En Algérie, violente charge du général Gaïd Salah contre les partisans d’une transition démocratique

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L’homme fort du régime a réitéré son appel à l’organisation d’une élection présidentielle « dans les plus brefs délais ».

Par Publié aujourd’hui à 10h59

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Un manifestant demande le départ du général Ahmed Gaïd Salah, à Paris, le 14 avril 2019.
Un manifestant demande le départ du général Ahmed Gaïd Salah, à Paris, le 14 avril 2019. KENZO TRIBOUILLARD / AFP

Le chef d’état-major de l’armée algérienne, Ahmed Gaïd Salah, homme fort du régime depuis la démission forcée d’Abdelaziz Bouteflika le 2 avril, a violemment chargé, lundi 26 août à Oran, les partisans d’une transition démocratique en Algérie et a réitéré son appel à « l’organisation d’une élection présidentielle transparente dans les plus brefs délais ».

Alors qu’une Instance de dialogue et de médiation dirigée par l’ancien président de l’Assemblée nationale, Karim Younes, doit mener des consultations sur les modalités de la tenue du scrutin mais peine à trouver des interlocuteurs, le chef de l’armée a été tranchant. Selon lui, la préparation de l’élection présidentielle doit commencer « dans les semaines à venir » et il faut accélérer le « processus d’installation de l’instance nationale indépendante » chargée de l’organisation et de la surveillance du scrutin.

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Ahmed Gaïd Salah a accusé ceux qui défendent une transition « aux conséquences périlleuses » d’être au service des « intérêts de la bande [le clan Bouteflika] et de leurs maîtres ». Il assure détenir des « informations confirmées de leur implication » dans des complots, qu’il dévoilera « au moment opportun ». Ces parties sont également accusées d’entraver le travail de l’instance de Karim Younes, « en faisant la promotion de l’idée de la négociation, au lieu du dialogue, et de la désignation plutôt que de l’élection ».

Le « hirak » exige le départ du président par intérim

Cette déclaration particulièrement dure intervient alors que l’Instance de dialogue et médiation tente laborieusement de convaincre les acteurs politiques de présenter des propositions pour la tenue dans les meilleures conditions d’une élection présidentielle que le pouvoir, contesté, n’arrive pas à organiser. Faute de candidats, Abdelkader Bensalah, le chef de l’Etat par intérim, a été contraint d’annuler le scrutin initialement fixé le 4 juillet.

Le mouvement de contestation populaire, le « hirak », exige, préalablement à un retour aux urnes, le départ de M. Bensalah ainsi que du premier ministre, Noureddine Bedoui, et la mise en place d’un gouvernement dirigé par des personnalités indépendantes. L’écart, déjà grand, entre les exigences du « hirak » et l’agenda du pouvoir s’est accentué au fil des semaines, notamment à la suite de l’emprisonnement de manifestants porteurs de drapeaux amazigh et de Lakhdar Bouregaa, un ancien combattant âgé de 86 ans qui avait accusé le pouvoir d’avoir « déjà choisi le président ».

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Le chef de l’armée affiche son impatience, alors que l’Instance de dialogue et médiation cherche à convaincre les opposants qu’elle n’est pas une simple ruse du pouvoir. Le crédit de l’instance avait été fragilisé dès son lancement : les mesures d’apaisement préalables (libération des détenus politiques et liberté de circulation des personnes) avaient été vigoureusement refusées par le chef de l’armée. Lundi, Ahmed Gaïd Salah a également rejeté une idée phare avancée par Karim Younes, celle d’un engagement préalable des candidats à l’élection présidentielle à mettre en œuvre les recommandations d’une conférence nationale de dialogue à venir. Cette « charte d’honneur » est censée être une réponse à ceux qui estiment que la Constitution actuelle donne un pouvoir de monarque au président et qu’il faut l’amender avant d’aller au scrutin.

La même idée d’engagement préalable a été avancée par Soufiane Djilali, président du parti Jil Jadid, pour concilier les différentes positions : une présidentielle assortie d’un engagement des partis et des candidats à organiser des législatives anticipées et à ouvrir le « chantier d’un processus constituant ». Des pistes balayées par le général Gaïd Salah, qui a fustigé la « tentative de diffuser des idées sombres qui condamnent le futur président et lui imposent des agendas préétablis » qui seraient contraires à la Constitution.

Les manifestations connaissent un regain de mobilisation

Face à la tentation du pouvoir de passer en force, des efforts sont menés pour rapprocher les différentes composantes de l’opposition, dont les points de vue divergent sur la sortie de crise. Des partis regroupés sous le label des « forces du changement » sont favorables, sous conditions, à une élection présidentielle. D’autres formations dites de « l’alternative démocratique » prônent la tenue d’une Assemblée constituante.

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Sous l’impulsion d’acteurs de la société civile, les deux groupes se sont rencontrés le 24 août. Une première, sanctionnée par un communiqué qui souligne, en réponse à l’instance de Karim Younes, qu’un « dialogue efficace, responsable et souverain […] nécessite un climat politique fondé sur des mesures de rétablissement de la confiance absente ». Il s’agit notamment de « la libération des détenus d’opinion, la levée des contraintes sur les espaces publics, la libération des médias et la levée du blocus sur la capitale ». Les partis qui doivent encore se rencontrer ont appelé à renforcer le « hirak », qui doit se poursuivre « de façon pacifique, populaire et nationale jusqu’à la réalisation de ses revendications légitimes ».

L’impasse politique est totale, alors que les manifestations, entrées dans leur septième mois, connaissent un regain de mobilisation. Le sociologue Nacer Djabi dit, dans une interview à El Watan, s’attendre à « un durcissement du hirak » à la rentrée sociale, en septembre. Selon lui, « les Algériens devront passer à une vitesse supérieure dans leur mouvement de protestation pour imposer le rapport de forces nécessaire au changement voulu ».

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