue, et l’une des plus graves auxquelles un pays occidental ait eu à faire face en cette ère de populisme.

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