Marie Reine de la Paix: Jean Michel et Zoulou pourraient être chassés en raison de la visite du pape…

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Jean Michel a pour seul ami Zoulou [en médaillon], son compagnon à quatre pattes.

Jean Michel a pour seul ami Zoulou [en médaillon], son compagnon à quatre pattes.

Drogue, misère… Il a tout connu. Hormis le fait d’être SDF, Jean Michel mène sa barque, en compagnie de son chien Zoulou. Il implore les autorités, il ne veut pas qu’on le chasse, surtout à quelques semaines de la venue du pape François, le 9 septembre. Récit. 

Il a 42 ans. Et cela fera bientôt 11 ans qu’il a élu domicile dans une vielle maison abandonnée, en ruines, sur le flanc de la montagne, sise à l’arrière de Marie Reine de la Paix. Sauf qu’avec les nombreux travaux qui ont lieu à cet endroit en raison de la venue du pape François, le 9 septembre, la police lui a ordonné de quitter les lieux. Toutefois, Jean Michel – qui a oublié son nom de famille – soutient qu’il n’a nulle part d’autre où aller. «Mo kontan sa ti baz-la. Mo inplor zot! Les mwa la. Mo pa pou déranz zot…» La détresse se lit dans le regard de cet homme que nous avons rencontré en fin de semaine. 

Jean Michel essaye tout de même de garder la pêche et le sourire. À force de grimper et descendre matin et soir – les ruines de la maison se trouvant dans un lieu difficile d’accès – il s’est taillé un corps d’athlète. Malgré la misère, le désarroi, la solitude, le quadragénaire s’installe avec plaisir pour un brin de causette. «Mo kontan zot inn vinn get mwa. Pena rol isi.» Ses yeux vagabondent, balayent les bâtiments de Port-Louis. 

La vue est imprenable. D’en haut, on aperçoit les rues de la capitale qui sont en effervescence. Si ce n’était notre visite, Jean Michel serait déjà couché. Faute de distraction il s’apprêtait à aller se coucher à 17 h 30. «Mo kontan get football. Kan mo koné ena enn zoli match mo al get télévizion dan lopital. Mo ti anvi swiv Jeux des îles ousi, pann resi.» 

Et puis, pour tromper la solitude pesante, il a aussi son chien, Zoulou, avec qui il passe la plupart de son temps. «Mo lisien zamé inn dormi san manzé, li. Je cherche ici et là de la nourriture pour lui au quotidien.» À vrai dire, après avoir connu l’enfer en se droguant et ne voulant plus s’attirer de problèmes, il dit ne plus vouloir d’ami. «Mo prefer res tousel omwin mo koné pa pou ena problem…» 

Aide-chauffeur à plein temps, Jean Michel explique qu’il ne s’est jamais marié mais a des enfants qui ne veulent plus de lui, ayant été entraîné dans le fléau de la drogue dans sa jeunesse. «Mo ti res Karo Kaliptis avan. Ou koné mo lavi inn bien difisil apré sa.» Son parcours scolaire, dit-il, a été chaotique. Du coup, il a dû se contenter durant presque toute sa vie de cumuler les petits boulots. Peintre, menuisier, entre autres, il a tout essayé. 

Retour sur l’amour, il l’a connu pendant des brefs moments. «Mo ti ena zanfan. Mé zamé mo pann maryé. Mo bann zanfan ousi pa koné kot zot été aster.» Il y a peu, il a de nouveau fait confiance à une femme. Celle-ci est même venue habiter pendant un court instant avec lui dans cette maison en pierre. Mais elle est vite partie. «Nous n’avions pas d’intimité. Li ti pé tras-tras so lavi dan zardin konpani mé ena dimounn ti pé vinn louk nou aswar. Linn sové…» 

Pour faire sa toilette, Jean Michel compte sur un robinet qui se trouve à l’arrière du monument Marie Reine de la Paix. «Mo saryé delo mo vinn baigné dan touf. Mo bros mo ledan tou ek koumsa mem.» 

Pour ce qui est de Zoulou, il l’emmène au moins une fois par semaine, dans une rivière située à quelques pas. Pour ce qui est des repas, ils sont constitués la plupart du temps de plats déjà prêts, de pain, de beurre ou de rotis. Sans oublier son riz ration qu’il affectionne particulièrement. Dans la maison en ruines, il a aussi fait installer un petit foyer où il cuisine de temps à autre. «Sinon, mo rod dal-puri ek marsan, bann seki pou zeté. Mo met li dan plastik lerla toulezour mo sofé.» 

Son métier d’aide-chauffeur ne lui permet pas d’avoir assez d’argent pour mener une vie décente. «Nepli gagné mem travay aster. Pli boukou zot payé sé Rs 300 par zour. Ena zour pena mem travay-la.» Le salaire obtenu après une journée de dur labeur lui permet que de se procurer de la nourriture. «Enn dité mem Rs 15 aster. Lavi inn vinn bien dir.» 

Entre-temps, Jean Michel se reprend en main et s’efforce d’être plus sain dans sa tête comme dans son corps. Il ne touche plus, selon ses dires, à aucun type de drogue, alors qu’auparavant, il était dans «tou bann nisa-la». Il suit son traitement de la méthadone à la lettre et cela l’aiderait énormément.

Depuis peu, son quotidien, soutient-il, est aussi chamboulé par la forte présence policière à Marie Reine de la Paix.

Les officiers s’entraînent dans le cadre de la venue du pape. «Bann lapolis-la fer zot training dan bwa. Zot pa mové. Ena finn mem amenn linz, soulié ek donn mwa enn ti dipin dan gramatin. Mais c’est quand même impressionnant de les voir à l’oeuvre.»

Pour ce qui est de la maison, il a aménagé le toit d’une pièce pour ne pas être importuné par la pluie. Dans la chambre en question, il a fait installer son matelas. «Mem siklonn mo res la san problem.» Selon la quadragénaire, cette maison abritait auparavant les bureaux du département des bois et forêts. «Ti ena enn plak ki ti montré ti konstrir sa en 1800 parla. Monn inpé bliyé.» 

Et dans ce lieu rempli d’histoire, Jean Michel essaye de réécrire la sienne. Pourvu, dit-il, qu’on ne le chasse pas… 


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Lexpress

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