L’assassinat de Pasolini, un crime lié à la fin tragique d’Enrico Mattei ?

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Publié aujourd’hui à 18h00

Un visage émacié s’affiche sur l’écran ; Walter Siti croit reconnaître l’écrivain et cinéaste Pier Paolo Pasolini. L’étudiant italien, qui lui a consacré une thèse, est venu se détendre dans un sauna parisien, prisé des homosexuels. Les vapeurs du bain embuent le téléviseur. Il se frotte les yeux : oui, ce 2 novembre 1975, les infos parlent bien de Pasolini, tué au petit matin près de Rome. « Comme tout le monde, j’ai cru qu’il s’agissait du résultat de ses vagabondages sexuels », se souvient Siti.

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Dans l’Italie encore très catholique des années 1970, ça ne fait guère de doute : le réalisateur, assassiné le Jour des morts, a payé pour ses péchés. Très rapidement, un prostitué de 17 ans, Giuseppe Pelosi, alias « Pino la grenouille », confesse le crime. Une prestation sexuelle qui aurait mal tourné, d’après lui. Très mal : c’est tout juste si l’on parvient à identifier le cadavre, broyé par des pneus de voiture. Le procès est expéditif, la sentence maximale pour un mineur : neuf ans et sept mois de prison.

Avec le temps, la thèse d’un crime politique finira, malgré tout, par s’affermir

« Je suis un affreux matou qui mourra écrasé par une nuit noire dans une ruelle obscure », prophétisait celui dont le corps sera retrouvé à l’aube, sur un terrain boueux d’Ostie, à 30 kilomètres de la capitale. Cette funeste prédiction, Pasolini l’avait réservée à l’une de ses plus virulentes adversaires, la journaliste Oriana Fallaci. Maintenant qu’il est mort, celle-ci ne croit guère à la piste Pelosi. Pour elle, de bien plus féroces créatures grenouillent derrière le batracien. Quelques jours après le meurtre, elle publie un scoop dans L’Europeo : Pino disposait de plusieurs complices, témoigne un anonyme. Loin d’écouter la reporter, on la condamne à quatre mois avec sursis pour refus de livrer ses sources.

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Avec le temps, la thèse d’un crime politique finira, malgré tout, par s’affermir. En 2005, Pelosi se rétracte, dans une interview à la RAI. « On l’a exécuté. Ils étaient cinq. Ils lui criaient : “Sale pédé, sale communiste” et ils le tabassaient dur. Moi, ils m’avaient immobilisé. Je ne l’ai même pas touché. J’ai même essayé de le défendre… », jure-t-il, assurant ne pas avoir parlé plus tôt par peur de représailles. Las : jusqu’à sa mort, en 2017, « Pino la grenouille » pataugera d’une version à l’autre. « C’était un homme fragile, il a joué un rôle d’appât, promettant à Pasolini de lui rendre des bobines qu’on lui avait dérobées : le coupable idéal, en somme », tranche Walter Siti. Depuis l’assassinat, l’ex-thésard est devenu l’un des principaux spécialistes de Pasolini, dont il a dirigé l’édition des œuvres complètes. Il a gagné un peu d’embonpoint. Et beaucoup d’aplomb : « Désormais, j’en suis certain, affirme-t-il. La mort de Pasolini est liée à celle d’Enrico Mattei. »

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