il faut que « la forêt debout rapporte plus que le déboisement »

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Le problème, c’est qu’au Brésil, un hectare de forêt « vierge » ne vaut rien sur le plan foncier et qu’il est « improductif » sur le plan économique. La contrainte ou le conflit ne parviendront pas à convaincre le pays de mieux protéger l’Amazonie, estime le géographe François-Michel Le Tourneau dans une tribune au « Monde ».

Publié aujourd’hui à 17h11 Temps de Lecture 5 min.

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« Il faudrait que toutes les plantes et les animaux « qui ne servent à rien » deviennent une sorte de capital investi pour l’avenir et rapportant immédiatement des dividendes » (Nord du Mato Grosso, au nord du Brésil, le 23 août).
« Il faudrait que toutes les plantes et les animaux « qui ne servent à rien » deviennent une sorte de capital investi pour l’avenir et rapportant immédiatement des dividendes » (Nord du Mato Grosso, au nord du Brésil, le 23 août). JOAO LAET / AFP

Tribune. Si nous sommes prêts à exiger la protection de l’Amazonie, combien sommes-nous prêts à payer pour bénéficier de ses services ? Les récents incendies de forêt qui affectent l’Amazonie ont entraîné un légitime mouvement de sympathie pour la grande forêt. Une polémique ancienne a également été ravivée : faut-il laisser au Brésil (qui en détient 60 %) la gestion du plus grand massif forestier tropical au monde ou bien, ne doit-on pas, au nom des conséquences globales liées à sa destruction, créer un droit de regard international sur sa gestion ?

Au-delà de l’apparente simplicité, un tel mécanisme poserait sans doute davantage de problèmes qu’il n’apporterait de solution. Qui déciderait à la place du Brésil ? L’ONU, dont sont membres bien d’autres pays dans laquelle la déforestation est rampante, et d’autres encore très jaloux de leur souveraineté ? Le G7 avec les Etats-Unis du climatosceptique Donald Trump ? Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) ou la Plate-forme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES), au nom de la science mais sans assise démocratique ?

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Par ailleurs, ce qui vaudra pour l’Amazonie devra valoir pour le bassin du Congo ou l’Indonésie. Peu s’y opposeront : le reproche d’une mentalité coloniale n’est pas toujours infondé… Mais il faudra aussi inclure les forêts boréales ou celles de Méditerranée. Le Canada, la Russie ou l’Espagne sont-ils prêts à se voir appliquer le même traitement ? La mobilisation au nom d’un « bien commun de l’humanité » doit être maniée avec prudence. La France accepterait-elle que la reconstruction de Notre-Dame soit supervisée par le reste du monde selon le même principe ?

Paranoïa

Les appels que l’on entend actuellement en Europe, proches des leçons de morale, ont aussi un effet pervers. L’extrême droite brésilienne, dont Jair Bolsonaro est le représentant, est persuadée que le monde veut voler l’Amazonie au Brésil et que le discours de protection de l’environnement est un complot pour parvenir à cette fin. Entendre prôner une sorte « de droit d’ingérence écologique », comme on parlait d’ingérence humanitaire, ne fait à leurs yeux que démontrer clairement qu’ils ont raison. Cela ne peut donc que renforcer leur paranoïa.

La mobilisation au nom d’un « bien commun de l’humanité » doit être maniée avec prudence. La France accepterait-elle que la reconstruction de Notre-Dame soit supervisée par le reste du monde selon le même principe ?

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