Économie locale: ces secteurs en zone de turbulence

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Les ex-employés de l’usine Palmar Ltée en pleine manifestation le 22 février.

Les ex-employés de l’usine Palmar Ltée en pleine manifestation le 22 février.

Licenciements et fermetures en série dans le textile, tassement du touristme, incertitudes au niveau du secteur financier, le sucre en berne… la liste des maux qui affectent actuellement notre économie est longue. Alors que le jugement historique de la Cour internationale de justice et la victoire du Premier ministre dans l’affaire MedPoint font planer l’euphorie à travers le pays, plusieurs problèmes restent entiers. À quatre mois de la présentation du Budget qui se tiendra dans une atmosphère préélectorale, zoom sur quelques boulets qui tirent actuellement notre économie vers le bas.

Manufacture : le textile se défile

Deux semaines à peine après le licenciement de quelque 1 300 employées suivant la fermeture de l’usine textile Palmar Ltée, c’est au tour des employés de Future Textiles, de se retrouver dans la tourmente. Ces derniers ont manifesté dans l’enceinte de leur usine à Saint-Julien-d’Hotman le mardi 26 février, protestant contre le non-paiement de leur salaire depuis décembre 2018 et demandant une rencontre avec la direction dans les plus brefs délais. Ces problèmes a priori isolés seraient en effet symptomatiques d’une crise que traverse actuellement le secteur, notamment au niveau des entreprises de petite taille. Fait largement commenté dans notre édition du 13 février en Une du supplément économie. 

L’économiste Azad Jeetun rappelle que les coûts de production dans le secteur textile sont déjà très élevés, ce qui rend les entreprises moins compétitives sur le marché international. Il faut ajouter à cela l’introduction du salaire minimum en janvier 2018, qui est venue exercer une pression additionnelle sur le secteur sans un retour significatif au niveau de la productivité. Charles Cartier, le président de l’Economic Development Board, met pour sa part en exergue un contexte économique international «incertain» dans nos principaux marchés, notamment avec le Brexit en GrandeBretagne, un marché européen qui n’affiche pas la forme et la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine, entre autres.

Hausse salariale

La productivité en baisse, voire stagnante dans le secteur manu- facturier malgré une hausse salariale continue depuis plusieurs années pèse également lourd dans la balance. Le rapport de Statistics Mauritius sur la productivité et la compétitivité pour la période 2007-2017 est très éloquent à ce sujet. Pour cause, si le coût de la main-d’œuvre a grimpé de 5,4 % durant cette période, la productivité n’a progressé que de 2,4 %. Raison pour laquelle la Mauritius Export Association (MEXA) préconise depuis plusieurs années la mise en œuvre de mesures incitatives pour encourager l’investissement dans l’automatisation des activités. Le secteur manufacturier dans son ensemble éprouve des difficultés à attirer l’investissement depuis plusieurs années. Sur un total de Rs 14,2 milliards d’investissements directs étrangers qu’à perçus Maurice en 2018, seulement Rs 108 millions étaient dirigés vers le secteur manufacturier.

Si les fermetures d’usines affectent directement les employés, l’effet indirect est tout aussi important. Comme l’a rappelé le Receiver Manager de la défunte usine Palmar Ltée dans notre édition de samedi 23 février, «Il y aura sans doute des effets multiplicateurs négatifs sur les régions autour desquelles Palmar Ltée avait une influence. Je pense aux marchands ambulants, aux boutiques du coin ou encore aux petits commerces à la périphérie de cette usine. Palmar Ltée faisait rouler ses activités commerciales et apportait un certain développement dans la région», soulignait Afsar Ebrahim. Mais ce ne sera désormais plus le cas.  

Malgré ces difficultés, tout n’est pas perdu pour le textile mauricien, au dire d’Ahmed Parkar, CEO de Star Knitwear. Bien que des entreprises textiles se retrouvent souvent face à un manque de cash-flow, il souligne que l’espoir est permis, notamment avec la décision de certains prestigieux clients internationaux de venir s’installer à Maurice après avoir quitté la Chine. Le CEO de Star Knitwear cite à cet effet Lacoste et Armani. Tout comme Avinash Goburdhun, directeur exécutif de l’usine Wensum, Ahmed Parkar soutient que le salut du secteur réside dans les produits à haute valeur ajoutée.

