Les souvenirs aigres-doux de l’apparatchik Hans Modrow

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HANS MODROW, BERLIN, GERMANY - 02.08.2019: Former left wing politician Hans Modrow, born January 27th 1928, is best known as the last communist premier of East Germany and the country’s de facto leader from 1989 to 1990. Convicted of electoral fraud by the Dresden Court in 1995. He is currently chairman of the Left Party or Die Linke, a democratic socialist political party. Photographed here in the offices of the Die Linke headquarters in central Berlin. Photo copyright © Derek Hudson / Getty Images

Derek Hudson pour “Le Monde”

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Publié aujourd’hui à 20h00

La rencontre aurait pu avoir lieu chez lui, dans son appartement de la Karl-Marx-Allee, cette avenue monumentale qui faisait la fierté de Berlin-Est à l’époque du rideau de fer. Mais à 91 ans, Hans Modrow dispose toujours d’un bureau au siège du parti de gauche Die Linke, dont il préside le « conseil des anciens ». Une petite pièce monacale où il vient encore deux fois par semaine, recevant ses visiteurs derrière une table en formica marron et face aux œuvres complètes de Marx et Engels en soixante volumes. Un décor qui vous transporte tout droit au temps de la République démocratique allemande (RDA), ce pays dont il fut le dernier premier ministre communiste, de novembre 1989 à mars 1990.

Avant notre rendez-vous, une question nous avait taraudés : à 91 ans, le vieil homme garde-t-il un souvenir précis des événements, ou le grand âge a-t-il fait son effet ? Il nous a vite rassurés. La voix est fatiguée, mais la mémoire intacte. Jamais il n’hésite sur une date, jamais ne cherche un nom, jamais ne se trompe de jour quand il s’agit de situer tel événement un lundi, un mercredi ou un vendredi. On lui fait la remarque. C’est notre surprise qui l’étonne. « Comment voulez-vous oublier de tels moments ? », réplique-t-il, presque offusqué. Troublante hypermnésie : plusieurs fois, pendant cette conversation, nous aurons le sentiment que Hans Modrow revit l’été 1989 plus qu’il ne se le remémore. Comme si tout était encore à vif. Comme si le temps n’avait pas digéré les choses. Comme si, trente ans plus tard, lui-même demeurait convaincu que l’Histoire aurait pu s’écrire autrement.

Pour lui, l’été 1989 débute dans la plus parfaite normalité. Agé de 61 ans, il vit alors à Dresde, où il dirige depuis 1973 la fédération du Parti socialiste unifié (SED), le parti au pouvoir depuis la fondation de la RDA, en 1949. Une responsabilité importante, Dresde étant, avec ses 520 000 habitants, la troisième ville la plus peuplée du pays après Berlin-Est et Leipzig. Mais ce poste, loin de la capitale et à l’écart du gouvernement, ne fait pas encore de lui une personnalité de tout premier plan, comme ce sera le cas quelques semaines plus tard. Une situation qui lui permet, contrairement à d’autres, plus exposés, d’envisager de paisibles vacances.

De « belles vacances »

Les vacances, justement. Pendant des années, Hans Modrow et son épouse Annemarie les ont passées au bord de la Baltique, sur la petite île d’Usedom, à quelques kilomètres de Jasenitz, ce bourg de Poméranie où il est né en 1928, tout près de la frontière polonaise. Quatre semaines au grand air dans un « ZK-Heim », comme on appelait alors ces hôtels réservés aux seuls membres du comité central du SED. Celui où se rendaient les Modrow portait le nom de Soja Kosmodemjanskaja, héroïne de la résistance soviétique pendue par les nazis en 1941. Racheté par un promoteur après la réunification allemande, au début des années 1990, c’est aujourd’hui un hôtel de luxe.

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