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L’arrestation du favori des sondages, Nabil Karoui, enflamme la scène politique à une semaine du début de la campagne en vue du scrutin présidentiel du 15 septembre.
L’« affaire Karoui » n’en finit pas d’envenimer la campagne électorale en vue de l’élection présidentielle du 15 septembre en Tunisie. Quatre jours après l’arrestation du favori des sondages Nabil Karoui, dirigeant de la chaîne privée Nessma TV et cible d’une plainte pour « blanchiment d’argent » et « évasion fiscale » remontant à 2016, le chef de gouvernement Youssef Chahed est sorti de son silence mardi 27 août pour démentir toute intervention de sa part dans la procédure judiciaire en cours. « Le timing de cette arrestation perturbe le climat politique, mais cela ne fait que prouver l’indépendance de la justice » a commenté sur les ondes de la radio Mosaïque M. Chahed, qui s’est provisoirement mis en congé de ses fonctions de premier ministre en raison de sa candidature à la présidentielle.
A quelques jours du démarrage formel de la campagne, prévu le 2 septembre, le climat politique en Tunisie est ainsi électrisé par un affrontement féroce entre les deux camps, tous les deux issus de la famille dite « moderniste » qui a implosé sous la fin du quinquennat présidentiel de Béji Caïd Essebsi, décédé le 25 juillet. Influent homme de télévision issu du monde de la communication, Nabil Karoui est notamment soutenu par l’ex-parti présidentiel Nidaa Tounès, tandis que M. Chahed s’adosse à une nouvelle formation, Tahya Tounès, née d’une dissidence au sein de Nidaa Tounès à l’initiative d’un courant hostile aux ambitions de Hafedh Caïd Essebsi, le fils du chef d’Etat disparu.
Une incontestable popularité
La rivalité entre les deux branches de cette même famille « moderniste », qui était sortie victorieuse en 2014 de son duel avec les islamistes, a gagné en aigreur après que les instituts de sondage ont commencé avant l’été à placer Nabil Karoui largement en tête des intentions de vote. A la tête d’une fondation caritative, Nabil Karoui avait multiplié depuis le début de l’année visites et donations auprès de villages déshérités de la Tunisie intérieure en jouant la carte de la « lutte contre la pauvreté ». L’initiative, généreusement médiatisée sur ses antennes, lui avait valu une incontestable popularité, symptôme d’une réaction « antisystème » nourrie par les promesses socio-économiques non tenues par les gouvernements s’étant succédé depuis la révolution de 2011.
L’intervention mardi de M. Chahed visait à dissiper le trouble qui s’était emparé d’une partie de la classe politique et de l’opinion publique au lendemain de l’arrestation le 23 août de M. Karoui à un péage autoroutier à proximité de Tunis. Le mandat de dépôt avait été émis quelques heures plus tôt par la chambre d’accusation de la cour d’appel de Tunis, laquelle avait été saisie par les avocats de M. Karoui afin d’obtenir la levée de mesures conservatoires – gel des avoirs et interdiction de voyager – visant ce dernier depuis le 8 juillet.
Une violence verbale inédite
Outre les dirigeants de Qalb Tounès (« Coeur de la Tunisie »), le parti récemment fondé par M. Karoui, qui ont aussitôt dénoncé « l’ombre du bénalisme et les vieux démons des réflexes policiers », un certain nombre de figures politiques ont exprimé leur malaise. Abdelkrim Zbidi, ministre de la défense et lui-même candidat, a déploré un « timing de l’arrestation [de M. Karoui] » qui « pourrait porter atteinte au climat politique à l’approche de la campagne électorale et menacer le processus démocratique ».
Abdelfattah Mourou, avocat et candidat d’Ennahda, parti issu de la matrice islamiste, s’est lui aussi dit « inquiet » d’une « interférence entre le cours judiciaire et le cours politique », allant jusqu’à avouer sa « peur que cela dérape ». La Ligue tunisienne des droits de l’homme (LTDH), organisation historique du combat contre la dictature, a quant à elle regretté que les conditions de l’arrestation de M. Karoui nourrissent des « soupçons et des doutes » sur « une instrumentalisation politique afin d’éliminer un des concurrents à la course à la présidence ».
Face à ce concert d’interrogations et de critiques, M. Chahed a riposté en niant toute « intervention politique » car, a-t-il précisé, « ce qui s’est passé n’est pas en [sa] faveur ». Alors que ses critiques le dénoncent comme un « danger pour la démocratie », M. Chahed a rétorqué qu’il est « pris pour cible » en raison de « la guerre ouverte » que son gouvernement a déclenchée « contre la corruption et les corrompus ». « C’est vrai, la Tunisie est menacée par la dictature, mais celle de la mafia, la mafia médiatique et politique qui sort ses crocs ces derniers jours. Cette mafia est aujourd’hui en état d’alerte », a-t-il lancé. Avec ces accusations croisées de « dictature » et de « mafia », la scène électorale tunisienne est en proie à une escalade verbale d’une violence inédite.
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