« Le bolsonarisme apparaît dans toute sa puissance destructrice »

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Les feux qui ravagent la forêt amazonienne sont une conséquence directe du projet politique incarné par le président populiste, estime l’historienne spécialiste du Brésil Maud Chirio dans une tribune au « Monde ».

Publié aujourd’hui à 08h56 Temps de Lecture 4 min.

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Tribune. Le hashtag #prayforamazonia, en présentant les incendies des dernières semaines comme un événement exigeant une empathie et une inquiétude universelles, a eu le mérite d’attirer l’attention des opinions occidentales sur le Brésil. Pourtant, l’appel à « prier » a initialement laissé entendre, surtout dans notre Europe sécularisée, que la propagation des flammes était une catastrophe naturelle, due à la sécheresse et au réchauffement climatique. La dimension politique de ce drame environnemental n’est apparue que dans un second temps. On a d’abord soupçonné le président brésilien, Jair Bolsonaro, très occupé à ses rodomontades habituelles, d’aveuglement et d’inconséquence face à l’ampleur du problème. Puis a émergé une autre interprétation : la complicité du gouvernement brésilien à l’égard de la déforestation du bassin amazonien.

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Les dizaines de milliers de départs de feu ne sont en effet ni des accidents ni des initiatives individuelles d’agriculteurs pratiquant la culture sur brûlis ou désireux d’étendre leurs pâturages. Il s’agit d’une logique collective, à l’appui d’un projet politique.

Depuis l’élection de Bolsonaro, des milliers de prédateurs de la forêt (orpailleurs, producteurs de bois et propriétaires terriens) se sentent autorisés à ignorer les réglementations en vigueur, y compris en menaçant les rares agents encore disposés à les faire appliquer. Le gouvernement leur facilite la tâche de deux manières. D’une part, il démembre les instances de contrôle, notamment l’Institut brésilien de l’environnement (Ibama), privé de la moitié de son budget cette année. De l’autre, il discrédite les ONG travaillant pour la protection de l’Amazonie et des populations indigènes, faisant du discours écologiste le fruit d’un « complot mondialiste » visant à priver le Brésil de son droit d’exploiter ses ressources naturelles.

« L’Amazonie n’est pas présentée comme un territoire à protéger, mais à développer »

L’Amazonie n’est pas présentée comme un territoire à protéger, mais à développer, c’est-à-dire à cultiver, percer de mines et de carrières, et garnir d’infrastructures autoroutières et hydroélectriques. Ce projet a pour préalable indispensable une accélération des défrichements, que le gouvernement attise sans nécessairement les contrôler, par conviction néolibérale que cette « libération des énergies » ne pourra que servir l’économie de la région.

C’est ce climat qui explique que les surfaces défrichées aient été en juillet trois fois supérieures par rapport à juillet 2018, selon les chiffres de l’Institut national de recherches spatiales (INPE), dont la divulgation a tant contrarié le président Bolsonaro qu’il en a licencié le directeur. C’est ce climat qui a incité des orpailleurs à envahir la réserve des Indiens wayapi à la fin juillet, et en assassiner le cacique.

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