Drogue synthétique : déclin dans les chiffres pas sur le terrain

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Le Lions Club de Port-Louis a tenu une conférence sur la drogue jeudi. 

Les cas policiers de drogue de synthèse sont en déclin, selon le FSL, en raison du manque d’une certaine molécule. Les travailleurs sociaux trouvent que ces données ne se reflètent pas sur le terrain.

Le Forensic Science Laboratory (FSL) note une baisse de plus de 60 % du nombre de cas de drogue synthétique. Ce chiffre survient suite à l’analyse des échantillons de sang envoyés au FSL dans le cadre d’une autopsie, et lorsque les conducteurs sont arrêtés pour conduite sous l’influence de l’alcool ou de la drogue. Le manque accru de cannabinoïde synthétique (NdlR, molécule la plus populaire à Maurice, en ce qui concerne la drogue synthétique), serait la cause de cette baisse. Pourtant, le FSL n’a voulu communiquer aucun autre chiffre pour prouver ce qu’il avance. Cette analyse du FSL inquiète les travailleurs sociaux qui estiment que «la situation sur le terrain est tout autre».

Adeel Toofany, forensic scientist, intervenait lors d’une conférence sur la drogue synthétique jeudi, à l’initiative du Lions Club de Port-Louis. Communément appelé «la poudre», le cannabinoïde synthétique est la matière première pour préparer la drogue synthétique. «La poudre est fabriquée dans des labos en Chine, en Corée, en Inde et tout récemment en Europe. C’est faux de dire que des élèves mauriciens en fabriquent dans les labos du collège. Cette fabrication se fait dans des labos de haute technologie, ce que nos collèges n’ont pas», précise Adeel Toofany.

La fabrication de la drogue synthétique n’a pas décru malgré le manque de cannabinoïde. Sa fabrication a plutôt été modifiée. «La poudre est diluée, ce qui fait que sa concentration a diminué de 80 %. Le poids même des papiers aluminium a connu une baisse. En 2017, une dose de drogue synthétique pesait entre 0,3 et 0,5 gramme, alors que maintenant, c’est à 0,02 gramme. Certains vendent tout simplement des feuilles de cannabis dans du papier aluminium», a souligné Adeel Toofany.

Selon le forensic scientist, qui dit manque de poudre dit aussi utilisation d’autres produits tels que des médicaments et l’insecticide. «Les gens ne consomment pas de cannabinoïde synthétique maintenant. On voit, en vidéo, des personnes sous l’influence d’une substance quelconque. Laquelle ? On ne sait pas. Il faut emmener ces personnes à l’hôpital où on va prélever des échantillons à des fins d’analyse au FSL», déclare Adeel Toofany. Puis, dit-il, il y a aussi ceux qui retournent vers le cannabis lorsqu’ils se rendent compte que la drogue synthétique qu’ils consomment ne leur procure pas le même «nisa».

«Les consommateurs ont tendance à croire que le cannabinoïde synthétique et le cannabis sont les mêmes. Or, ce n’est pas vrai. Le cannabinoïde ne fait qu’imiter les effets du cannabis. C’est pour cela que les gens se tournent vers celui-ci lorsqu’ils n’obtiennent plus de satisfaction avec la drogue synthétique», explique Adeel Toofany. D’ajouter qu’autrefois, ceux qui fabriquaient de la drogue synthétique utilisaient de la poudre pour faire croire que c’est du cannabis de très bonne qualité. Et maintenant, on inverse

Dix nouveaux cas par jour 

Par contre, les travailleurs sociaux affirment que les données du FSL ne se reflètent pas sur le terrain. «Il se pourrait que la poudre pour la fabrication de la drogue synthétique ne soit pas disponible mais celle-ci se vend toujours. Et le composant de cette drogue synthétique reste inconnu. Il se pourrait qu’on mélange des tas de choses, ce qui est d’autant plus dangereux et inquiétant», affirme Danny Philippe, président du Collectif Urgence Toxida.

Son homologue à l’Association des travailleurs sociaux de Maurice, Ally Lazer, fait ressortir que plus de 50 % des toxicomanes consomment de la drogue synthétique. «Certains commencent directement avec ce type de drogue. Par jour, je reçois de dix à douze nouveaux cas», souligne-t-il.

Ally Lazer ajoute que récemment il a été au centre de désintoxication situé à l’hôpital de Montagne-Longue. «C’était rempli. J’ai eu l’occasion de par- ler à quelques parents. Ils m’ont dit qu’ils sortent du Sud. Le ministère de la Santé doit ouvrir plus de centres dans d’autres régions car la drogue synthétique fait des victimes à travers l’île», affirme Ally Lazer, également un des responsables du centre Dr Idrice Goomany, engagé dans la prévention et le traitement de l’alcoolisme et de la toxicomanie.

Pour sa part, Cadress Runghen, responsable de Lakaz A, estime que le FSL apporte de bonnes nouvelles au public. «Mais la situation sur le terrain est tout autre. Pis, il n’y a pas de traitement approprié. La prévention demeure un élément clé. Les parents ont du mal à aborder le sujet avec leurs enfants, mais il faut qu’ils s’y prennent dès que les gamins ont cinq ans», indique-t-il.

Selon nos informations, c’est suite au démantèlement d’un réseau d’importation de «la poudre», que celle-ci est devenue une denrée rare. «Un facilitateur avait été arrêté avec 2,5 kilos de poudre. Cuisiné, il avait allégué que le colis appartenait à Kusraj Lutchigadoo. Ce facilitateur travaillait pour une compagnie engagée dans la livraison de colis. Lorsque le colis arrivait à bord de l’avion, destiné à une adresse fictive, il était chargé de l’embarquer dans son van. Il savait où la livraison devait se faire», explique une source bien informée.

Ainsi, «depuis le démantèlement de ce réseau d’importation, la quantité de ‘poudre’ qui arrive sur le sol mauricien est quasi inexistante», dit-on. D’ailleurs, «aucune saisie de poudre n’a été faite lors de ces derniers douze mois». Sans compter que «des laboratoires clandestins, qui fabriquent de la poudre, ont aussi été pris dans les filets des autorités étrangères»


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Lexpress

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