Entre Bonn et Berlin, l’Allemagne tracassée par une question capitale

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Près de la moitié des ministères et de nombreuses administrations sont basées dans l’ancienne capitale de la RFA. Les trajets des fonctionnaires entre Berlin et Bonn posent la question du regroupement de toutes ces structures au bord de la Spree.

Par Publié aujourd’hui à 19h30

Temps de Lecture 3 min.

Le quartier du gouvernement fédéral à Bonn, où se trouvent sept ministères et de nombreux sièges d’administration, dont celui de la Cour fédérale des comptes.
Le quartier du gouvernement fédéral à Bonn, où se trouvent sept ministères et de nombreux sièges d’administration, dont celui de la Cour fédérale des comptes. Andrey Khrobostov/Alamy Stock Photo/Hemis.fr

Le débat est ancien. Mais, dans un pays où la part des électeurs citant la protection de l’environnement comme priorité est passée de 5 à 30 % en deux ans, il prend aujourd’hui une dimension nouvelle : près de trente ans après la réunification et vingt ans, ce 23 août, après le transfert officiel du parlement et du siège du gouvernement fédéral de Bonn à Berlin, l’Allemagne peut-elle se payer le luxe de conserver sept de ses ministères en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, avec ce qu’une telle partition implique en termes de bilan carbone ?

Les chiffres sont éloquents. En 2018, les fonctionnaires fédéraux ont emprunté l’avion 229 116 fois pour se déplacer à l’intérieur du pays ; 52 % de ces vols reliaient Bonn et Berlin. Et ce pour une raison simple, liée à une loi de 1994 – dont la date du 23 août 1999 a été l’aboutissement – qui a divisé les tâches entre la nouvelle capitale de l’Allemagne réunifiée et l’ancienne capitale de l’Allemagne de l’Ouest : à Berlin, le Bundestag, la chancellerie fédérale et huit ministères ; à Bonn, le maintien de sept ministères et l’installation de plusieurs administrations fédérales, dont la Cour des comptes, jusque-là à Francfort. Sachant qu’il faut plus de cinq heures pour se rendre d’une ville à l’autre par le train, le choix de l’avion est vite fait.

Moins cher, moins polluant

Très belle sur le papier, cette répartition des rôles a montré ses limites. Selon la loi de 1994, la majorité des ministères devaient désormais avoir leur siège principal autour de la Spree, tout en gardant une antenne secondaire à Bonn, mais la majorité des emplois, eux, devaient rester sur les bords du Rhin. L’équilibre n’a pas été maintenu : en 2000, 60 % des emplois dans les ministères fédéraux se trouvaient à Bonn ; aujourd’hui, ils ne sont que 34 %. Une évolution qui donne des arguments aux partisans d’un regroupement de l’ensemble des activités à Berlin. Moins cher, moins polluant, moins fatigant.

Mais le lobby bonnois ne l’entend pas ainsi. Inquiet de la petite musique ambiante, il réclame au gouvernement fédéral des garanties. Et notamment la mise en œuvre d’une loi additionnelle à celle de 1994, afin de rendre l’ancienne capitale plus attractive pour l’aider à préserver ses positions.

Le déménagement total à Berlin ne résoudra pas tous les problèmes, et pourrait aussi en créer de nouveaux.

Mentionné dans le « contrat de coalition » scellé, en 2018, par les conservateurs (CDU-CSU) et les sociaux-démocrates (SPD), le projet restera-t-il lettre morte ? Jusqu’à présent, le ministre de l’intérieur, qui devrait le piloter, n’en a pas fait une priorité. Et il s’est montré plus préoccupé par le développement des Länder de l’ex-RDA, où le sentiment de délaissement fait le lit de l’extrême droite, qu’à l’avenir de l’ancienne capitale fédérale.

Le débat divise la plupart des groupes politiques. C’est le cas des Verts. Comme l’ont fait valoir plusieurs élus écologistes, notamment de la région de Bonn, le déménagement total à Berlin ne résoudra pas tous les problèmes, et pourrait aussi en créer de nouveaux : jusque-là les fonctionnaires en poste à Bonn prenaient le train pour se rendre à Bruxelles ; s’ils sont transférés à Berlin, c’est l’avion qu’ils devront prendre pour se rendre dans la capitale européenne.

Une majorité favorable

Ces arguments ne font pas l’unanimité. Et d’autres, chez les Verts, estiment qu’il est temps de mettre fin à une situation non seulement coûteuse financièrement et écologiquement mais aussi mal comprise par l’opinion : selon un sondage réalisé en avril par l’institut YouGov, 55 % des Allemands seraient ainsi favorables à un regroupement de tous les ministères à Berlin.

Pour la présidente de la commission de l’environnement au Bundestag, Sylvia Kotting-Uhl (Verts), c’est aussi la crédibilité de la parole politique qui est ici en jeu : « Je comprends que le débat sur un transfert total des ministères à Berlin ne fasse pas que des heureux à Bonn. Mais nous devons nous demander quelle image nous donnons quand nous incitons les gens à ne pas prendre l’avion pour des vols intérieurs et que, dans le même temps, nous continuons nous-mêmes à en prendre tout le temps. »

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