Eric Dorchies, Chief Ope- rating Officer de CIEL Textile, expliquait récemment que l’industrie textile est «cyclique» et que le marché international se trouve dans une phase difficile avec une forte fluctuation de la demande sur le marché européen, une concurrence accrue des géants chinois et bangladais ainsi que l’arrivée de concurrents relativement nouveaux comme la Turquie, qui bénéficie de l’avantage de la proximité avec nos marchés traditionnels.

Le secteur financier nage dans l’incertitude

Entre les réglementations de plus en plus contraignantes de l’OCDE et les exigences de l’Union européenne, le secteur financier a de quoi avoir le tournis. Il faut souligner, à ce titre, la série de changements qui impactent directement le secteur depuis 2016, à commencer par les amendements aux traités de non-double imposition Inde-Maurice, la décision d’abolir les sociétés «Global Business Company Category2», l’introduction du Place of Effective Management (POEM) que les opérateurs demandent au gouvernement d’enlever ou encore l’application d’une exemption fiscale partielle sur certains types de revenus qui a fait polémique récemment suite aux échanges entre le bureau du Premier ministre et l’Union européenne. Résultat : certains opérateurs évoquent une baisse des recrutements actuellement, dans ce secteur traditionnellement réputé pour être un des plus gros recruteurs du pays. Conséquence que le président de l’Association of Trust and Management Companies attribue directement aux incertitudes quant aux nouvelles réglementations qui n’ont toujours pas été éclaircies.

 Tourisme : le dynamisme prend le large

Recul de 4,7 % sur le marché français, chute de 6,7 % des arrivées britanniques, une baisse continue des arrivées de l’île sœur en janvier 2019… Après une croissance soutenue ces quatre dernières années, le dynamisme du secteur touristique semble s’essouffler. Si une tendance se mesure surtout sur le moyen et le long termes, le maigre taux de croissance de 1,1 % en janvier de cette année et la baisse de 2,7 % en janvier 2017 ont de quoi interpeller, la période de décembre-janvier étant traditionnellement une de pointe pour le secteur.

Fait important : les arrivées par voie aérienne ont reculé de 2,3 % en janvier comparés à la période correspondante en 2018 alors que les croisiéristes ont progressé de 87 % au cours du même mois. Tendance qui a fait dire au Groupe IBL, durant la présentation de son bilan financier pour le premier semestre de l’année financière 2018-19, que le secteur subit actuellement un «tassement». Le groupe Sun s’est pour sa part montré pessimiste quant aux possibilités de reprise au cours du troisième trimestre de l’année financière 2018- 2019, soit de janvier à mars 2019.

Le groupe met en cause les difficultés que traverse actuellement l’industrie. La direction de Sun Ltd observe en effet une baisse des réservations anticipées pour ce trimestre. «L’industrie touristique à Maurice fait face à des défis sur le troisième quart avec des indications d’une baisse de la demande de notre destination, entraînant un recul également dans nos réservations futures» souligne-t-il. Autre point souligné par Sun Ltd : «une roupie relativement forte comparativement aux principales devises» dans lesquelles les transactions de l’industrie sont réalisées, soit le dollar, l’euro et la livre sterling. Des arguments qui font écho à ceux du CEO de l’Association des hôteliers et restaurateurs de l’île Maurice (AHRIM). Jocelyn Kwok rappelait récemment dans nos colonnes que nos marchés sources subissent actuellement des turbulences qui affectent la propension des touristes à voyager, comme le Brexit, entre autres. «Il y a également un regain d’intérêt vers certaines destinations qui puisent des mêmes marchés que nous, comme l’Égypte et le Maghreb», souligne-t-il. Raison pour laquelle la prudence est de mise, bien que le secteur reste dans le vert.


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Lexpress

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