Au Cachemire verrouillé, la fureur et la désolation

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Après avoir révoqué l’autonomie de la région himalayenne à majorité musulmane, le gouvernement indien y a coupé les communications et interdit les rassemblements, attisant la colère de ses habitants.

Par Publié aujourd’hui à 03h41, mis à jour à 04h08

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Un membre de la sécurité indienne bloque une route après la révocation de l’article 370 de la Constitution indienne, le 23 août.
Un membre de la sécurité indienne bloque une route après la révocation de l’article 370 de la Constitution indienne, le 23 août. DANISH ISMAIL / REUTERS

Volets des hublots fermés et lumières éteintes, les rares passagers du vol de la compagnie Indigo sont soudain plongés dans l’obscurité à l’approche de Srinagar, la capitale du Cachemire indien. Les hôtesses, en tailleurs rétro épinglés d’un badge « Girl power », veillent à faire respecter la mesure sécuritaire. Les passagers ne verront rien de la ville lovée autour du lac Dal, des montagnes qui l’enserrent, des chalets et des garnisons, ou de la rivière Jhelum qui court à travers la vallée disputée avant de disparaître de l’autre côté de la ligne de démarcation, dans la partie du Cachemire contrôlée par le frère ennemi, le Pakistan.

Cette descente donne un avant-goût de l’opacité de la situation au Cachemire depuis la révocation abrupte, le 5 août, de l’article 370 de la Constitution indienne, qui garantissait un statut d’autonomie à la seule région à majorité musulmane du pays. Pour le gouvernement du premier ministre, Narendra Modi, cette « décision historique » doit apporter paix et prospérité à la vallée meurtrie par une insurrection séparatiste qui a fait plus de 70 000 victimes, des civils pour la plupart, depuis 1989. Triomphalement réélu en mai, le dirigeant nationaliste hindou met ainsi en œuvre l’une des promesses les plus retentissantes de son programme politique.

Pour contenir la fureur prévisible des 8 millions d’habitants de la région, le gouvernement de M. Modi a muselé la vallée, supprimant les communications et déployant un dispositif sécuritaire hors norme. Abandonnés sur un siège de l’avion, des journaux de la presse indienne, domptée par la propagande officielle, assurent que le Cachemire est « calme ». Pourtant, les journalistes étrangers n’y sont pas les bienvenus, ni les partis d’opposition dont une délégation s’est fait refouler, le 24 août, à son arrivée à Srinagar.

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« C’est une humiliation »

Dans la vallée himalayenne, la colère gronde. De village en village, les visages sombres révèlent tristesse, stupeur et rage. « L’Inde nous a trahis, s’indigne Mehraj, fermier au long manteau. La révocation de l’article 370 est inacceptable. » L’attachement à cet article était profond car il était la condition, en 1947, de l’accession à l’Inde du Cachemire, ancien Etat princier sous les colons britanniques. Sa révocation se double de la décision cinglante de New Delhi de placer sous sa tutelle l’exécutif du Cachemire. « C’est une humiliation », commente Mehraj, bientôt rejoint par d’autres villageois malgré l’interdiction des rassemblements de plus de quatre personnes, sur un bord de route de la région trouble d’Anantnag.

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