Cachemire : sortir du silence

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Editorial. Blocage des communications, près de 4 000 personnes arrêtées ou assignées à résidence… Depuis que New Delhi a révoqué l’autonomie du Cachemire indien, la colère gronde. Si la situation s’aggrave, le mutisme des démocraties occidentales pourrait vite devenir intenable.

Publié aujourd’hui à 10h38, mis à jour à 10h40 Temps de Lecture 6 min.

Manifestations de femmes au Cachemire indien dénonçant les restrictions imposées par le gouvernement indien à la population, à Srinagar, le 16 août.
Manifestations de femmes au Cachemire indien dénonçant les restrictions imposées par le gouvernement indien à la population, à Srinagar, le 16 août. DANISH ISMAIL / REUTERS

Editorial du « Monde ». Circulez, il n’y a rien à voir ! Alors que la vallée du Cachemire indien vit sous un couvre-feu drastique et inédit, isolée du reste du monde depuis bientôt quatre semaines, Donald Trump a déclaré le 26 août au sommet du G7 de Biarritz que le premier ministre indien, Narendra Modi, « avait l’impression » d’avoir la situation sous contrôle, ajoutant qu’il ne voyait pas l’intérêt de s’impliquer dans cette crise.

Emmanuel Macron tient un discours similaire, affirmant à l’issue de son entretien avec M. Modi, jeudi 22 août, en marge du G7, que le dirigeant indien lui avait fait part « des changements auxquels il avait procédé, qui relèvent de sa pleine souveraineté pour ce qui est des aspects juridiques, et de son engagement très ferme à maintenir la stabilité dans la région ». La crise au Cachemire ne figurait nulle part dans la déclaration conjointe publiée par la France et l’Inde. M. Macron a toutefois précisé devant la presse que la France demeurerait « attentive à ce que les intérêts et les droits des populations civiles soient dûment pris en compte dans les territoires de part et d’autre de la ligne de contrôle », à savoir en Inde et au Pakistan.

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Les nouvelles en provenance de la région sont rares, ce qui laisse présager le pire. En 2010, des formes de torture particulièrement atroces avaient été révélées. De nombreux cas de disparitions forcées et d’exécutions extrajudiciaires ont également été recensés depuis le début de l’insurrection au Cachemire, à la fin des années 1980.

A la veille de l’annonce, le 5 août, de la révocation de l’autonomie de l’Etat du Jammu-et-Cachemire, New Delhi a imposé un blocage des communications et des restrictions à la circulation. Près de 4 000 personnes ont été arrêtées ou assignées à résidence, dont des opposants politiques pourtant favorables au rattachement à l’Inde.

« Restrictions disproportionnées »

Le Cachemire occupe une place importante en Inde. Le leader indépendantiste Jawaharlal Nehru tenait particulièrement à cette région à majorité musulmane, car il y voyait la marque de singularité d’une Inde plurielle et séculaire, en opposition au Pakistan fondé sur l’identité musulmane.

L’autonomie lui a été offerte en échange de son rattachement à l’Inde, après le départ des Britanniques. Le sort de la vallée du Cachemire est désormais entre les mains de la Cour suprême. Cette question relève effectivement de la souveraineté de l’Inde. Un groupe d’experts de l’ONU s’est toutefois alarmé des « restrictions disproportionnées » imposées à la population du Cachemire, qu’il a qualifiées de « punition collective ».

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L’Inde justifie son attitude par la lutte antiterroriste, le développement et l’uniformisation des statuts des Etats fédérés. Elle accuse le Pakistan d’entraîner sur son sol des militants cachemiris pour la déstabiliser. Or les infiltrations transfrontalières ont fortement diminué au cours des dernières années, même si elles restent meurtrières. L’insurrection est désormais alimentée par la frustration et la radicalisation des esprits dans le Cachemire indien. Et elle n’est pas près de s’éteindre avec la révocation de l’autonomie, vécue sur place comme une déclaration de guerre.

Paris a pris le parti de se ranger derrière New Delhi, car l’Inde est un partenaire stratégique pour contrer l’expansion chinoise dans l’océan Indien, et un débouché important pour les entreprises de l’Hexagone, notamment dans l’industrie de la défense. Si la situation continue de s’aggraver, le silence assourdissant des démocraties occidentales pourrait vite devenir intenable.

Le Monde

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