Après le succès du G7, Macron bouscule les diplomates

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Le chef de l’Etat a appelé les ambassadeurs, mardi, à « rebattre les cartes avec la Russie », plaidant pour une « prise de risque ».

Par Publié aujourd’hui à 19h06

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Le président français, Emmanuel Macron, le 27 août lors de la conférence des ambassadeurs à Paris.
Le président français, Emmanuel Macron, le 27 août lors de la conférence des ambassadeurs à Paris. POOL / REUTERS

« Une stratégie de l’audace » : ce mot très martial était au cœur, mardi 27 août, du discours long de près de deux heures tenu par Emmanuel Macron devant les quelque deux cents diplomates réunis à l’Elysée pour l’ouverture de la conférence annuelle des ambassadeurs et des ambassadrices. C’est le lieu où le chef de l’Etat expose aux fonctionnaires concernés les grandes orientations d’une politique extérieure dont il est le maître d’œuvre selon les prérogatives qui lui sont données par la Constitution de la Ve République.

S’il a dressé un vaste tableau des défis et des enjeux pour une France « puissance d’équilibre », insistant sur la nécessité de « rebattre les cartes avec la Russie », jamais la présidentialisation croissante de la diplomatie française et sa personnalisation n’ont été aussi évidentes. Le chef de l’Etat s’est posé tout à la fois en donneur d’ordres – ce qui est sa fonction – mais aussi en donneur de leçons, n’hésitant pas aussi à donner quelques coups de menton, voire de mise en garde, à l’égard de ceux qui tarderaient à concrétiser les options présidentielles notamment vis-à-vis de la Russie.

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« Faire quelque chose d’utile »

Emmanuel Macron veut changer la manière de faire de la diplomatie. Le G7 de Biarritz (Pyrénées-Atlantiques) achevé la veille a été un succès et c’est à ce modèle d’action diplomatique disruptive, sortant des cadres routiniers, que s’est référé le président. Entre le dernier jour du G7 et cette conférence, Emmanuel Macron a au bas mot parlé près de six heures sur la politique étrangère, au risque de la saturation. Il a reconnu lui-même avoir hésité à prononcer ce traditionnel discours de rentrée qui reprend des thèmes largement abordés. « Mais le faire après le G7 que la France vient d’organiser lui donne encore plus de sens », a déclaré le chef de l’Etat.

Après quelques phrases de câlinothérapie félicitant les diplomates pour cette « réussite collective », il a commencé à pourfendre les fonctionnaires enfermés dans leurs certitudes. « N’ayons pas une armée pour une guerre de tranchée alors que nous sommes dans une guerre de mouvement », a expliqué le président français dans ce discours émaillé de références militaires. Il n’aime pas non plus les spécialistes bardés de certitudes car « par définition les experts ne sont experts que de ce qui existe déjà », a-t-il martelé. Quelques jours plus tôt devant l’Association de la presse présidentielle, le chef de l’Etat avait évoqué les résistances aux changements de « l’Etat profond », un concept surtout utilisé par les leaders populistes tels Donald Trump.

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L’option stratégique d’Emanuel Macron pour éviter l’effacement de l’Europe face à la prééminence de la Chine et des Etats-Unis est celle d’un nécessaire rapprochement entre l’Union européenne et son voisin russe. « Nous sommes en Europe et, si nous ne savons pas à un moment donné faire quelque chose d’utile avec la Russie, nous resterons avec une tension profondément stérile, nous continuerons d’avoir des conflits gelés partout en Europe, à avoir une Europe qui est le théâtre d’une lutte stratégique entre les Etats-Unis et la Russie, donc à avoir des conséquences de la guerre froide sur notre sol », a-t-il estimé. Sans cela, le risque est celui d’une disparation de l’Europe.

« Faire sauter les dogmes » sur les migrations

Pour y échapper, la France et l’Europe, qui ont su « mettre l’homme au centre de leur civilisation depuis la Renaissance », ne peuvent se contenter de s’adapter. « Je ne crois qu’à une chose, c’est la stratégie de l’audace, de la prise de risque », a dit le président, invitant chacun à « courir plus vite face à ce monde qui bouge », à « essayer de peser avec les cartes qui sont les nôtres ». « Tout ce que nous sommes en train de faire et tout ce que nous ferons ne réussira peut-être pas, et il y aura des commentateurs pour dire que ça ne réussit pas : ceci n’est pas grave, ce qui est aujourd’hui mortel c’est de ne pas essayer », a-t-il martelé.

D’où ses critiques sur les carences des relations bilatérales de la France en Europe longtemps trop négligées au profit du communautaire alors que l’Allemagne savait habilement tisser sa toile. Il reconnaît aussi les erreurs dans la politique suivie sur les migrations. « Je vais intensifier mon implication. Il faut faire sauter tous ces dogmes car nous ne sommes ni efficaces ni humains », a-t-il affirmé, évoquant notamment le scandale humanitaire qui continue en Méditerranée.

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Tout au long de son discours, M. Macron n’a cessé d’appeler les diplomates à bousculer leurs habitudes. « Si on continue à faire comme avant, que l’on soit une entreprise, un diplomate, un ministre, un président de la République, un militaire, alors nous perdrons définitivement le contrôle et alors ce sera l’effacement, je peux vous le dire avec certitude », a mis en garde le président français. Si les diplomates ont apprécié sa performance du G7, « cette partie de poker gagnée avec seulement un huit en main », selon l’un d’eux, les admonestations du chef de l’Etat ont suscité quelques grincements, même si nul ne doute de la nécessité de changements. Et il a été massivement applaudi.

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